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publié en François un Ouvrage de Philofophie fcholaftique, & le premier Historien qui ait cité en marge les fources où il a puifé les faits qu'il

rapporte.

Ce n'eft pas par ces deux nouveautés qu'il a mérité l'estime du Public, mais par des Mémoires” far les Gaules, remplis d'excellentes recherches, qui ont été d'un grand fecours aux Hiftoriens poftérieurs.

Son Hiftoire générale de France, depuis Pharamond jufqu'à Louis XIII, eft fort inférieure à fes Mémoires. Elle eft divifée par chapitress les chapitres le font par articles. Cette méthode, quoi qu'en dife M. de Voltaire, n'est point celle qui convient à la marche historique, qui exige une narration non interrompue. Auffi la Compilation de Dupleix n'eft pas plus regardée, par les conuoiffeurs, comme une Hiftoire, que le Siecle de Louis XIV, celui de Louis XV, IEffai fur l'Hiftoire générale, diftribués de la même façon.

"Le Cardinal de Richelieu voulut lire, avant l'impreffion, les deux derniers Regnes de l'Hiftoire générale de France. Ce Miniftre y fit les corrections qu'il jugea à propos, c'est-à-dire, que la vérité n'y parut qu'autant qu'il voulut, & comme il voulut; auffi l'Apologifte du Maréchal d'Ornano appeloit-il l'Hiftoire de ces deux Regnes,

Hiftoire des fourberies da Cardinal de Ri

chelieu.

Au refte, le ftyle de Dupleix eft affez net, & méthodique; mais il est toujours pefant, lâche, incorrect, & rebutant par fa féchereffe & fa dúreté.

Cet Hiftorien vint à Paris avec la Reine Mar guerite, qui le fit depuis Maître des Requêtes de fon Hôtel. Par reconnoiffance, ou plutôt par flatterie, il la loua dans fes Ecrits tout le temps qu'elle vécut. Après la mort, il en parla fans déguife ment & fans refpect. C'étoit úfer un peù tard de la liberté de l'Hiftoire; mais tel eft le caractère de la plus grande partie des Gens de Lettres : ilt ne montrent la vérité, que quand ils n'ont pas d'intérêt à la cacher.

DUPONT, [N.] des Sociétés d'Agriculture de Soiffons & d'Orléans, un des Coopérateurs du Journal des Ephémérides. Ceft affez en dire pour annoncer un fpéculateur vifionnaire, un triste zélateur du bien public, & de plus un Auteur foudroyé par la plume étincelante de M. Linguet. Sans prendre parti contre les fyftêmes de fon Ecole, dont l'expérience a fi fouvent démontré la chimere, ni partager les querelles que ces lyftêmes Ini ont fufcitées, nous nous contenterons de remarquér que M. Dupont avoit traité, dans fon Journal,

avec indécence, un Ecrivain en droit de dire,

Comme Horace :

At ille

Qui me commorit, (meliùs non tangere, clamo)
Flebit : & infignis totâ cantabitur urbe.

Ce n'eft pas ainfi qu'un Journaliste doit en ufer à l'égard d'aucun Littérateur. La modération & l'équité sont toujours indifpenfables dans la critique, quand d'ailleurs le même homme n'en met point dans la louange qu'il lui plaît de départir. A quoi peuvent aboutir des plaifanteries, quand elles ne tendent pas à éclairer ou à corriger? Les plaifanteries des Cotins font toujours froides, & leurs farcafmes toujours infolens; mais de femblables champions peuvent bien allumer la verve de Boileau:

Et malheur aux Corins, quand Boileau se réveille.

DUPRÉ DE SAINT MAUR, ] Nicolas-François Maître des Comptes, de l'Académie Françoise, né à Paris, mort en 1774

L'eftime générale a déjà confacré le mérite de fon Effai fur les Monnoies. Il eft difficile de pouffer plus loin la fcience numismatique, fi propre d'ailleurs à fervir de guide & d'appui à l'Hiftoire. On doit la même cftime à un autre Ouvrage intitulé: Recherches fur la valeur des Monnoies. Le travail, l'érudition, le jugement,

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ont également préfidé à cette Production la meilleure & la plus complette que nous ayons en ce genre.

Le talent d'écrire n'étoit rien moins qu'étranger à cet Erudit. Il est le premier qui nous ait donné une Traduction du Paradis perdu, généralement préférée à celle qu'en a donnée depuis l'Auteur du Poëme de la Religion. Celle de ce dernier eft plus fidele, plus exacte, plus entiere: celle de M. Dupré de St. Maur eft mieux écrite, plus élégante, plus châtiée; le style en eft plus nombreux, plus poétique. Le Traducteur n'a pas toujours fuivi littéralement fon Original, parce que son Original n'eft pas toujours propre à se soutenir dans notre langue; il a cru devoir adoucir certains traits qui nous euffent paru finguliers, & fupprimer des traits ennuyeux ou extravagans, qui refroidiffent l'intérêt, & choquent les gens de goût. Cette fage précaution, jointe à la noblesse de l'expreffion toujours foutenue, a procuré à cet Ouvrage plufieurs éditions que le Public ne fe laffe pas d'accueillir,

1. DURIVAL, [ Nicolas LUTON ]ancien Lieutenant de Police de Nancy, de l'Académie de cette ville, né à Commercy en 1723.

Après avoir donné plufieurs Ouvrages utiles fur des matieres de Jurifprudence & d'Administration

il a publié des Mémoires historiques, qui lut affurent le droit de figurer parmi les Littérateurs eftimables de ce fiecle. L'Introduction, entrë autres, à la Defcription de la Lorraine & du Barrois, qui forme un volume in-8.° de plus de 500 pages, peut être regardée comme un des meilleurs Ouvrages qui aicht paru en ce genre: c'eft une véritable Hiftoire, mais abrégée, de la Lorraine & du Barrois, depuis la plus haute antiquité, jufqu'à la mort du dernier Due, le feu Roi de Pologne, Stanislas 1: L'Auteur, à chaque Regne, indique, avec autant de méthode que de précifion, les révolutions, les mœurs, les événemens les plus remarquables; fait connoître les Savans, les Hommes de Lettres, les Artistes qui fe font le plus diftingués, & caractérise, en pea de mots, le moral de chaque Souverain, tantôt par des réflexions, & tantôt par des anco dotes auffi piquantes, que bien présentées.

1. DURIVAL, [Jean-Baptifte LUTON ] frere du précédent, Commiffaire des Guerres, premier Commis au département du Ministere des Affaires Etrangeres, de l'Académie de Nancy, nẻ à St. Aubin en Lorraine en 1725.

Les Ouvrages de celui-ci annoncent le Citoyen jaloux de la gloire de fa Nation, autant qu'un Littérateur formé par Tétude des bons modeles

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