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Agathocle va en Afrique pour faire ne diverfion.

Pyrrhus, Roi Epire, prend le

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Agathocle, Chef des Syracusains, paffe en Afrique avec une partie des forces de la République, attaque les Carthaginois pour faire diverfion, & met Carthage à deux doigts de fa perte ; mais il ne peut réuffir; il eft obligé de repaffer à Syracufe, & laisse en Afrique quelques Troupes, fous les ordres d'Archagathe fon fils; les mauvaises nouvelles qu'il reçut, l'obligèrent à y retourner; prefque toutes les Places s'étoient rendues à l'ennemi; ce qui lui reftoit de Troupes, n'étoit pas en état de réfifter. Il ne pouvoit les tranfporter en Sicile, faute de Vaiffeaux. Dans cette extrémité, il ne fongea qu'à fauver fa vie. Lâche déferteur de son Armée, & traitre à fes enfans, qu'il abandonnoit, il fe déroba par la fuite aux maux qui le menaçoient; & arriva, avec un petit nombre de Perfonnes à Syracufe. Ses Soldats fe voyant trahis, égorgèrent fes enfans, & fe rendirent à l'Ennemi. Lui-même fit bientôt une fin miférable, & termina par une mort cruelle une vie remplie de crimes.

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Pyrrhus, Roi d'Epire, prit les intérêts de Syraparti de Syracufe. cufe, à caufe de fon mariage avec Lanaffa, fille d'Agathocle. I paffa le Détroit, & entra en Sicile à la tête de fon Armée. Ses conquêtes y furent très-rapides, & il prit prefque toutes les Places des Carthaginois. Il ne leur reftoit que Lilibée; mais, ayant été obligé de retourner en Italie, les Carthaginois repri rent toutes leurs Villes.

Il eft à obferver qu'ils rendoient leurs Généraux refponfables de l'événement de la Guerre, & les puniffoient souvent des malheurs qu'ils n'avoient pu éviter,

Gifcon, fils d'Amilcar, fut puni de l'infortune de fon père, & envoyé en exil.

Les Carthaginois furent long-temps en guerre avec ceux de Syracufe; ils eurent tantôt le deffus, & tantôt le dessous. Enfin ils finirent par être obligés de demander la paix, qu'on leur accorda à des conditions défavantageufes pour eux.

3738.

Rome, 488.

Jéfus-Chrift, 266.
Première Guerre

Punique.

LES ES CARTHAGINOIS eurent trois guerres à foute- L'an du Monde, nir contre les Romains. Elles font connues fous le nom Carthage, 623. de première, deuxième & troifiéme Guerre Punique. La véritable cause de la première, fut la jaloufie des Romains qui, craignant que les Carthaginois ne devinffent trop puiffants, ne voulurent pas les avoir fi près d'eux, & réfolurent de leur enlever la Sicile. Cette première guerre dura vingt-quatre ans. Les hoftilités commencèrent par le fiége de Meffine, qu'ils prirent; enfuite, ils s'emparèrent d'Agrigente, dont les Carthaginois avoient fait leur place-d'armes.

Quelqu'avantageufes que fuffent ces conquêtes, ils fentoient bien que, tant que les Carthaginois feroient maîtres de la mer, les Villes maritimes fe déclareroient toujours pour eux, & qu'ils ne pourroient jamais les en chaffer. En conféquence, ils forment le projet hardi de fe faire une Marine, & de bâtir une Flotte. Une Galère à cinq rangs de rames, qui étoit venue échouer fur leurs côtes l'année précédente, leur fert de modéle. Ils en conftruisent cent-vingt, pendant que dans des Atteliers immenfes, ils exerçoient leuis. Matelots aux manoeuvres. Cette flotte nouvelle char

gée de nouveaux Matelots, plus lourde & moins bonne maneuvrière que celle des Carthaginois, a l'audace d'aller la chercher, & de l'attaquer près des côtes de Mile, fous la conduite du Conful Duilius. La rufe & le courage fuppléent l'expérience. Par le moyen de crampons de fer, nommés Corbeaux, ils accrochent les Vaiffeaux ennemis. Les deux ponts leur deviennent un champ de bataille, & alors la discipline, & la valeur Romaine ont leur avantage accoutumé. Les Carthaginois perdent quelques Vaiffeaux.

