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ligne devant la Cavalerie qui les protégeoit; &, quand ils étoient repouffés, ils fe retiroient par les intervalles des Escadrons, & fe reformoient à l'abri de la Cavalerie. fig. 4. pl. 17.

L'ordre de bataille le plus ordinaire étoit celui où l'on plaçoit les Vélites en feconde ligne, derrière les Hoplites. Ces derniers gardoient quelques intervalles entre les grandes Sections de la Phalange. Les Armés à la légère paffant par ces intervalles, s'avançoient en défordre près de l'Ennemi, le harcelloient à coups de fléches & de frondes, & tâchoient de l'entamer. Sils étoient repouffés, ils revenoient par le même chemin se reformer derrière la Phalange, qui soutenoit alors l'effort de l'Ennemi.

Les Grecs, en allant au combat, jettoient des cris Cris de guerre. pour s'animer & effrayer l'Ennemi. Plus ces cris étoient pouffés avec force & uniformité, plus ils étoient d'un bon augure pour la victoire.

Avant ces cris, ils avoient une Hymne, appellée l'Hymne du combat, ou le Paan, qu'ils chantoient en allant fe battre, pendant l'action, & pour foutenir & rallier les Troupes.

Ils avoient une mufique militaire, & alloient fouvent au combat au fon de la flûte.

Il

y

a apparence que du temps d'Homère, ces cris & ces hymnes n'étoient pas en ufage, & qu'au-contraire les Troupes alloient au combat en grand filence.

Ce ne font ici que des difpofitions générales de la Phalange, que les Généraux varioient infiniment en temps de guerre; je réserve à donner dans l'article M

Des chariots de guerre, & des éléphants.

Des Bagages.

des Batailles, le plan des principales qui ont été livrées par ces Peuples braves & belliqueux.

L'ufage des chariots & des élephants dans les Armées commença chez les peuples d'Afie, & s'y conferva de même plus long-temps qu'ailleurs.

Les chariots & les éléphants fe mettoient en première ligne, ou fur les flancs; mais, queique grande que pût être leur rapidité ou leur furie, il étoit toujours facile de les éviter, en s'ouvrant à propos, rarement ont-ils contribué au fuccès d'une affaire.

&

*Les éléphants n'inspiroient de la terreur qu'à ceux qui les voyoient pour la première fois. S'ils aidèrent Pyrrhus à vaincre les Romains, ceux-ci s'y accoutumèrent bien-tôt, & ne furent pas long-temps à rendre l'usage de ces animaux, plus dangereux à leurs ennemis qu'à eux-mêmes.

Alexandre eft le premier Prince de l'Europe qui ait eu des éléphants. Ša victoire fur Porus, & la conquête des Indes lui en procurèrent beaucoup. Les Princes Macédoniens d'Afie en adoptèrent abfolument l'usage, & il ne contribua pas peu à leurs défaites.

A l'exception des Macédoniens, les autres Peuples de la Grèce n'eurent jamais ni éléphants ni chariots dans leurs Armées (j'entends par rapport aux chariots) depuis la guerre de Troies.

La fûreté des bagages qu'une Armée eft obligée d'avoir à fa fuite, étant une chofe fort importante, on ne confioit le soin de les conduire qu'à un homme fort prudent & éclairé.

Ils avoient cinq manières de difpofer leurs bagages

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dans une marche, à la tête de la Phalange, à la queue, au centre, fur l'aîle droite, ou fur l'aile gauche.

On les faifoit marcher à la tête, quand on fortoit du pays ennemi, à la queue en y entrant; fur l'un des flancs, lorsqu'on craignoit que l'autre ne fût attaqué; enfin au centre, fi l'on vouloit être en état de faire front de tous côtés.

Fig. 1. pl. 18. Ils avoient adopté pour leurs Camps la forme ronde comme la plus commode pour la diftribution des rues & des tentes, & comme celle qui occupoit le moins de terrein. Le Général, ayant fon logement au centre, pouvoit voir d'un coup d'œil tout ce qui se passoit dans son Camp, & dans toutes les rues qui aboutiffoient à fa Tente.

On établiffoit en dedans des poftes d'Infanterie pour la police, & en dehors des Gardes de Cavalerie pour la fûreté du Camp, & pour découvrir l'Ennemi.

