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Egyptiens.

LES EGYPTIENS fe prétendent de toute anti-Origine des quité; ils croient avoir été gouvernés dabord des par Dieux; Saturne, Jupiter, Apollon, &c.; & tous ces Dieux de la Fable étoient des Divinités Egyptiennes qui régnèrent fur eux dix-huit cents ans. Horus, fils d'Ifis, fut le dernier de cette race illuftre & fabuleufe. Des Rois fuccédèrent à ces Dieux, & commencèrent à regner (à ce que difent leurs Prêtres) 1500 ans avant la cent quatre-vingtiéme Olympiade, c'eft-à-dire, environ l'an du monde 2448. L'opinion la plus probable eft que cette Monarchie, poffedée aujourd'hui par les Turcs, fut fondée par Ménès, fils de Cham, environ l'an du monde 1816.

Ce Peuple étoit guerrier & fage, & s'eft diftingué parmi les autres Nations, par les découvertes & les arts auxquels il a donné naiffance. Les Egyptiens furent les premiers Aftronômes, les premiers Navigateurs & les premiers Médecins ; leurs mœurs étoient douces, & leurs loix dictées par la fageffe & la raifon.

De tous les Peuples du monde, c'eft celui chez lequel on trouve des traces de guerre les plus anciennes; Ofiris, un de leurs Rois, affembla vers l'an du monde 2350, une armée pour parcourir toute la terre; & laiffa à Ifis, qu'il avoit établi Régent du Royaume pendant fon abfence, Hermés pour Miniftre, & Hercule, homme d'une valeur & d'une force prodigieufe, pour général de fes troupes.

Génie militaire des Egyptiens.

Levée des troupes.

Education du Soldat.

On voyoit à Nife, ville d'Arabie, du temps de Diodore de Sicile, l'an du monde 3948 une grande colonne confacrée à Osiris, sur laquelle étoit cette Inscription:

Je fuis le Roi Ofiris,
qui fuivi d'une armée
nombreuse, ai parcouru
la terre entière, depuis
les fables inhabités de
l'Inde, jufqu'au rivage
de l'Océan.

L'Art Militaire étoit en grand honneur en Egypte. Après les familles facerdotales, on eftimoit les plus illuftres celles qui étoient destinées aux armes ; on ne se contentoit pas de les honorer; on les recompenfoit libéralement.

La profeffion des armes paffoit de père en fils. On attachoit une note d'infamie à ceux qui prenoient la fuite dans un combat, ou qui faifoient paroître de la lâcheté ; parce qu'on aimoit mieux les retenir par un motif d'honneur, que par la crainte des châtimens.

M. Rollin affure que les Rois d'Egypte entretenoient toujours des troupes réglées, &, comme l'état de Soldat étoit fort honoré, on n'étoit jamais embaraffé pour la levée.

On regardoit comme une chofe effentielle, d'entretenir les troupes dans un exercice pénible & continuel; on les préparoit de loin aux fatigues de la guerre par une éducation mâle & robufte; il y a un

art de former les corps comme les efprits; cet art fi néceffaire dans les armes, & fi aifé à acquérir, étoit parfaitement connu des Anciens, & l'Égypte l'avoit trouvé. La course à pied, à cheval, en chariots, s'y faisoit avec une adresse admirable ; il n'y avoit pas de meilleurs hommes de cheval que les Egyptiens.

3000.

Un Roi d'Egypte, père de Sésoftris, conçut L'an du monde à la naissance de fon fils un projet digne d'un grand Roi. Il fe fit amener tous les enfans d'Egypte, nés le même jour que lui; raffemblant en même temps des nourices, & nommant même des Gouverneurs, il régla pour tous une éducation commune ; il fe perfuadoit que des enfans qui auroient vecu familièrement avec fon fils, dès l'âge le plus tendre, lui seroient plus attachés dans la fuite de fa vie, & le ferviroient mieux dans les combats; il n'épargna rien pour cette éducation, fit paffer ces enfans par toutes fortes d'exercices & de travaux ; on ne leur donnoit point à manger qu'ils n'eussent couru 180 ftades; Diodore de Sicile. ce fut par ces épreuves qu'ils devinrent tous des Soldats invincibles, & par la force du corps & par la grandeur de l'âme ; &, avec ces Soldats, il triompha de l'Arabie & de la Lybie.

