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Patriarche d'Alexandrie, qui eft au milieu d'un peuple de Cophtes dont Liv. VIII. toutes les Loix Eccléfiaftiques fe trouvent dans un Livre connu de tout CH. II. le monde, ne le connoiffe pas.

vrages de

ed. 1709.

Il est encore plus étonnant qu'il n'ait point connu les ouvrages de Sur les ouMelece fon prédéceffeur, duquel il dit qu'il n'avoit rien fait imprimer pes Melece. finon un petit Livre contre les Juifs. Cependant il avoit outre celui-là p. 190. donné au public celui qui a pour titre Opfódogos xpsiavos imprimé à Vilna Opufc. Gr.. en 1596. Allatius marque qu'il avoit écrit une grande Lettre au Cnez p. 91. Bafile & aux Ruffes de la Communion des Grecs, contre la Primauté du Pape, & fur les autres points conteftés entre les Grecs & les Latins. Les Lettres qui ont été depuis peu données au public, étoient des ouvrages théologiques, connus & cités pour tels par les Théologiens & par les Synodes: & lui-même marque qu'il avoit traité plus au long la matiere de l'Eucharistie, dont il eft parlé dans fes Lettres. Dofithée en cite une dogmatique adreffée à un Anglois nommé Edouard; c'est-à-dire, Edouard Barton Ambaffadeur d'Angleterre, avec lequel il étoit en grande liaison. Si Cyrille, qui avoit été Protofyncelle de Melece, & qui devoit avoir une plus grande connoiffance que perfonne des ouvrages de fon Patriarche, ne connoiffoit pas ceux-là, il falloit qu'il n'employât guere de temps à l'étude, ce qui n'eft guere le caractere d'un auffi grand Théologien que nous le repréfentent fes panégyriftes. On doit donc plutót juger, conformément à celui qu'il a foutenu toute fa vie, de duplicité, de diffimulation & de fauffeté, qu'il connoiffoit les ouvrages de Melece, mais qu'il ne voulut pas les faire connoître à Willem, de peur qu'il ne découvrît en même temps fa fourbe & fa mauvaife foi. Car leur fimple lecture: auroit prouvé clairement qu'il s'éloignoit entiérement de la doctrine. de fon Maitre, & qu'il donnoit une Expofition fauffe de la foi de fon Eglife. Hottinger a donné une partie de la Lettre qu'il écrivit de Tenedo Ignorance de Cyrille le 25 Mars 1634, dont M. de Nointel rapporta une copie de Conftan-- prouvée tinople. Elle eft adreffée au Miniftre Leger, & il le prie d'être témoin. parce qu'a publié que s'il vient à mourir, comme il s'y attend, je meurs, dit-il, Catholique, Hotting.. Orthodoxe, dans la foi de Notre Seigneur Jefus Chrift, dans la doctrine évangélique, conforme à la Confeffion Belgique, à la mienne, & à celles des Eglifes Evangéliques qui font toutes conformes. Ce feul endroit fait voir combien il étoit peu inftruit de ces Confeffions; puifqu'on fait affez qu'elles different en plufieurs points effentiels, pour lefquels il y a eu de grandes. disputes, & une rupture entiere de Communion. Si la tolérance préfente empêche les divifions qu'elles ont produites autrefois, ces différences fubfiftent toujours. Mais ce grand Théologien de Cyrille n'y en connoiffoit aucune il étoit frere en Jefus Chrift d'Abbot Archevêque de Cantorbéry,

LIV. VIII. premier Eccléfiaftique de l'Eglife Anglicane, où de ce temps-là Calvin ne CH. III. paffoit pas pour un très-faint & très-fage Docteur qui étoit dans le Ciel;

ni Leger Presbytérien, pour un vafe du S. Efprit: il étoit de même frere de Diodati, de Leger, d'Utenbogart, & de quiconque fe difoit Protestant. Que ceux qui ont publié ou cité les Lettres de Cyrille, achevent de donner ce qu'ils ont de lui, & qu'ils épuifent leurs tréfors: qu'ils rempliffent les vuides qui fe trouvent en plufieurs lettres, particuliérement dans la longue à Utenbogart: qu'ils donnent les Ecrits dont il parle quelquefois, qu'il difoit avoir fait contre Coreffius & quelques autres, nous promettons d'en tirer encore de nouvelles preuves de l'ignorance & de la méchanceté de cet Apoftat.

