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FONTANELLE, [Jean-Gafpard DE] né à Grenoble en 1737.

Avec plus de travail, fes Ouvrages, qui annoncent des difpofitions heureuses, feroient parvenus à une plus grande perfection, & auroient eu de plus grands fuccès. Il eft impoffible de ne pas fentir que cet Auteur eft en état de mieux faire, & que trop de rapidité & de négligence dans la compofition, ôte aux productions de fa plume un caractere qui pourroit les rendre dignes de lui.

Dans fa Tragédie d'Ericie, ou la Veftale, il n'a pas fu affez réprimer les effervefcences de fon imagination fes penfées font fouvent fauffes, & plus fouvent encore trop hardies. Malgré cela, cette Piece eft fupérieure à la Mélanie, fi vantéc dans le Mercure, où M. de la Harpe, qui travailloit à ce Journal lorfque cette derniere Tragédie parut, ne s'eft point épargné les transports d'admiration. Le sujet, la marche, les caracteres, dans la Veftale, font infiniment mieux présentés, mieux foutenus, l'intérêt plus vivement développé, le ton plus noble, plus tragique. Cette Piece a encore l'avantage d'avoir fervi de modele à M. de la Harpe, qui, en qualité d'Imitateur, devroit être un peu plus modefte.

La Traduction des Métamorphofes d'Ovide, par M. de Fontanelle, annonce une plume finon

auffi exercée & auffi élégante que celle de l'Abbé Bannier, qui a traduit le même Ouvrage, du moins plus exacte, & capable de faire paffer dans notre langue, les graces & la facilité de l'ingénieux Poëte de Sulmone.

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FONTENAI, [Louis - Abel] Abbé, né à Caftelnau de Braffac, Diocefe de Caftres, en 1736.

Après avoir fait passer dans notre langue plufieurs morceaux intéressans de la Littérature Italienne, & avoir publié un excellent Dictionnaire hiftorique des Artiftes, en deux gros vol. in-8°, il a fuccédé à M. de Querlon dans la rédaction des Annonces & Affiches pour la Province; & fi cette Feuille a dégénéré du côté du style, elle n'a rien perdu du côté de la folidité des principes, de la jufteffe de la critique, & de l'honnêteté des jugemens. Aux qualités qui caractérifent le fage & bon Littérateur, M. l'Abbé de Fontenai réunit des mœurs douces & aimables, qui le font chérir & rechercher de tous ceux qui le connoiffent perfonnellement.

FONTENELLE, [Bernard LE BOUVIER DE ] de l'Académie des Sciences, dont il fut Secrétaire pendant 22 ans, de l'Académie Françoife, de celle des Infcriptions, & de plufieurs autres

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né à Rouen en 1657, mort à Paris en 1757.

Son nom peut fervir à deux époques différentes dans l'Hiftoire, chez notre Nation: au développement de la Philofophie, & à la corruption du goût.

que

En envisageant M. de Fontenelle comme Poëte, il faut oublier, pour fa gloire, qu'il a fait des Tragédies, des Comédies, &c. & ne se ressouvenir de l'Opera de Thétis & Pélée. Ses autres Poéfies paroîtront également médiocres à ceux qui préferent le naturel à l'affectation du Bel-efprit. Ses Eglogues fur-tout font des entretiens de Petits-Maîtres raffinés, & non des Paftorales, dont la candeur & la fimplicité doivent faire le premier agré

ment.

Comme Profateur, il feroit dangereux de prendre, en tout, fa maniere d'écrire pour modele. La fineffe & l'agrément trop recherché, qui regnent dans fa profe, font des amorces féduifantes, propres à égarer les jeunes efprits. Les Lettres du Cheyalier d'Her*** font aujourd'hui regardées, avec raifon, comme l'antipode du ftyle épiftolaire. Les Dialogues des Morts ne font que des affauts de penfées brillantes, où l'Auteur cherche plus à étonner par les Interlocuteurs difparates, qu'à inftruire en développant le vrai caractere. Ce n'eft pas ainfi qu'on écrit la morale; l'étalage de l'efprit ne peut que l'affoiblir. On ne goûte, en

ce genre, que ce qui part du cœur & de la ra fon.

Si l'Ecrivain dont nous parlons étoit réduit à la feule gloire d'avoir mis au jour de pareilles Productions, fa célébrité auroit fini avec sa vie, & même avant. Mais en reconnoiffant les défauts du Bel-efprit, on ne peut s'empêcher de rendre justice au Philofophe. Le talent particulier qu'il a eu de mettre à la portée de tout le monde les matieres les plus abftraites; de revêtit de la clarté & des agrémens du ftyle les fujers les plus ingrats; de répandre dans fes Ouvrages les connoiffances les plus étendues fans affectation, avec ordre & dans la plus grande précision ; de dominer, par l'aifance de fon efprit, tout ce qui fe. préfentoit fous fa plume, dans les genres les plus oppofés & les plus difficiles; lui affùre la gloire d'une intelligence prompte, fine, profonde, & celle du mérite rare d'avoir fu communiquer aux autres, fans effort, ce qui paroiffoit, avant lui, au deffus de la pénétration du commun des Lec

teurs.

C'est ce qu'il eft facile de remarquer dans fon Livre fur la Pluralité des Mondes, dans fon Hiftoire de l'Académie des Sciences, & dans les Eloges qu'il a faits de plufieurs Académi

ciens.

Le premier Ouvrage fait admirer un efprit lu

mineux qui fe joue de l'embarras des fyftêmes procéde avec dextérité à travers les contradictions, développe fans gêne les principes qu'il a établis, & fait adopter fes idées, non en faisant fentir la touche intime de la perfuafion, encore moins la force de la conviction, mais par le talent de plaire & d'amufer. L'adreffe & la fubtilité font la fource de tout le preftige.

L'Hiftoire de l'Académie, anffi bien que les Eloges des Académiciens, forment une espece d'Encyclopédie, où tous les genres de savoir se réuniffent, & font traités d'une maniere conforme à leur objet. L'Aftronome comme le Moralifte, le Médecin comme le Géomètre, le Chymiste comme le Méchanicien, le Philofophe comme: l'Homme d'Etat, y reconnoiffent l'Homme fu-. périeur dans chacune de leurs parties, comme s'il ne se fût attaché toute fa vie qu'à elle feule.

On ne fauroit donc lui refüfer la qualité d'esprit univerfel. Il n'a rien inventé, il eft vrai,. mais il a su se rendre propres les découvertes des autres, en y ajoutant des traits de lumiere qui: n'ont pas peu fervi à les faire valoir. Le Livre de Vandale fur les Oracles, fût tombé dans l'oubli, fi sa plume ne lui eût prêté des agrémens, qui ont fait difparoître la féchereffe de l'Original. On fait que cette Traduction excita de grands débats, &, que le P. Baltus entreprit de réfuter le fyftême du

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