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Il n'y a aucun de ces Textes effentiels qui ne s'y trouve ; & fi on en a retrańché ou changé quelques-uns, ce font les moins confidérables, qui ont été pareillement retranchés dans plufieurs autres nouveaux Breviaires parce qu'ils ne paroiffoient pas convenir au Rit. Quoi de plus fort que le paffage de S. Paul dans la 1. Ep. à Timothée, qui porte, que Dieu veut que tous les hommes foient fauvés, & parviennent à la connoiffance de la vérité? S. Pierre dit, Ep. 2. c. 3. que Dieu ufe de patience, ne vou lant pas qu'aucun périffe, mais que tous reviennent à lui par la pénitence. Or ces deux Textes font employés dans le nouveau Breviaire, & le fecond qui eft encore plus expreffif que le premier fe récité dans un Répons depuis le Mercredi des Cendres jufqu'au Dimanche de la Paffion, au moins deux fois chaque femaine. La même vérité est répétée cent fois, & en cent façons differentes dans le nouveau Breviaire: ce que l'Auteur de la Lettre fait voir dans un détail raifonné, qui feroit ici fuperflu, & qui confifte dans une expofition fidéle des Textes de l'Ecriture & des Peres, multipliés dans le nouveau Breviaire, expliqués même relativement au dogme dont il s'agit.

>> Ces textes, tant de l'Ecriture que » des Peres, dit l'Auteur de la Lettre, » ne contiennent-ils pas généralement

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tout ce qu'il faut croire, felon la Foi » Catholique, de la volonté de Dieu, qui embraffe le falut de tous les hom>> mes & des fecours qui en font la » fuite >> pour tous & chacun d'eux, » quelqu'état qu'ils fe trouvent, « Cependant la Foi Catholique nous ordonne feulement de croire que J. C. eft mort pour quelqu'un des Réprouvés : & la même Foi Catholique ne nous oblige pas de croire que tous les hommes ayent des fecours, en quelqu'état qu'ils fe trouvent, par exemple, dans l'état d'endurciffement.

C'est donc fans aucune raifon que les auteurs du Breviaire ont été accufés, de borner, avec les Lutheriens & les Calviniftes, la Rédemption du Sauveur & le prix du Sang d'un Dieu aux feuls Prédeftinės. Vainement on a cenfuré cette Strophe d'une Hymne nouvelle pour la Fête de la Chaire de S. Pierre.

Tu nullius opis fcilicet indigus,
Unus, cuncta potens vis fimul & facis.
Uti debilibus te juvat : infimis

Gaudes ardua vincere.

Le Poëte dit que Dieu, qui peut tout

fait tout ce qu'il veut, fans avoir befoin d'aucun fecours, & qu'il furmonte les plus grands obftacles par les inftrumens les plus foibles. Mais eft-ce une erreur de dire que Dieu fe fuffit à luimême, & qu'il eft feul tout-puiffant pour faire tout ce qu'il veut ? » On la >> trouvera cette même erreur dans "tous les traités de Théologie, où il » eft d'usage de mettre en conclufion générale, que Dieu n'agit que par» fa volonté, & que fon action n'eft " autre que fa volonté même. Ici en parlant de ceux qui comme les Apô» tres, deviennent, fous la main de » Dieu qui les choifit, les inftrumens » de fes plus grands deffeins, on dit à » la vérité qu'il les éleve au-deffus de leur force naturelle, par fa volonté >> toute puiffante, & qu'ils triomphent » de toutes les difficultés, par la force » fouveraine de celui qui les met en » œuvre. On fait comprendre, fi l'on » veut, qu'ils en fuivent toute l'im

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preffion, & qu'ils n'y refiftent pas : » mais on ne dit point qu'ils n'y puif» fent réfifter, & encore moins, qu'il n'y a point en Dieu une autre ma» niere de vouloir & d'operer, une au» tre volonté réelle à laquelle on refifte » effectivement. «

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On a fait encore très-ridiculement un crime aux Auteurs du nouveau Breviaire, d'y avoir inféré une Hymne de Santeuil, où eft cette belle Strophe:

Infcripta faxo Lex vetus
Pracepta, non vires dabat.
Infcripta cordi Lex nova
Quidquid jubet dat exequi.

Ces paroles, dit l'Accufateur, renferment la base des erreurs nouvelles condamnées par l'Eglife. Il faut donc accufer auffi tous les Prélats qui ont inferé cette Hymne dans les nouveaux Breviaires à l'ufage de leurs Diocèfes: Tels que les Breviaires d'Orleans 1693, de Sens 1700, de Lifieux 1704, de Narbonne 1709, de Meaux 1713, d'Angers vers le même tems, de Troyes 1719, de Sens & d'Auxerre 1726, (Le Diurnal de Sens vient d'être imprimé à Paris par les ordres de M. Lan guet Archevêque de Sens, fans aucune réforme dans cette Hymne.) de Roüen 1728, de Nevers 1729, de Clermont 1731, & d'Orleans de la même année; fans parler de celui de Cluny 1685. Ces Prelats, dit l'Au

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teur, ont entendu le vrai fens de cet"te Strophe. L'accufateur, foit par "ignorance, foit par malice, n'a pas

»fçu, ou n'a pas voulu l'entendre.... » Qu'il fe donne la peine de la relire » avec attention; il trouvera que le » fens littéral dit fimplement, que la » Loi ancienne, qui étoit écrite fur la » pierre, ne donnoit pas par elle-même » les forces d'accomplir ce qu'elle com» mandoit, & non point que dans l'an»cienne Loi il n'y eut point de forces

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ni de fecours.....S. Paul dans fon » Epître aux Galates, nie que la Loi » fût juftifiante, & qu'elle pût donner » la vie par elle-même; & c'eft cette » vérité que l'Auteur de l'Hymne a »voulu exprimer, « Au refte on trouve dans le nouveau Breviaire plufieurs endroits qui prouvent affez que fes Auteurs font perfuadés que dans l'ancien ne Loi Dieu ne manquoit pas aux hommes, & qu'il leur donnoit les fecours néceffaires pour leur falut.

Mais ces paroles, Infcripta cordi Lex nova quidquid jubet dat exequi, fignifient, felon l'Accufateur, que dans la Loi nouvelle on ne peut réfilter à la grace, & que tout fidéle, par cette Loi écrite dans fon cœur, accomplit néceffairement & généralement tout ce qu'elle commande. L'Auteur répond, que le fens de ces deux vers, eft que la Loi nouvelle, qui eft gravée, non fur la

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