Tous les revenus de l'Egypte étoient divisés en trois parts ; l'une étoit pour les Prêtres, l'autre appartenoit au Roi, & la troifiéme au Militaire, & à tous ceux qui étoient fujets aux convocations en temps de guerre; afin qu'étant liés à la Patrie par leur propre bien, ils s'expofaflent plus volontiers aux périls & aux travaux attachés à leur profeffion; en effet il ne paroît

Paye du Soldat

Egyptien.

3028.

pas de la prudence de confier la garde & la fûreté d'un pays, à des gens qui n'ont aucun intérêt personnel à le défendre.

Séfoftris diftribua à tous les Soldats qu'il emmena avec lui hors de l'Egypte, beaucoup de terres dans un fol très fertile, afin que, laiffant à leur famille un bien fuffifant, ils fe difpofaffent à partir avec plus de courage & de liberté d'efprit; il fe rendit maître par leur moyen de toutes les Îles de la mer rouge jufqu'aux Indes; fubjugua toute l'Asie, pénétra beaucoup plus loin que ne fit jamais Alexandre; puisqu'il passa le Gange, & traversant toutes les Indes, il parvint jufqu'à l'Océan_oriental; d'où revenant par le Nord, il conquit la Scythie entière, jufqu'au fleuve Tanaïs, paffa en Europe, foumit toute la Thrace, où après avoir pensé perdre fon armée faute de vivres, & par de longues marches, il mit fin à ses exploits, & revint en Egypte au bout de neuf ans, avec une reputation supérieure à celle des autres Rois fes prédéceffeurs.

Séfoftris ayant licencié fes troupes, affura à tous fes Soldats la jouiffance des biens qu'ils avoient acquis par tant de travaux. Ce Prince faifoit honneur & bonne réception aux Rois qu'il avoit vaincus, & qu'il obligeoit de lui apporter des préfents tous les ans ; mais lorsqu'il alloit au Temple, ou qu'il faisoit dans la Ville quelque entrée où il devoit paroître avec la pompe royale, il faifoit dételler les quatre chevaux de son char, & y faisoit atteller à leur place ces malheureux Princes; ce trait de hauteur & de barbarie, ne peut même s'excufer par l'usage de ces temps téné

breux, & fans cela, la réputation de Sésoftris eût été intacte; il mourut avec la renommée d'un grand Conquérant, & emporta les regrets de fes Peuples; fa mémoire fut long temps en vénération dans l'Egypte; &, quelques fiécles après, Darius, père de Xerxès, ayant conquis ce Royaume, & voulant faire ériger fa ftatue au-deffus de celle de ce Conquérant, Grand-Prêtre lui représenta qu'il n'avoit pas encore furpaffé les actions de Séfoftris; Darius ne fut pas choqué de la fermeté du Grand-Prêtre, & répondit qu'il s'efforceroit d'atteindre au dégré de gloire de ce Héros.

Six arpens de terre diftribués à

Les Soldats avoient douze arures exemptes de tout tribut; l'arure étoit une portion de terre qui chaque Soldat, répondoit à peu près à la moitié d'un de nos arpens. Outre ce privilége, on fournissoit à chacun d'eux par jour, cinq livres de pain, deux livres de viande, & une pinte de vin; c'étoit de quoi nourrir une partie de leur famille.

Mariage des Soldats permis

Les Egyptiens facilitoient le mariage à leurs Soldats; afin que, l'état Militaire fe perpétuant de race méme autorifé. en race, ainsi que le courage, on n'eût jamais besoin de troupes étrangères.

Troupes étrangéres foudoyées

On voit cependant un exemple contraire à cette maxime, dans la perfonne de Spafméticus, un des par les Egyptiens. douze Gouverneurs qui s'étoient partagé l'Egypte ; ce Prince ayant été attaqué par les autres; fit lever à prix d'argent des Soldats dans la Carie, dans l'Ionie ; & défit en bataille rangée ses ennemis confédérés ; L'an du monde outre la folde dont il étoit convenu avec ces troupes

3334.

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