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toujours beaucoup pour la gloire de Madame de la Fayette, d'y avoir mis le coloris, après que Segrais en eut tracé le dessein.

1. FEBVRE, [ Philippe LE ] Préfident Honoraire du Bureau des Finances de la Généralité de Rouen, fa patrie, né en 1705.

Plufieurs de fes petites Brochures, accueillies dans leur temps, annoncent en général un esprit qui n'eft point étranger à la Littérature; ce sont des Lettres fur différentes Pieces de Théatre, des Songes romanefques, & d'autres bagatelles. On ne doit pas s'attendre à vivre long-temps, quand on fe borne à des Pamphlets: quelques agréables qu'ils foient, ce ne font que les enfans du móment; un autre moment les méconnoît, les tue & les fait oublier.

M. le Febvre a donné encore une Hiftoire abrégée de la vie d'Augufte. Ce petit morceau d'Hiftoire eft d'une lecture intéreffante, & prouve que fes autres Ouvrages ne doivent l'oubli actuel où ils font, qu'au choix des sujets. Quiconque, avec des talens, veut travailler pour l'immortalité, doit s'attacher à des objets immortels.

2. FEBVRE DE SAINT MARC, [ CharlesHugues LE] né à Paris en 1698, mort en 17... Il a donné de nouvelles éditions de plufieurs

bons Auteurs modernes, auxquelles il a joint des notes & des réflexions. Il auroit dû s'abftenir d'inférer, dans l'édition des Œuvres de Chapelle, de Bachaumont, de Chaulieu, de Pavillon, des Pieces qui n'appartiennent point à ces Poëtes, ou qu'ils avoient rejettées eux-mêmes. Cette fureur de groffir indifcrétement les volumes, fous prétexte de les enrichir, eft commune à prefque tous les Editeurs ; & cependant point de moyen plus sûr de nuire au goût & à la gloire des Auteurs. On croit leur donner de la parure & de l'embonpoint; on ne leur rend que de vieux vêtemens réformés; on ne leur donne qu'une enflure hydropique, qui les défigure.

FELIBIEN, [André ] également connu fous le nom de des Avaux, Hiftoriographe du Roi, de fes Bâtimens, des Arts & des Manufactures de France, Membre de l'Académie des Infcriptions, né à Chartres en 1619, mort à Paris en 1695.

Perfonne n'a tant écrit fur la Peinture, la Sculpture, & l'Architecture. Son meilleur Ouvrage eft celui qui a pour titre: Entretiens fur les Vies & les Ouvrages des Peintres anciens & modernes, dont la meilleure édition eft celle de Trévoux, fix vol. in-12, 1725. Un jugement folide, un goût exquis, une méthode claire, des tours in

génieux, enrichiffent cette production dont le style eft néanmoins quelquefois diffus & peu châtié. Sa maniere de procéder eft la meilleure qu'on pût employer dans un Ouvrage de cette nature. Les principes y font exposés avec netteté, & les faits racontés avec intérêt. Il eft facile de juger que l'Auteur a vu de fes propres yeux ; qu'il a examiné & réfléchi avec foin fur la plupart des objets qu'il préfente au Lecteur. Felibien étoit ami du fameux Pouffin, qui ne contribua pas peu à perfectionner fon goût pour les Arts. Son Livre eft à la portée des Artiftes, des Amateurs de ceux même qui ne feroient ni l'un ni l'autre ; c'eft l'Ouvrage tout à la fois le plus agréable & le plus inftructif que nous ayons en ce genre.

Jean-François Félibien, fon fils, Historiogra phe des Bâtimens du Roi, Membre de l'Académie des Infcriptions, mort en 1733, eft Auteur d'un Recueil hiftorique de la Vie & des Ouvrages des plus célebres Architectes, qui est eftimé des Artiftes.

1. FÉNÉLON, [François DE SALIGNAC DE LA MOTTE] Archevêque de Cambrai, Précepteur des Enfans de France, de l'Académie Françoise, né en Quercy en 1651, mort en 1715; homme qui seul peut-être a eu le privilége de réunir les plus beaux

les plus heureux dons du génie, aux sentimens

de l'ame la plus élevée, la plus fenfible & la plus vertueule.

N'eût-il fait que le Télémaque, les premiers rangs de la gloire lui feroient affùrés dans la poftérité. Il a ajouté à l'éclat des grands talens le mérite des plus hautes vertus: c'eft plus qu'il n'en faut pour confacrer fon nom à l'amour & au repect, autant qu'à l'immortalité.

Avant lui, notre Nation étoit réduite à admirer chez les Anciens ou les Etrangers les beautés du Poëme épique: Fénélon parut, & nous lui dûmes la gloire de pouvoir offrir un chef-d'œuvre capable de furpaffer peut-être, ou du moins de balancer la gloire de ceux qui l'avoient précédé.

Quelques-uns de nos Littérateurs modernes ont prétendu & soutiennent encore, que le Télémaque n'eft point un Poëme. Cette affertion a trouvé bien des partifans ; mais a-t-on cru aveugler les efprits, au point de leur faire oublier les principes & la vérité? Pour nous, qui ne connoiffous que ces deux intérêts, en matiere de Littérature nous ne craignons pas d'affûrer que cet Ouvrage eft non-feulement un Poëme, mais encore un des plus beaux Poëmes épiques qui aient été faits.

Qu'est-ce en effet que l'Epopée ? Ce mot Grec n'a jamais fignifié autre chofe que récit, narration. Il eft vrai que l'Epopée doit s'attacher au récit

d'une action grande, merveilleufe, intéreffante, propre à exciter l'admiration, & à inspirer la vertu. Ces différens refforts ne fe trouvent - ils pas raffemblés dans le Télémaque? En vain nous dira-t-on que la Fable ou l'action de l'Epopée doit être racontée par un Poëte ; il faut entendre d'abord l'idée qu'on attache à ce

mot.

La Poéfie n'a jamais été & ne fauroit être regardée que comme une imitation de la nature, la peinture des objets & des paffions: le but du Poëte doit donc être de peindre. Or, quel Peintre tout à la fois plus vigoureux, plus tendre, plus animé, plus fécond, plus varié, plus naturel & plus vrai que Fénélon! L'Eloquence peint fans doute; mais dira-t-on pour cela qu'un Orateur foit Poëte? Ce qui diftingue la Poéfie de l'Eloquence, c'eft la fiction, la vivacité des figures, la hardieffe de l'expreffion, la richesse & la multiplicité des images, l'enthousiasme, le feu, l'impétuofité, les divers efforts du génie. L'Orateur peut employer quelquefois ces refsources, mais dès qu'il les prodigue ou les excéde, dès qu'il en fait la bafe de fes Difcours, il ceffe d'être Orateur, parce que tous les Arts ont leurs li

mites.

Si on ajoute que la yerfification a toujours été le caractere & le figne diftinctif de la Poéfie, il

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