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»rable à examiner les battemens, & à » démêler les différences, quelques » imperceptibles qu'elles foient, « Je ne fçai fi les maris jaloux s'accommoderoient en ce païs-ci de cette maniere de tâter le pouls. Après cet examen accompagné de la plus grande attention, ils découvrent la fource du mal de forte que fans interroger le malade, ils lui difent en quelle partie du corps il fent de la douleur, ou à la tête, ou à l'eftomac, &c. Ils lui annoncent ce qui doit lui arriver dans le cours de la maladie. Les Miffionnaires les plus éclairés conviennent que les Médecins de la Chine ont, par rapport au pouls, des lumieres extraordinaires & furprenantes. Mais quelque idée avantageufe qu'ils en ayent conçue, pour moi je foutiens, que quoique le pouls foit capable de fournir plufieurs indications importantes, il eft cependant impoffible de tirer des divers battemens de l'artere les conclufions étonnantes qu'on prétend que les Médecins Chinois en tirent; qu'ainfi leur prétenduë habileté en ce genre eft imaginaire; c'eft porter trop loin la délicateffe du tact, & j'aimerois autant ajoûter foi à ce qu'on rapporte d'un aveugle né, qui au tou

cher diftinguoit toutes les couleurs avec leurs nuances; l'un eft auffi fabuleux que l'autre.

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Ils font auffi, dit-on, très-verfés dans la connoiffance des Simples, & & dans la Pharmaceutique. Pour faire mieux fentir leur prétendue capacité, foit à l'égard des battemens de l'artere, foit à l'égard de la compofition des remedes, on a inferé dans ce volume 1o. un Traité fur le Pouls par un ancien Auteur Chinois; 2°. un extrait de l'Herbier Chinois, 3°. un Recueil de diverfes recettes, que les Médecins employent pour les différentes maladies. Ces Piéces font très - curieuses, fur-tout la premiere leur Herbier contient plufieurs Simples qui nous font inconnus. On ne peut nier après tout que les Médecins de la Chine, bien que mauvais Phyficiens, ne foient fort habiles dans l'art de guérir, parce qu'ils ont une grande connoiffance de la Pharmacie. & que l'expérience fait tout leur fçavoir.Cette Médecine toute expérimentale ne vaut-elle pas mieux que la Médecine idéale & fublime de certains Docteurs d'Europe?

Le P. du Halde a inferé encore dans ce volume l'extrait d'un Ouvrage.

moderne traduit par le Pere d'Entrecolles. Cet Ouvrage n'eft pas favorable aux Médecins Chinois L'Auteur de cet Ecrit préfere à tous les fecours de la Médecine, qu'il méprife beaucoup, un Régime prudent & conftant, & il prétend que chacun doit être fon Médecin à foi-même. Rien n'eft plus judicieux. Ce qu'il y a de remarquable, eft que l'Auteur Chinois faic entrer dans fon Régime la pratique dela vertu, & le témoignage de la bonne confcience, fource de la tranquillité d'efprit, de la joye du cœur, & par conféquent de la fanté du corps. C'eft un Traité tout à la fois de Morale & de Médecine.

Quoique le Livre du P. du Halde contienne un grand nombre de détails curieux & intereffans, on peut dire néanmoins que fur plufieurs points la curiofité n'eft pas pleinement fatisfaite. Mais eft-il poffible à un Hiftorien de tout dire & de prévenir toutes les questions? Pour réfoudre fes doutes, on peut confulter ceux qui ont été long-tems à la Chine, & c'est ce que j'ai fait fur plufieurs articles J'ai appris, par exemple, que la coutume qui permet aux Parens d'ôter la vie à leurs enfans, lorsqu'ils en font furchargés, ne regarde que les filles, & non les enfans mâles, & qu'on fait ordinairement de grandes recherches, lorfque l'on trouve un garçon jetté dans la Riviere. Pour les filles, on s'en met peu en peine, & l'on ne fait aucune recherche. Cela eft-il raisonnable?

Il paroît un Ecrit nouveau d'une grande beauté, intitulé: Mémoire où l'on examine en quoi peut confifter la prééminence de la Médecine fur la Chirurgie, in-4°.

Je fuis, &c.
Le 17 Novembre 1736..

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OBSERVATIONS

SUR

LES ECRITS MODERNES.

LETTRE XCII.

fendi.

N ne peut affez louer, Mon- Vie de Gaffieur, l'Ecrivain laborieux qu vient de publier la Vie du célébre Gaffendi,* Ouvrage digne d'être lû & eltimé de toutes les perfonnes qui s'intereflent à la mémoire des grands hommes. Je crois qu'on ne refusera pas ce titre à l'illuftre Gaffendi, foit qu'on confidere la grandeur de fon génie, foit qu'on ait égard à la nobleffe de fes fentimens, & aux excellentes qualités de fon cœur. Le P. B.... Prêtre de l'Oratoire. Auteur de la Vie de ce célebre Philofophe, a recueilli avec foin une infinité de faits curieux, qu'il

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a tirés de fes Ouvrages même, de di verfes Piéces imprimées, & de quelques Manufcrits. Ces différentes fources font indiquées dans la Préface. L'Auteur expofe dans fon Ouvrage les divers évenemens de la vie de ce grand Philofophe, fes voyages, fes difputes littéraires. On y trouve l'hiftoire de fes Ecrits, un détail de fes Obfervations Anatomiques & Aftronomiques on y voit fes liaifons particulieres avec les perfonnes les plus illuftres. Il n'y cut peut-être jamais de Philofophe plus modefte, plus doux & plus poli.

A l'exemple de Plutarque, l'Auteur a rapporté les actions particulieres & domestiques de fon Heros, & rien n'a échapé à fes recherches. Il y a mêlé de tems en tems des Episodes, qui n'étant point étrangers, font un effet agréable, & contribuent à délaffer le Lecteur, que de fçavantes difcuffions auroient pu fatiguer. Gaffendi, Aftronome, Orateur, & Poëte prefque dès fon enfance, marche à grands pas dans les Sciences les plus fublimes; il détrône Ariftote, il fait des découvertes dans le Ciel; il devient Théologien ; il fçait les Langues fçavantes; il dé voile les myfteres de l'ancienne Philo

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