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La droite regar

d'honneur.

étrangères ; il leur fit encore de grands présents, & leur diftribua des terres. Comme il étoit parvenu à la Couronne par le moyen de ces Milices foudoyées; il avoit une confiance particulière en elles. Il remplit son armée d'étrangers dans les guerres qu'il eut depuis à foutenir, & affecta de les diftinguer; car toutes les fois qu'il s'agiffoit de fe mettre en bataille, il leur donnoit toujours la droite; laissant à fa gauche les troupes d'Egypte ; celles-ci piquées de cette préférence défertèrent au nombre de deux cents mille. Le Roi courut après elles, employa promesses, représentations, réparations, pour les engager à revenir; les conjurant de ne pas abandonner leurs femmes, patrie, leurs enfants; tous ces Soldats auffi-tôt frappant de leurs javelots fur leurs boucliers; les frottant les uns contre les autres, & découvrant tous à la fois, ce que la pudeur ne permet pas de nommer, répondirent avec de grands cris, que tant qu'ils auroient ces armes, & ces dons précieux de la nature, ils ne manqueroient nulle part de patrie, & encore moins de femmes & d'enfants.

leur

On voit par-là, que la droite a toujours été regardée comune place dée chez tous les peuples, mais fur-tout chez les Egyptiens, comme la place d'honneur dans l'ordre de bataille.

Armes des Egyptiens.

Leur ordre de bataille

Il paroît auffi que les armes défenfives des Egyptiens

étoient le cafque, la cuiraffe & le bouclier; & les offenfives, la pique & le javelot.

L'Odonnance de tous les Peuples Afiatiques étoit, la phalange, c'est-à-dire, un ordre profond & très-ferré.

Les

Les Egyptiens avoient auffi adopté cette methode.
A la bataille de Thimbrée, gagnée par
le grand
Cyrus contre Créfus & fes Alliés, ils étoient
formés en plufieurs bataillons quarrés, de dix mille
hommes chacun.

Ils combattoient autrefois fans ordre, & étoient souvent défaits par leurs ennemis. Ils prirent enfin le parti d'introduire parmi eux la discipline nécessaire dans les armées. Ils fe donnèrent même des étendarts, pour fervir de guide à leurs troupes, dans la mêlée; les Chefs les portoient au bout de leurs piques, & chacun reconnoiffoit à quel corps ou à quelle compagnie il appartenoit ; ces étendarts étoient la repréfentation de plufieurs animaux.

Les Egyptiens avoient quelques connoissances de fortifications de campagne; elles consistoient en un large foffé, la terre qu'on en avoit tirée formoit un parapet. Séfoftris, pour mettre le pays à l'abri des incurfions des Syriens & des Arabes, fortifia ainsi tout le côté oriental de l'Egypte, depuis Pélure jufqu'à Héliopolis, c'est-à-dire, plus de 17 lieues.

Mais un trait de leur hiftoire, me les fait juger très-ignorants dans l'art de prendre les places; & on ne peut comprendre comment Spamétique resta vingt-neuf ans devant Azot, petite bourgade de la Palestine.

Etendarts.

tienne.

Du refte les Egyptiens étoient verfés dans l'art Cavaleric Egypdu cheval; ils s'élançoient deffus fans étriers, s'y tenoient souvent fans' felle, & la plûpart les conduifoient fans mord ni bride; il y a apparence qu'ils

D

Force de leurs

Armées.

faifoient des aides leur science principale, & qu'ils mettoient tous les foins poffibles à bien dreffer leurs chevaux. (Leurs escadrons étoient quarrés.)

Ils fe fervoient auffi dans les combats de chars trèslégers,montés par deux Guerriers, dont l'un conduisoit le char, & l'autre combattoit; leur front de bataille étoit garni d'une multitude de ces chars, dont l'objet étoit d'entamer le front de bataille de l'ennemi, & d'y faire bréche; mais cette espèce d'arme avoit de fi grands inconvenients, qu'après une longue suite de fiécles, & après en avoir effuyé cent fois des malheurs, elle fut entièrement supprimée. Le moindre événement, un chariot renverfé, un cheval blessé, pouvoit mettre le désordre dans cette ligne indiscìplinable, qui se renversoit souvent fur la phalange, & y caufoit le plus grand défastre.