On ne pré

invectiver

fe tenir

fimplem.

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Que par les propres Lettres de Cyrille, & par les faits que les Calvinistes rapportent de lui, on prouve incontestablement qu'il a été un impofteur & un homme fans Religion.

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N ne prétend point ici déclamer contre Cyrille, ni faire un portrait tend point auffi affreux de fa conduite qu'il feroit aifé de le faire, pour opposer à contre Cy- celui que Hottinger, M. Smith, M. Claude, & prefque tous les Calvirille, mais niftes en ont fait, avec les plus belles couleurs qu'ils pouvoient lui donner. Nous voulons dire fimplement la vérité; la tirer non feulement de ce que à la vérité. nous favons d'ailleurs, & des témoignages des Grecs, mais de ce que les Calvinistes ont produit eux-mêmes, pour marquer le véritable caractere de cet impofteur. Ce que nous ajouterons feulement, & de quoi fes panégyriftes ne peuvent fe plaindre, fera un préliminaire abrégé de faits publics & inconteftables, qui doivent entrer néceffairement dans le jugement qu'on doit faire de Cyrille, felon les regles de la Morale Chrétienne dont on convient également en toutes les fectes; de forte même que fi on veut croire les Calviniftes, leur Morale eft beaucoup plus pure que celle des Catholiques.

Faits pu

ce qui le

Il eft certain que Cyrille étoit né dans l'Eglife Grecque, qu'il avoit été blics fur inftruit dans la Religion qu'elle profeffe, qu'il en a fait lui-même profeffion concerne. publique pendant plus de quarante ans, & qu'il a pratiqué tout ce qu'elle pratique, avant que d'avoir été inftruit dans le Calvinifme. Qu'il a été ordonné Prêtre, qu'enfuite il a été fait Archimandrite & Protofyncelle, & qu'il a exercé durant plufieurs années les fonctions de fes Ordres, &

de ces dignités Eccléfiaftiques. Qu'il a été ordonné Patriarche d'Alexan- Liv. VIII. drie, felon la discipline & le Pontifical de l'Eglife Grecque. Que depuis Cн. III. fa tranflation au Patriarchat de Conftantinople, il a célébré la Liturgie folemnellement fuivant les Rites de la même Eglife; qu'il a ordonné des Prêtres, des Evêques & des Métropolitains; qu'il a exercé la Jurifdiction Patriarchale avec autant d'étendue qu'aucun autre de fes prédéceffeurs. Qu'il a prêché les mêmes chofes que les autres; qu'il n'a pas entrepris de rien changer dans les cérémonies, dans la Liturgie, dans les Ordinations, dans l'adminiftration des Sacrements, ni dans les prieres publiques & particulieres. Enfin qu'il a continué jufqu'à l'extrêmité de fa vie, à enfeigner & à pratiquer tout ce que l'Eglife Grecque croit & pratique. On ne croit pas que perfonne fût affez hardi pour contefter des faits auffi certains que ceux-là. Il faut préfentement les comparer avec la conduite fecrete de Cyrille.

envers

d'Alex..

On fuppofe, & cela eft affez vraisemblable, que dès le temps qu'il Sa diffi étoit en Lithuanie, il commença à entrer dans les fentimens des Calviniftes, mulation: Cela étant, comme il ne pouvoit ignorer que Mélece fon Patriarche en Melece étoit fort éloigné, & qu'il les avoit combattus de vive voix & par écrit, Cyrille ne pouvoit, fans une diffimulation abominable, lui cacher ce qu'il avoit dans le coeur; ce qu'il fit néanmoins, ayant toujours parlé & vécu comme les autres.

