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lui furvivront en effet. Les recherches pénibles & curieufes qu'ils fupposent, la maniere nette & précise dont elles font préfentées, éleveront cet Ouvrage bien au deffus des Productions qui ne font que favantes. Il eft diftribué par Cahiers, & le Public a déjà accueilli, avec diftinction, tout ceux qui ont paru. L'âge déjà avancé de cet Auteur ne paroît pas ralentir fon travail, & le mérite de ce travail doit porter à defirer qu'il puiffe le continuer long-temps.

DANET, [ Pierre] Abbé de St. Nicolas de Verdun, mort à Paris en 1709.

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Tant que la Langue Latine fera cultivée parmi nous on fentira l'utilité de fes Dictionnaires François-Latin, & Latin-François. Ils furent tous deux compofés pour l'inftruction de M. le Dauphin, fils de Louis XIV. Ceux qui ont travaillé depuis à des Ouvrages claffiques, en ont fenti toute l'utilité & en ont fait ufage. Si jamais cette partie de l'éducation eft négligée parmi nous, ce ne fera pas faute de fecours. L'esprit de systême qui s'étend fur l'étude des Langues, comme fur toutes les autres Sciences, pourra bien condamner la méthode des Anciens, qui avoit besoin, à la vérité, d'être réformée ; mais on eft encore à attendre les fuccès folides, annoncés avec em

phase dans les différens Prospectus que l'expérience n'a pas justifiés.

On a auffi de M. l'Abbé Danet un Dictionnaire des Antiquités Grecques & Romaines, Ouvrage où l'on trouve beaucoup de recherches, qui en ont épargné à ceux qui ont travaillé depuis fur le même objet.

1. DANGEAU, [Louis DE COURCILLON DE] Abbé de Fontaine, de l'Académie Françoise, né à Paris en 1643, mort dans la même ville en 1723.

Les Lettres qu'il aimoit avec passion, lai font redevables de plufieurs Méthodes, beaucoup plus nettes & plus faciles que les anciennes pour apprendre l'Hiftoire, la Géographie, les Généalogies, le Blafon, &c. Il a compofé fur ces différentes parties des Traités fort eftimés, mais très-rares, parce qu'il les faifoit imprimer lui-même, & avoit foin qu'on n'en tirât que très-peu d'Exemplaires.

2. DANGEAU, [ Philippe DE COURCILLON, Marquis DE ] frere du précédent, de l'Académie Françoife, & de celle des Sciences, né en 1638, mort à Paris en 1720.

Il doit fa célébrité à des Mémoires manuf

erits, où M, de Voltaire, M. le Président Hénault, & M. de la Beaumelle ont puisé bien des anecdotes. Il est très-vraisemblable que M. le Marquis de Dangeau, un des Seigneurs les plus accrédités à la Cour de Louis XIV, ait pu éclaircir beaucoup de faits, donner le nœud de certaines intrigues, & dévoiler les refforts de la plupart des événemens de fon temps; mais une chofe inconciliable, c'eft de voir l'Auteur du Siecle de Louis XIV, tantôt le citer pour appuyer ce qu'il dit, tantôt rejetter fon témoignage, en attribuant à un Valet de Chambre mbécille les Mémoires qui portent fon nom. Si M. de Voltaire a toujours cru que ces Mémoires fuffent l'ouvrage d'un Valet de Chambre, pourquoi s'en appuyer dans tant d'occafions? N'eftce pas vouloir créer des êtres & les détruire à fon gré? Et eft-ce avec de pareilles refsources qu'on peut prétendre à la gloire de dire la vérité, & à celle de bien écrire l'Hiftoire.

DANIEL, [ Gabriel] Jéfuite, Hiftoriographe de France, né à Rouen en 1649, mort à Paris en 1728.

Avant de travailler à l'Hiftoire de France, il avoit compofé plufieurs Ouvrages, entr'autres, une Réponse aux Lettres Provinciales. On croira aifément que cette Réponse ne fut point accueillie

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comme les Lettres l'avoient été. Si le P. Dantel prétendoit avoir pour lui la raison & la vérité, fon Adverfaire avoit eu en fa fayeur, ce qui a plus d'afcendant fur l'efprit des hommes, les armes du ridicule & de la bonne plaifanterie. D'ailleurs l'impreffion étoit déjà faite & irrévocable; le Jéfuite ne répondit au Satyrique du Port Royal que long-temps après la publication des Provinciales, & les efprits étoient prévenus.

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L'Hiftoire de France eft ce qui établit à juste titre la célébrité du P. Daniel. M. de Voltaire en trouve le Style trop foible; il ajoute que l'Auteur n'intéresse pas, qu'il n'eft pas Peintre.* Il est vrai qu'on chercheroit en vain dans le P. Daniel l'abondance des images, la vivacité des peintures, l'appareil des fentences, la force & l'énergie de l'expreffion. Cet Ecrivain n'a d'autre mérite que celui de la méthode, de la fimplicité, de l'exactitude, & de la clarté ; mais M. de Voltaire, en bon Juge du style historique, n'auroit-il pas dû préférer dû préférer ces qualités au brillant, à l'enthousiasme, à l'efprit de fyftême, qui forment précisément les mauvais Hiftoriens ? Pouvoit-il ignorer que le premier devoir d'un Hiftoriographe est d'être en garde contre son imagi

* Catalogue des Ecrivains du Siecle de Louis XIV,

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nation; qu'un efprit réfléchi eft plus judicieux qu'un esprit plein de chaleur; qu'il eft plus essentiel de s'occuper à chercher, à démêler, à établir, à présenter la vérité, qu'à la défigurer en la chargeant d'ornemens; qu'une hiftoire doit être regardée comme irréprochable, quand la narration est claire, suivie, exacte, quand les faits n'offrent rien de falfifié ou d'exagéré, le ftyle, rien d'artificieux & de paffionné, la chronologie, rien d'obfcur ni d'embrouillé ? Si ces loix, indifpenfables pour être bon Historien, ne s'accordent pas avec les principes qu'il s'eft faits à lui-même, dans fon Effai fur l'Hiftoire générale, dans fon Hiftoire de Charles XII, dans celle du Czar Pierre I; on ne peut conclure autre chofe, finon que les Ouvrages que nous venons de nommer ne font pas des Hiftoires, & que celui du P. Daniel en est véritablement une. On peut ajouter encore avec M. de Voltaire lui-même, que cet Hiftorien eft inftruit, exact, fage & vrai, & que l'on n'a pas d'Hiftoire de France préférable à la fienne. *

M. le Préfident Hénault, à qui on peut s'en rapporter fur cette matiere, a justifié le P. Daniel fur la partialité qu'on lui a imputée. Cet Hiftorien, dit-il, eft plus impartial & plus inftruit que

* Même Ouvrage & même article que ci-devant.

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