Leurs armées étoient confidérables; M. Rollin prétend qu'on entretenoit toujours fur pied deux cents mille hommes. Séfoftris ayant fait le projet de conquérir toute la terre, raffembla tout ce qu'il y avoit d'hommes vigoureux dans l'Etat, & forma une armée proportionnée à la grandeur de l'entreprise. Elle étoit compofée de foixante mille hommes de pied, de vingt-quatre mille chevaux, & de vingt-fept mille chariots. Il donna pour Officiers à cette Armée ses compagnons d'école ou frères d'armes, au nombre de dix-fept cents; qui se soutenoient les uns les autres par une émulation mutuelle.

Séfac, Roi d'Egypte, marcha contre Jérusalem, la cinquième année du régne de Roboam, avec douze

cents charriots de guerre, foixante mille hommes de Cavalerie, & une Infanterie innombrable.

Cambyfe, fils de Cyrus, s'empara de l'Egypte, l'an du Monde 3479. Alexandre la fubjugua en 3680; enfin, à la mort de Cléopatre, elle devint Province Romaine, l'an du Monde 3974. Aujourd'hui elle appartient au Turc.

DES GRECS.

LA GRÉCE, ce pays fertile & délicieux, dont les Des Peuples qui
habitants étoient fi guerriers, fi voluptueux & fi Grèce.
fçavants, étoit compofée d'une infinité de Provinces
qui formoient de petites Républiques distinctes, &
féparées la plupart de génie & d'intérêts; les prin-
cipales d'entr'elles étoient Athènes, Sparte ou Lacé-
démone, Thébes, Argos, celle des Achéens &
plufieurs autres. La plupart de ces Républiques furent
fondées par des colonies Egyptiennes ou Pheniciennes.

Fondation d'Athènes.

Environ vers l'an du Monde 2448. Cécrops emmena en Grèce une colonie Egyptienne, fonda douze Villes, ou plutôt douze Bourgs, dont il compofa le Royaume d'Athènes, & où il établit, avec les Loix de fon pays, les Dieux qu'on y adoroit. Dans le même temps, Cadmus, fils d'Agénor, transporta dans cette contrée une peuplade de Phéniciens, & fonda la Fondation ville de Thébes dans la Béotie.

Vers l'an 2552, Danaüs, Egyptien, se fit Roi d'Argos, après avoir dépossédé les anciens Rois de ce pays.

de Thèbes.

Fondation d'Argos.

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Ce qu'ils étoient

Troies.

Iliad. liv. II.

Le fiége de Troie peut être regardé comme l'époque de la réunion de tous ces Peuples, de leur civilifation & de leur conftitution militaire. Difperfés auparavant, vagabonds, vivants de rapines, toujours armés, même en paix ; prets à piller & à détruire le plus foible; ils marchoient au combat dans la plus grande confufion.

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Une preuve certaine du peu d'ordre qui régnoit avant le fiége de dans leurs armées, c'eft la propofition que le fage Neftor fit à Agamemnon au fiége de Troies, de féparer l'armée par Nations, & même par Tribus: «Les Rois & les Chefs, dit Homère, démêlèrent leurs Soldats confondus, & en formèrent des troupes diftinctes partagées en corps de gens de même pays. Cette distribution devoit augmenter le courage » du Soldat; quel homme oferoit être un lâche fous » les yeux de fes parents, de fes compatriotes &c. »? Quelle pauvre Milice, que celle où l'on fouffroit ce mélange monftrueux de peuples & d'armes!

Des caufes qui ont rendu les Grecs guerriers.

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L'exceffive durée du fiége de Troies, prouve auffi peu de talents que les Grecs avoient alors pour un Art qu'ils ont poffédé depuis dans toute fa perfection. Après la ruine de cette Ville célébre; la Gréce bouleverfée au-dedans, par une infinité de changements & par des troubles fréquents, fut long-temps encore fans rien entreprendre de grand; ce ne fut qu'à l'occafion de la nouvelle irruption des Perfes qu'elle commença à connoître fes forces. Les guerres prefque continuelles qui s'étoient faites de voifins à voifins, & d'une Ville à l'autre, avoient entréténu parmi les

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