de facrile

Quand il fut élu Patriarche d'Alexandrie, on ne fit pas pour lui un nou- Sa conveau Pontifical, ni une nouvelle Liturgie. Dans ce temps-là même, il duite pleined'hypocommençoit à écrire à Utenbogart & à d'autres, tout le contraire de crifie, & ce qu'il avoit juré à fon facre, en faifant fa profeffion de foi, & de ce une fuite qu'il prononçoit dans l'Eglife en célébrant la Liturgie; puifque les prieres ges. qu'elle contient pour la Communion ne peuvent s'accorder finon avec la foi de la préfence réelle. Donc, lorfqu'il écrivoit à M. de Willem en 1619, que fon opinion fur l'Euchariftie étoit d'admettre le fens figuré & la manducation fpirituelle, il parloit contre fa confcience. De plus, il commettoit un facrilege inexcufable célébrant la Liturgie, & adminiftrant la Communion avec des cérémonies & des prieres qui fignifioient tout le contraire, fe rendant complice de l'idolâtrie & de la fuperftition dont: il fuppofoit qu'elles étoient remplies. Ainfi toutes les fonctions épifcopales qu'il fit alors, étoient autant de facrileges que la Morale des Calviniftes ne peut excufer: car puifqu'ils ont pris pour prétexte de leur féparation la créance de la préfence réelle & de la Tranffubftantiation,. Cyrille ne pouvoit pas communiquer avec ceux qui les croyoient pareillement, ni pratiquer des rites que la Réforme a abolis, comme incompa tibles avec la véritable Religion, fans trahir fa confcience. Quelle pouvoit

LIV. VIII. donc être la Morale de ceux qui n'étoient pas fcandalifés d'une hypocrifie CH. III. fi criminelle?

Tout ce

foit étant

traire à fa

Conf.

Il étoit déja tout converti au Calvinifme lorfqu'il fut fait Patriarche qu'il fai- de Conftantinople, & par conféquent il devoit regarder cette dignité Patriarch. comme incompatible avec les maximes de la Religion qu'il proteftoit en de Conft fecret être la feule véritable, & fur-tout avec ce qu'il mit enfuite dans étoit con- le dixieme article de fa Confeffion, par lequel, fuivant le jugement du Synode de 1642, il renverfoit toute la Hiérarchie. Comment pouvoit-il, felon fes principes, prendre le titre ambitieux & odieux de Patriarche Ecuménique, puifqu'il contient quelque chofe de plus que les titres contestés aux Papes par les Proteftants? Mais il ne fe contentoit pas du feul titre, il ufoit d'un pouvoir auffi abfolu que le Pape puiffe avoir en Occident: il inftituoit des Evêques, des Métropolitains; il les transféroit, il en tiroit de grandes fommes. On ne peut donc difconvenir qu'en cela, ainsi qu'en toute autre chofe, il s'éloignoit entiérement de cette fraternité qu'il vouloit avoir dans fes lettres, avec les fidelles Serviteurs de Dieu, les Pasteurs, les Miniftres, & les Docteurs de l'Eglife de Geneve: qu'il ne pouvoit regarder comme freres par rapport au gouvernement eccléfiaftique, fans fe condamner lui-même, puifqu'il exerçoit une autorité qui, fuivant les principes de Geneve, ne pouvoit être regardée que comme tyrannique. Si on prétend le juftifier par l'exemple des Evêques d'Angleterre, & être jufti- fur-tout d'Abbot Archevêque de Cantorbéry, il y a eu entr'eux une grande l'exemple difference. Car celui-ci n'avoit qu'un pouvoir fort limité, reconnoiffant d'Abbot. un autre Chef de fon Eglife; au lieu que Cyrille agiffoit comme Chef de

11 ne peut

fié par

Dont la

l'Eglife Grecque. Abbot fut accufé de trop favorifer les Presbytériens ; mais cependant quand quelques-uns fe déclaroient de l'Eglife Anglicane, quoiqu'ils euffent été Miniftres dans leur Communion, il les ordonnoit comme s'ils euffent été Laïques; au lieu que Cyrille, traitant ceux de Geneve comme de légitimes Pafteurs, renverfoit intérieurement toutes les maximes de la Hiérarchie, la maintenant en même temps à Conftantinople avec toute la hauteur & toute la licence poilible.

