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FABRE

F

ABRE, [Jean-Claude ] Oratorien, né à Paris en 1668, mort dans la même ville en 1753.

Il a bien pu prendre fur lui de continuer l'Hiftoire Eccléfiaftique de Fleuri, mais peu de gens ofent prendre für eux de lire fa continuation. Il y a autant, & peut-être plus de différence entre l'Hiftorien de l'Eglife & fon Continuateur, qu'entre les Mémoires du Cardinal de Retz, & les Mémoires de Joli. Quand on entreprend de fuivre une carriere tracée par un Ecrivain justement célebre, on ne devroit pas ignorer qu'il faut, avant toutes chofes, être doué du mêine difcernement, & avoir de l'érudition, de la méthode & du ftyle. M. Fabre manquoit abfolument de toutes ces qualités. Son Hiftoire eft plus civile qu'eccléfiaftique, & eft compofée d'ailleurs fur des Mémoires suspects & inexacts. Qu'on joigne à ces défauts les vices de l'élocution; c'en fera plus. qu'il n'en faut pour nous faire dire que M. Fleuri attend encore un Continuateur. Virgile attendroit auffi un Traducteur, fi nous n'avions de ce Poëte d'autre Traduction que celle de cet Oratorien, plus médiocre encore que la Traduction de Martignac.

FAGAN, [Chriftophe-Barthelemi ] né à Paris en 1702, mort en 1755e

Sans rien ôter de fa gloire littéraire, on auroit 'pu retrancher du Recueil de fes Œuvres un grand nombre de Pièces, & les réduire à trois ou quatre qui méritoient feules d'être recueillies. Le Rendezvous, la Pupille, l'Amitié Rivale, Joconde, font, fans contredit, ce qui le diftingue de la foule des Auteurs comiques de ce fiecle. Les deux premieres, fur-tout, font d'un comique agréable & piquant, d'un style fimple & fans prétention. Les caracteres y font variés, naturels; les perfonnages ne difent que ce qu'ils doivent dire. On n'y trouve point de ces tirades parafites, de ces portraits encadrés avec effort, & tout exprès pour exercer les mains du Parterre, qui n'applaudit jamais tant que dans le moment où fon jugement eft le plus offufqué. Ces deux petites Pieces reparoiffent fouvent, & les Amateurs de la bonne Comédie les revoient toujours avec le même plaifir. On reconnoît d'excellentes chofes dans l'Amitié Rivale & dans Joconde; mais il y a trop à defirer & à reprendre pour qu'on puiffe les ranger parmi les

bonnes Pieces.

M. Fagan étoit né avec du talent pour la Comédie; mais les chagrins qui le dévoroient ne lui permettoient pas de donner à fes Ouvrages la perfection dont ils étoient fufceptibles. Il devoit

beaucoup à la Nature, & il en avoit reçu les germes du génie. Il'auroit donc été plus loin, fans contredit, fi l'indigence n'eût pas été pour lui, comme pour beaucoup d'autres, le poifon mortel du génie. La trifteffe fombre, compagne inféparable du befoin, étouffa ou rétrecit les heureuses difpofitions que l'aifance l'auroit mis à portée de cultiver & de développer.

Ce feul exemple devoit fuffire pour engager les Mécènes modernes à mieux accueillir les vrais talens, & à ne pas accorder leur protection & leurs bienfaits à des Auteurs dont ils devroient être eux-mêmes les redoutables fléaux. C'est en demander peut-être trop. Les hommes, en général, n'approfondiffent jamais rien'; l'illufion, la flatterie, les décident ; & par-là le bon goût & la Littérature trouvent leurs premiers destructeurs dans ceux qui pourroient le plus aifément en foutenir les droits & en perpétuer la gloire.

FAILLE, [Germain DE LA ] Secrétaire perpétuel de l'Académie des Jeux Floraux, né à Caftelnaudari en 1616, morten 1711, Ecrivain laborieux, à qui la ville de Toulouse doit ses Annales, ouvrage plein de recherches très-bien di→ gérées. Ces Annales ont été fondues prefqu'en entier dans la grande Histoire de Languedoc, & ont épargné beaucoup de peine au Compilateur,

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[M. du Rozoi] qui a entrépris de les refaire, on plutôt de leur donner une nouvelle forme. Les autres Ouvrages de la Faille font moins connus parce qu'ils font moins utiles.

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FARET, [Nicolas ] de l'Académie Françoise, né à Bourg en Breffe en 1599, mort à Paris en 1646.

Ce vers & demi de Boileau,

Qu'on vit, avec Faret,

Charbonner de fes Vers les murs d'un Cabaret,

eft le feul monument qui nous refte de fa triste cé lébrité : il a été cependant Poëte, Traducteur, Hif torien, Académicien.

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De tous ceux qui ont travaillé pour le Théatre de l'Opéra-comique, il eft celui qui a le mieux faifi l'efprit de ce genre de Spectacle. Sans le furcharger ridiculement d'un fentiment froid & pué rile, fans y étaler une philofophie vaporeuse, propre à faire hurler la mufique ou la dénaturer, fans le parfemer de ces petits riens à prétention, qui ne font accueillis qu'au défaut de quelque chofe, ila tu y répandre de l'intérêt, du naturel, de la gaieté, de la fineffe, & tous les agrémens dont il eft

fufceptible; il a fu, en un mot, y peindre le vrai caractere de la Nation, que fes Rivaux ne s'occupent qu'à abâtardir & à défigurer. La Chercheufe d'ef prit fera toujours la plus agréable & la plus ingé nieufe de ces fortes de bagatelles, qui exercent tant de Chercheurs d'efprit, qui n'ont encore trouvé que le verbiage, la fadeur, & jamais le goût & la raison.

FAUCHET, [ Claude ] Préfident à la Cour des Monnoies de Paris, fa patrie, mort en 1601, âgé de 72 ans.

Il a beaucoup écrit fur les Antiquités, & parti culiérement fur celles qui ont rapport à l'Hiftoire de France. Ses Ouvrages, peu lus aujourd'hui, parce qu'ils font écrits d'un style dur & ennuyeux, dégoûterent, comme on fait, Louis XIII de toute autre espece de lecture. Il eft vrai qu'on avoit mal choifi l'Ecrivain, fi on vouloit inspirer à ce Prince du goût pour les Livres ; mais il faut conclure qu'il avoit naturellement peu de penchant à s'inftruire. Car enfin, feroit-on autorifé à fe dé goûter de la Poéfie, pour avoir lu les Vers de Char pelain, ou à profcrire la Tragédie d'après celles de MM. Marmontel & Lemiere ? D'ailleurs le Préfident Fauchet n'écrivoit mal, que parce que c'étoit un défaut affez général de fon tems, où la langue n'étoit pas encore formée. Ses Antiquités

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