Cavalerie Theffa liene. Ordonnance de la Cavalerie. Efcadrons quarrés. plus mauvaise mine, & qu'ils avoient l'art de conduire fans bride, avec une petite baguette, venoient escarmoucher autour de l'Ennemi, lançoient des traits aveɛ une adreffe extrême, & s'enfuyoient avec une fi grande célérité, qu'il étoit impoffible de les atteindre ; ils revenoient enfuite à la charge, toujours tâchant de tourner ceux qu'ils vouloient combattre, & les incommodoient fort. Cette Cavalerie s'appelloit Numide. La meilleure de toute cette Cavalerie étrangère que les Grecs avoient dans leurs armées, étoit celle de Theffalie: Sa réputation fur-tout pour combattre en ligne étoit fi bien établie, que Philippe & Alexandre ne fe procurèrent l'alliance des Theffaliens, que pour en obtenir le fecours d'une Troupe fi fupérieure dans ce genre. L'ordonnance dans laquelle la Cavalerie étoit rangée en bataille, a beaucoup varié fuivant les différents Peuples. Les Theffaliens formoient leurs Escadrons en lofanges, les Scytes & les Thraces en coin. La même méthode étoit pratiquée par les Macédoniens; ils l'avoient apprise de leur Roi Philippe, qui paffe pour en être l'inventeur. Xénophon dit qu'à la bataille de Mantinée, la Cavalerie Thébaïne étoit ordonnée en triangle. La plûpart des autres Peuples de la Gréce faifoient usage de l'ordonnance quarrée. Fig. 1.pl. 15. Ils prétendoient avec raifon qu'étant plus facile à former, plus commode pour faire marcher ensemble les Cavaliers, & les contenir en ordre, on devoit la préférer aux autres. Ce qui lui donnoit tant d'aifance à fe former, c'est que les Cavaliers y étoient difpofés par rangs & par files; elle avoit d'ailleurs le grand avantage que tous les Chefs de file combattant à la tête tomboient tous en même temps fur l'Ennemi. a Un Escadron quarré avoit trois fois plus de Cavaliers de front que de hauteur, parce que le cheval occupe trois pas en longueur, & un en largeur. La quantité de rangs eft fort inutile dans une troupe de Cavalerie; l'impulfion & la véhémence des derniers ne fçauroient contribuer à la fermeté des premiers, ni rendre leur action plus vive. Ils ne peuvent les pouffer fans les ébranler, ni les ébranler fans les rompre; ainfi, bien loin de nuire à l'Ennemi par leur impétuofité, ils cauferoient au-contraire dans l'Efcadron un défordre irréparable. Escadrons en1 Les Escadrons difpofés en lofange, fig. 2. pl. 15. lofange. avoient l'avantage de pouvoir faire face de quatre côtés avec les mêmes forces, de ne pouvoir être pris en flanc ni par derrière, d'avoir toutes leurs faces garnies des Cavaliers les meilleurs, & les mieux montés, & les angles occupés par les Officiers. Le Commandant. de l'Escadron, nommé l'Ilarque, étoit à la pointe de l'angle de la tête. Les angles de droite & de gauche étoient fermés par des Officiers, nommés Gardes-flancs, & celui de la queue par le Serre-file. Première espéce Les Escadrons fe formoient en lofange de quatre de lofange. manières. Dans la première ils avoient des files & des rangs. 2° Efpéce. 3o Efpéce. 4 Efpéce. Le Coin. Dans la feconde ils n'avoient ni files ni rangs. Dans la troifiéme ils avoient des files, & n'avoient pas de rangs. Enfin dans la quatriéme ils avoient des rangs fans avoir de files. L'existence de cette ordonnance eft contestée par quelques Militaires, qui la font paffer pour fabuleufe; mais elle eft appuyée du témoignage de Jules l'Africain, d'Elien, &c. Le premier prétend qu'un Escadron ainfi ordonné feignoit de plier, & fe partageoit tout-à-coup en plufieurs Troupes triangulaires, qui, tournant bride auffi-tôt, venoient fondre par différents endroits fur l'Ennemi. fig. 3. pl. 15. Le fecond (Elien) fait remonter l'origine de la