Abbot ne difoit pas la Meffe, il n'ordonnoit pas des Prêtres & des Evêconduite ques autrement que felon les Rites de fon Eglife; en un mot, fa conforme à fa duite étoit conforme à la Religion Anglicane : & quand il auroit eu dans Religion. le cœur plus d'inclination pour les Calvinittes qu'il ne convenoit alors,

étoit con

il ne faifoit rien que plufieurs autres ne fiffent; & Marc-Antoine de Dominis, témoin oculaire, reconnut affez que c'étoit la difpofition prefque générale du Clergé de l'Eglife Anglicane. Cyrille croyant donc non feulement ce que croyoit Abbot comme Archevêque de Cantorbéry, mais ce qu'il croyoit comme particulier penchant au Calvinisme, ne pouvoit

célébrer

célébrer la Liturgie, adorer l'Euchariftie, la propofer aux autres pour l'a- Liv. VIII. dorer, & faire en un mot les fonctions ordinaires des Patriarches, fans CH. III. commettre un double facrilege. On peut même dire fans exagération que toute fa vie, principalement durant qu'il fut Patriarche à Alexandrie & à Conftantinople, ne fut qu'une continuité de pareils crimes, qu'il eft impoffible de juftifier felon toutes les regles de la Morale Chrétienne.

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Leger ne

voir ap

On ne prétend pas dire que les Calvinistes de Geneve & de Hollande M.Haga & approuvaffent cette fiction criminelle, & même on pourroit juger par peuvent une lettre de Cyrille à Diodati qui eft une réponse, & qu'on auroit mieux être juftientendue fi on avoit eu foin de donner celle de ce Miniftre, qu'il l'exhor- fiés d'atoit à faire quelque chofe de plus qu'il n'avoit fait, le preffant de donner prouvé une copie légalisée de sa Confeffion, ce que Cyrille ne voulut jamais faire. cette con duite. Cela peut faire croire que cette diffimulation pouvoit déplaire aux Genevois. Mais comment ce vafe du S. Efprit, rempli de Jefus Chrift, ce Docteur Leger, s'accommodoit-il de ce double perfonnage? Comment M. Haga qu'on dépeint comme un homme de bien, qui étant fur les lieux ne pouvoit pas ignorer toutes ces chofes, les pouvoit-il digérer? Cependant on ne voit pas même par ces Lettres qui ont été publiées avec tant d'ostentation, que jamais ni l'un ni l'autre aient donné fur cela le moindre avis à Cyrille. Peut-être l'ont-ils fait, & qu'il s'en trouveroit des preuves dans un grand nombre d'autres lettres qui ont été fupprimées, quoique la bonne foi demandát qu'elles fuffent publiées auffi-bien que les autres; & après avoir vu celles qu'on a gardées, on eft en droit de préfumer qu'on n'en a pas perdu une feule. Il étoit cependant plus important pour la réputation de ces deux grands acteurs, de faire voir qu'ils avoient en cela défapprouvé le procédé de Cyrille, que de perdre tant de paroles à le louer avec excès, fur ce qu'il leur avoit donné en fecret une Confeffion, qu'il détruifoit tous les jours par fes actions & par fes discours. Ce qui vient d'être remarqué, prouve affez qu'il détruifoit fa Confef- Il détruit fion, par l'exercice public de la Religion qu'il condamnoit en fecret: on n'a pas de moindres preuves pour convaincre qu'il le faifoit auffi par fes fes prédidifcours. Les Homélies qu'il prêcha dans Conftantinople, & que Dofithée cations. avoit en Jerufalem écrites de fa main, dont il donna d'amples extraits dans le Synode de Jerufalem, le prouvent bien clairement. Il reconnoît dans fa Confeffion la proceffion du S. Efprit du Pere par le Fils; il soutient le contraire dans fes Homélies, & dans fes anathêmes de Tergowist. Dans les Homélies il admet la Transfubftantiation, & il la condamne dans fa Confeffion. Il y rejette les Livres que les Proteftants appellent apocryphes: il s'en fert dans les Homélies, & ainfi du refte. A cette objection Perpétuité de la Fui. Tome IV.

Zzz

fa Confef fion par

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