50 veux bien lui affûrer un Traitement annuel de » douze mille livres que je lui ferai payer exac »tement tous les fix inois, dans quelque pays

qu'il foit [ hormis en temps de guerre chez mes » ennemis ], & ce, jusqu'à ce que je juge à propos » de lui donner quelque pofte dont les appointemens foient plus confidérables que le préfent Traitement. A Versailles, le premier Avril 1766. Signé, LOUIS «.

On fait que l'augufte Suceffeur de ce Prince, également jaloux de récompenfer le mérite & les fervices rendus à l'Etat, continue à Mlle d'Eon la penfion de douze mille livres,-&c. ...

ESPAGNAC, [ Jean-Baptifte-Jofeph DE SAHUGUET D'AMARZIT, Baron D'} Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides, né dans le Limoufin

en 1713.

Son Supplément aux rêveries du Maréchal de Saxe, l'Histoire intéreffante qu'il a donnée de ce fameux Guerrier, & fes autres Ouvrages fur l'Art de la Guerre, font autant d'honneur à fa plume, qu'il s'eft acquis de gloire en en pratiquant les maximes; en forte qu'on peut dire de ce Militaire Ecrivain, eodem animo fcripfit' quo debellavit.

ESPRIT, [Jacques ] de l'Académie Françoise, mé à Défiers en 1611, mort en 1668.

En travaillant à fon Livre des Fauffetes aes Vertus humaines, il n'a pas fongé que le plus mauvais fervice qu'on puiffe rendre à un Auteur fubftantiel & profond, c'est de le commenter. Il eft vrai qu'il ne s'eft pas propofé directement de paraphrafer les Maximes de la Rochefoucault; mais tout fon Ouvrage eft appuyé fur le systême de ce fubtil Obfervateur; & il ne fait qu'étendre, & par conféquent qu'affoiblir les pensées de fon modele. Le Public n'en a pas été la dupe. Les Maximes de la Rochefoucault font entre les mains de tout le monde, & la Fausseté des Vertus humaines eft entiérement oubliée.

ESTÉVE. [ Pierre] de l'Académie de Montpellier, fa patrie, né en 17..

De plufieurs Ouvrages de cet Auteur, qui fuppofent des connoiffances, mais peu de goût, il n'eft rien refté que le Public puiffe lire avec utilité. Son Dialogue fur les Arts, & fon Traité de la Diction, auroient befoin d'une plume plus exercée, plus délicate & plus judicieuse que la fienne.

1. ETIENNE, [ Robert ] Imprimeur, né à Pa-ris en 1503, mort à Geneve en 1559.

Les fervices qu'il a rendus aux Lettres, font tombés fur deux objets très-importans: il a d'abord perfectionné l'Imprimerie, & le Trefor de la Lan

A

gue Latine étoit, pour fon fiecle, & même pour le nôtre, le meilleur préfent qu'il pût faire au Public. Cet Ouvrage, d'une utilité reconnue, fuppose autant de travail & de mémoire, que de goût & de jugement. On dit que, pour rendre les Editions des Livres qu'il imprimoit plus correctes, il en faifoit expofer les feuilles dans les Places publiques, & qu'il récompensoit généreufement ceux qui y découvroient des fautes, moyen auffi fùr que négligé, pour arriver à la perfection.

2. ETIENNE, [Henri ] fils du précédent, né à Paris en 1528, mort à Lyon en 1598.

Son pere avoit ouvert les trésors de la Langue Latine, celui-ci fe chargea de répandre ceux de la Langue Grecque. L'Ouvrage qu'il publia à ce fujet eft auffi eftimé que celui de fon pere, & ne prouve pas moins de connoiffances & de recherches. Il eût pu s'en tenir là; mais le Calvinisme lui échauffa la tête, & d'Auteur eftimable en fit un Libellifte & un Calomniateur. Tout le monde convient à préfent que fon Ouvrage intitulé l'Apologie d'Hérodote, n'eft qu'un recueil de grossiéretés, d'Anecdotes indécentes, d'Hiftoriettes scandaleufes contre les Prêtres & les Moines, dont les trois quarts font des menfonges que plufieurs Ecrivains n'ont pas craint de répéter.

EXPILLY, [Jean-Jofeph ] Abbé, ci-devant Secrétaire d'Ambaffade de Sa Majefté Sicilienne, Examinateur & Auditeur général de l'Evêché de Sagonne en Corfe, des Académies de Berlin, de Madrid, de Stockolm, de Copenhague, de Nancy, de Dijon, de Marseille, de Berne, &c. né à St. Remy, en Provence, en 1719.

-De tous les Gens de Lettres qui ont écrit fur la Géographie, il eft le plus laborieux, le plus fécond, le plus exact & le plus utile. Le louable defir de donner de la perfection à fes Ouvrages, la porté à joindre la pratique à l'étude & à la fpéculation. De fréquens voyages daus prefque toutes les contrées de l'Europe, & même fur les côtes d'Afrique & ailleurs, ont beaucoup contribué à le mettre en état de vérifier les fituations des licux, & les observations fur les mœurs & la Reli~~ gion de différens Peuples. De pareils moyens, ai→ dés de la fcience & du difcernement, devoient néceffairement procurer le plus grand succès à ses Ouvrages. M. l'Abbé Expilly peut fe flatter de l'avoir obtenu. Son Dictionnaire Géographique, Hiftorique & Politique des Gaules & de la France, eft fur-tout généralement eftimé. Il a su y réunir aux anciennes Traditions, des détails curieux & utiles qui n'appartiennent qu'à lui seul. Il eft le premier qui fait parvenu à déterminer, avec précision, l'état actuel de la population, des récoltes & des

confommations du Royaume, trois objets done la connoiffance, plus importante qu'on ne croità.... l'Adminiftration, étoit reftée imparfaite fous les regnes de Louis XIV & de Louis XV. Il réfulte de ces recherches, que la France contient plus d'habitans & recueille beaucoup moins de grain qu'on ne le fuppofoit. De pareilles découvertes qui intéressent fi fpécialement l'humanité, donnent à M. l'Abbé Expilly des droits à la reconnoiffance publique & aux récompenses du Gouvernement. On fait que fon petit Géographe Man nuel eft entre les mains de tout le monde, qui applaudit à fon exactitude & à fa commodité.

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