la tâche que fon zele infatigable a remplie ; & ne fût-il connu que par cette feule édition, c'en feroit affez pour lui concilier la reconnoissance de tous les Savans: ajoutons que fon respect pour la Religion lui a mérité l'eftime des honnêtes gens; &, ce qui n'eft pas moins honorable, les injures du Garaffe de la moderne Philofophie. * Voyez la Lettre d'un Théologien, qui nous a été adreffée par l'honnête & modéré M. le Marquis de Condorcet. E EIDOUX, [ Marc-Antoine ] né à Marseille en 17.. le plus infatigable de tous les Traducteurs. Quarante Ouvrages traduits de l'Anglois ou du Latin, font la preuve de fa vocation particuliere au métier de la Traduction; nous disons métier, parce qu'il s'en faut bien que l'Auteur ait donné à fon travail toute l'application qu'il · exigeoit. Ces Ouvrages, prefque tous médiocres, fi on en excepte le Dictionnaire de Médecine, traduit en fociété avec M. Diderot, font des Romans, des Hiftoires, d'autres Livres de Médecine, &c. Il vaut mieux laiffer les Productions étrangeres dans l'oubli, quand on ne fait pas en faire un choix éclairé, ou leur donner une nou velle vie, que de les expofer à l'opprobre d'une feconde mort; ce qui eft arrivé précisément à tout ce dont M. Eidoux a voulu enrichir notre - Littérature, Il a encore fourni quelques Articles à l'Encyclopédie, c'est-à-dire, qu'il n'a fait qu'habiller, en mauvais François, des lambeaux d'Ouvrages Anglois, qui peuvent figurer parmi l'infinité des articles médiocres de cette immenfe Compilation. EGLY, [Charles-Philippe de MONTENAULT D' de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, né à Paris en 1696, mort dans la même ville en 1749. Journaliste & Traducteur justement oublié, mais qui ne mérite pas le même fort en qualité d'Hiftorien. Son Hiftoire des Rois des deux Siciles de la Maifon de France, en quatre volumes in-12, eft très-propre à faire une réputation. Cer Ouvrage, qui fappofe des recherches laborieuses, & rappelle des révolutions intéreffantes, eft écrit avec fageffe, naturel & fimplicité. L'Ecrivain a fu fe rendre maître des faits, les lier avec dif cernement dans fa narration, & les appuyer fur des preuves auffi folides que bien difcutées. On peut donc reprocher au Public son indifférence â l'égard d'un mérite hiftorique aufli rare. Nous nous ferons toujours un devoir de tâcher de ranimer les réputations éteintes, comme d'attaquer les réputations ufurpées. ELIE DE BEAUMONT. [ N. Madame] On trouve fon nom à la tête d'un Roman qui a pour titre : Lettres du Marquis de Rofelle. Un mêlange heureux de morale & d'intérêt, d'inftruction & de fentiment, de chaleur & de fimplicité, rend tet Ouvrage très-propre à faire fentir les égaremens d'une jeuneffe trop paffionnée, & à la rappeler aux loix de la fageffe & de la raifon. Il eft d'ailleurs écrit d'un ftyle pur & fouvent élégant; on defireroit feulement qu'il fut un peu plus varié. Madame Elie de Beaumont eft femme du célebre Avocat de ce nom, contiu par fon zele & fés Mémoires dans l'affaire des Calas. EON DE BEAUMONT, [Charlotte - Gene vieve - Louife - Augufte - Andrée - Thimothée d'} Cenfeur Royal, Docteur en Droit civil & en Droit canon, Avocat au Parlement, ancien Capitaine des Dragons & des Volontaires de l'armée, Aide-de-camp de M. le Maréchal & de M. le Comte de Broglie, Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de St. Louis, Secrétaire d'Ambaffade, puis Miniftre Plénipotentiaire de France auprès du Roi de la Grande-Bretagne, &c. née à Tonnerre für l'Armençon en Bourgogne, le s Octobre 1728, beaucoup plus connue par la fine gularité de les aventures, que par fes Ouvrages, quoiqu'ils lui donnent le droit de figurer avec avantage parmi les Auteurs de ce fiecle. Les principaux ont été recueillis en treize volumes in-8., fous le titre des Loisirs du Chevalier d'Eon. Ils ont la plupart pour objet des matieres d'adminiftration & de politique, & an noncent un Obfervateut intelligent & en état de communiquer fes lumieres. Rien de mieux ex : pofé, de plus méthodique, de plus inftructif, que tout ce qu'on y trouve fur les Loix, le Commerce, le Gouvernement de la Ruffie & de l'Angleterre les obfervations & les recherches de l'Auteur fur ces deux Etats, font d'autant plus curieufes, d'autant plus intéreffantes, qu'il les a faites fur les lieux, & qu'il ne s'eft jamais permis de trahir la vérité, au risque de déplaire à ceux qu'elle auroit pu bleffer. Si fon style manque quelquefois de nobleffe & de correction, il eft du moins conftamment fimple & plein de clarté, femé de traits vifs, énergiques, attachant par un ton de franchise & de liberté qui ajoute à l'intérêt des matieres. Ce Recueil avoit été précédé par un Mémoire très-inftructif fur la vie & les Ouvrages de M. Lenglet Dufresnoy; par un Eloge funebre, écrit en latin, de Marie-Thérefe-Félicité d'Est, Ducheffe de PENTHIEVRE; par un autre Eloge écrit auffi en latin, du Comte d'Ons-en-Bray, Préfident de l'Académie des Sciences de Paris par plufieurs autres Productions de ce genre, qui prouvent que Mlle d'Eon eût pu enrichir notre Littérature de plufieurs Ouvrages d'Eloquence, fi des occupations plus importantes lui en cuffent laiffé le temps, comme elle en avoit le goût. Pour juger des progrès qu'elle eût pu faire dans l'érudition, il suffit de lire les Confidérations hif |