Ils connoiffoient, comme nous, l'ufage du mot du guet pour se reconnoître, & empêcher les Efpions.

Leurs Camps étoient toujours fortifiés d'un bon foffé, & d'une espèce de parapet formé par la terre qu'on en tiroit. Lorfqu'ils comptoient refter ong-temps dans le même endroit, ils prenoient plus de précautions, faifoient le foffé plus large, le parapet plus haut, & diftribuoient des tours de distance en distance.

Neftor propofe aux Grecs d'enfermer leur Camp d'une bonne muraille flanquée de tours fort élevées, pour fervir de remparts à leurs Vaiffeaux & à leurs Troupes; d'y faire d'espace en espace des portes affez larges pour y laiffer paffer leurs Chars, & d'environ

De la manière foient leur Camp.

dont les Grecs fai

Iliad. VII.

Sieges.

ner ce retranchement, d'un foffé large & profond, que les hommes ni les chevaux ne puffent franchir, pour affurer le Camp contre les forties de l'Ennemi, & le mettre hors d'infulte.

Ce foffé étoit quelquefois garni d'une bonne palif fade; ils avoient l'ufage d'allumer de grands feux,tantôt en avant, tantôt en arrière de leurs Camps. Ceux qu'ils avoient en avant fervoient à cacher aux ennemis leur vraie position, s'ils venoient pour les attaquer. Des Troupes,mifes en embuscade près de ces feux, voyoient leurs manœuvres, & les tiroient comme au blanc. Les feux allumés derrière leurs retranchements trompoient l'Ennemi, qui fouvent fe trouvoit tout près d'eux fans s'en douter, & étoit repouffé avec perte par des gens qui fe tenoient fur leurs gardes.

Quelquefois la nature du terrein dérangeoit cette forme ronde qu'ils adoptoient par préférence, & ils choisissoient alors un lieu fort par fa fituation même, & qui leur évitât la peine de creufer un foffé. Ils étoient perfuadés que des fortifications faites par la Nature même étoient beaucoup plus fûres, que celles de l'Art. De-là venoit la néceffité de donner à leurs Camps, felon la nature des lieux, toutes fortes de formes, & d'en varier les différentes parties; ce qui caufoit quelquefois une confufion, qui ne permettoit pas au Soldat de fçavoir au jufte, ni fon quartier ni celui de fon Corps. La conduite des fiéges chez les Grecs ayant précifément toujours été la même que chez les Romains, je me réserve de traiter cet article, lorsque je ferai l'Hiftoire Militaire de ce dernier Peuple.

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DES PEUPLES D'ASIE.,

des talents mili

d'Afie.

LES ROIS D'ASIE ont toujours été très-ignorants Idée générale dans l'Att de la Guerre; &, fi quelques-uns d'entr'eux taires des Rois ont eu des fuccès, ils les ont dûs à l'incapacité & au peu de génie des Généraux qu'ils ont eus à combattre. Tant que Cyrus n'a eu affaire qu'à fes voifins, il a été plus habile qu'eux, & les a fubjugués; mais, dès qu'il a combattu une Nation plus belliqueufe, il a fuccombé. Cyrus peut avoir eu d'ailleurs de grandes qualités; mais, s'il avoit fait la guerre avec art, il auroit eu des Officiers & des Soldats bien inftruits; ce qui n'a pas été; car on s'en feroit apperçu par les Troupes & les Généraux qu'il laiffa à fon fils Cambyfe. Or il n'y a rien de fi fauffement conçu, ni de fi mal exécuté que toutes les guerres de Cambyfe, de Darius, de Xerxès.

Nous ne pouvons avoir que des idées très-vagues de la Difcipline Militairè de ces Peuples. Des deux Auteurs chez lefquels on pouroit puifer quelqu'inftruction fur ce fujet, l'un (Hérodote) eft accufé de n'être pas toujours bien exact dans les faits qu'il rapporte; l'autre (Xénophon) homme de Guerre, grand Capitaine, fait vraisemblablement voler une étincelle de son génie sur les actions qu'il raçonte des Princes dont il fait l'Hiftoire; cependant on ne peut se former une opinion que d'après le rapport des Auteurs contemporains, ou qui ont approché davantage de ces temps. reculés. La feule chofe qu'on puiffe faire, eft de ne

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