Les Romains forment un projet encore plus hardi. Ils entreprennent de faire la guerre même en Afrique. Cent-quarante-mille hommes, portés fur troiscents-trente Vaiffaux, & commandés par Regulus, s'avancent vers cette partie du Monde. Les Carthaginois fous les ordres de Hannon & d'Amilcar, vont à leur rencontre, & font encore défaits. Le fruit de cette victoire est, comme les Romains l'avoient prévu, de faire route en Afrique ; & ils y abordent heureusement, s'emparent de Cilipéa, qui avoit un bon port, mettent à contribution le Pays, & prennent prefque toutes les Places Carthaginoifes, remportent fur eux une grande victoire, & s'approchent des portes de Carthage. Cette République étoit à deux doigts de sa perte. Xantippe, Lacédémonien, & élevé dans l'excellente difcipline de Sparte, leur inspire de la confiance, reléve leur courage, exerce leurs Troupes à fa manière ; &, à leur tête, remporte fur Regulus une

victoire complette. Prefque toute l'Armée Romaine fut détruite, & Regulus, fait prifonnier, fut traité à Carthage avec la dernière barbarie. Enfin, connoiffant le crédit que ce grand Homme avoit dans le Sénat Romain, ils l'envoyent à Rome pour propofer la Paix, exigent fa parole qu'il reviendra chez eux s'il ne réuffit pas, & lui font prévoir le fort qui l'y attend. Regulus accepte l'Ambassade; &, au lieu d'engager fes Concitoyens à la Paix, il repréfente que Carthage. touche à sa ruine, & que ce feroit s'arracher la victoire que de faire la paix. Son confeil eft fuivi, la guerre eft résolue. Fidéle à sa parole, il revient à Carthage, avec la certitude d'une mort cruelle, que fes Ennemis n'eurent pas honte de lui faire fubir, avec toute la barbarie poffible.

Les malheurs des Romains en Afrique n'ébranlè- Siége de Lilibée. rent pas leur courage. Ils lévent des Troupes, conftruifent une nouvelle Flotte, & viennent en Sicile attaquer Lilibée, Ville très-forte, défendue par une Garnison confidérable, & bien munie de vivres. Ce fiége dura quatre à cinq ans. Les armes des Romains furent alternativement heureuses & malheureufes; mais le courage & l'efprit patriotique réparoient toujours chez eux les calamités. Enfin les forces des Carthaginois ayant été épuifées dans un grand combat naval, où fous la conduite d'Hannon, ils furent défaits près d'Egufe, & Lilibée ne pouvant plus fe défendre long-temps, ils demandèrent la Paix, qu'on leur acconda à des conditions affez onéreufes, dont une des principales étoit qu'ils fortiroient de la Sicile.

On admire la fimplicité du Traité que le Conful fit
avec eux. « Il
Il y aura fi le Peuple Romain l'ap-

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prouve, amitié entre Rome & Carthage, aux » conditions qui fuivent. Les Carthaginois forti»ront de toute la Sicile. Ils ne feront pas la Guerre » à Hiéron, & ne porteront pas les armes contre les Syracufains ni contre leurs Alliés. Ils rendront aux » Romains fans rançon tous leurs Prifonniers, & paye»ront dans l'espace de vingt ans 2,200 talents Euboï» ques d'argent ».

Ainfi finit une des plus longues Guerres qu'on ait jamais vues. Elle avoit duré vingt-quatre ans. L'ardeur, la fermeté, le courage y furent égaux de part & d'autre. Les Carthaginois plus fçavants dans la Marine, plus habiles à conftruire leurs Vaiffaux, plus adroits à maneuvrer & à former leurs Matelots, plus riches, par conséquent, plus en état de réparer leurs pertes, furent vaincus par les Romains, qui n'avoient aucun de ces avantages. Mais le courage, le zéle pour le bien public, l'amour de la Patrie, une noble émulation de la gloire leur tenoient lieu de tout ce qui leur manquoit d'ailleurs.

Les Carthaginois pleuroient encore les pertes qu'ils avoient faites dans cette Guerre Punique, lorfqu'ils en eurent une autre à foutenir beaucoup plus cruelle, qui fe fit dans l'intérieur même de l'Etat, & qui fut accompagnée d'une barbarie fans exemple. Elle s'appelGuerte de Lybie. le la Guerre de Lybie ou d'Afrique. Elle fut causée par la révolte des Troupes mercénaires, qu'ils avoient employées contre les Romains, & à qui, par im

puiffance

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