lofange chez les Theffaliens avant Jafon, époux de Médée, lequel, dit-il, n'a eu que la gloire de la fectionner. per Cette Ordonnance, toute préconisée qu'elle eft par Elien & les Amateurs de l'Antiquité, avoit l'inconvénient énorme de quatre angles très-aigus, par conféquent quatre parties très-foibles & fort aifées à en tamer. Fig. 4. pl. 15. Le Coin étoit la moitié de la lofange. Il fe formoit de trois mêmes manières que la lofange. Philippe, père d'Alexandre, croyoit cette Ordonnance fupérieure, en ce que les Officiers étoient également diftribués autour de la Troupe, & que la tête de la Troupe formant un angle aigu, il lui étoit aifé de se porter par-tout où il étoit néceffaire, & d'enfiler di rectement le moindre intervalle. Le nombre des hommes qui compofoient l'Efcadron, a infiniment varié. Ils étoient formés depuis foixante-quatre jufqu'à deux cents. Je prends, pour donner un exemple d'une troupe de Cavalerie & de fa formation, l'ordonnance quarrée comme la meilleure & la plus ufitée. Suppofons que chaque Escadron fût compofé de 75 hommes fur 15 de front, & 5 de hauteur, ce qui rend la Troupe parfaitement quarrée, 64 Efcadrons formoient tout le corps de la Cavalerie, qui étoit par confequent de 4,800 hommes. Ce corps fe nommoit une Epitagme. Formation des Efcadrons. Formation du lerie. Fig. 1. pl. 16. L'Epitagme fe partageoit en deux autres corps nommés Telos, compofés chacun de forps de la Cava2,400 hommes. Chaque Telos étoit compofé de deux Ephipporchies, chacune de 1,200 hommes. L'Ephipporchie étoit formée de deux Hipporchies, compofées chacune de 600 hommes. L'Hipporchie de deux Tarentinarchies de 300 hommes chacune. La Tarentinarchie de deux Epilarchies, formées chacune de 150 hommes. Et l'Epilarchie de deux Escadrons, compofés chacun de 75 hommes. Telle eft la compofition qu'Elien donne aux différentes troupes de Cavalerie; &, quoiqu'il ait été poftérieur au temps où l'art de la guerre fleurissoit en Gréce, il eft prouvé qu'il n'a travaillé que fur des Auteurs eftimés & dignes de foi. Cavalerie à l'In La proportion de la Cavalerie à l'Infanterie a extrê- Proportion de las mement varié, fuivant les temps & les Généraux, fanterie, De la manière dont les Troupes étoient placées dans une bataille. Agéfilas, dans la distribution qu'il fit des forces de Sparte & de fes Alliés au commencement de la guerre de Thébes, avoit établi un Soldat pefamment-armé contre deux armés à la légère, & un cavalier pour quatre hommes de pied. Lorfqu'Alexandre forma le projet d'envahir la Perfe, & qu'il paffa en Afie, il avoit trente-cinq mille hommes, dont cinq de Cavalerie. A la bataille d'Arbelles il avoit 47 mille Fantaffins, & 7000 Chevaux. La cavalerie fit toujours la feptiéme, la fixiéme, & quelquefois la cinquième partie de l'Armée, fous les Généraux fucceffeurs de ce Prince. Les Généraux n'ont pas toujours placé de même en ordre de bataille les trois Armes, dont nous avons vu leurs Armées compofées. Du temps d'Homère on plaçoit la Cavalerie en première ligne, l'Infanterie pefante en feconde, & les Armés à légère en troifiéme. fig. 1. pl. 17. Le devoir de cette Cavalerie étoit de fondre fur la première ligne Ennemie, d'y occafionner quelques défordres, pour donner à l'Infanterie pefante le moyen de l'attaquer avec avantage. Enfuite on la plaça derrière le corps de bataille, d'où elle lançoit des traits contre l'Ennemi; &, s'il étoit mis en déroute, elle le pourfuivoit. fig. 2. pl. 17. Enfin lorfque l'Art de la guerre fe perfectionna chez les Grecs, on la mit fur les aîles, qui femblent être la vraie place de la Cavalerie. On y mêloit alors des Troupes à la légère. fig. 3. pl. 17. Quelquefois les Armés à la légère formoient une |