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Traducteur. La modération de M. de Fontenelle, dans cette circonftance, doit fervir de modele à tout Auteur raisonnable. Il étoit Philofophe dans toute l'étendue du terme & cependant il fut toujours éloigné de ce ton dogmatique, de ce ftyle. avantageux, de cet orgueil apprêté, de cette aide reffentiment, de cette intolérance prefque fanatique, qui fait le caractere dominant de ceux qui ne font Philofophes que dans le fens actuel. S'il s'égara dans fes idées, il n'eut pas la témérité de les réduire en fyftême; s'il avança quelques propofitions un peu hardies, il ne les défendit pas avec opiniâtreté; s'il eut quelques démêlés littéraires, il les foutint conftamment avec honnêteté, ou les termina par un filence, toujours fage quand on n'offre aux autres que des découvertes oppofées aux idées reçues. Ces qualités rendirent au moins fa philofophie respectable dans fes fentimens, quoiqu'elle ne fût pas toujours sûre dans fes maximes.

On lui a reproché, dans la Société, un égoïfme qui rapprochoit tout de lui-même; c'est un grand défaut, fans doute, mais on peut le lui pardonner, en ce qu'il a pris foin de le cacher autant qu'il a pu, & qu'il n'a pas cherché à l'inspirer par fes Ecrits, comme nos Moralistes mo-dernes qui en font la bafe du bonheur de l'humanité, & croient s'acquitter envers la Patrie, ca

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vers le

genre humain , par un amour universel pour les individus qui le compofent.

L'Abbé Trublet a fait une espece de Fontenelliana, où l'Admirateur enthoufiafte fe fait fentir à chaque ligne. Ce n'eft pas ainfi qu'on fait valoir les Grands Hommes ; ce n'est pas non plus d'après de tels Panégyriftes qu'on doit les juger. La fineffe, les graces, l'abus de l'imagination, la fubtilité de l'efprit dans le ftyle: le même efprit doué de la plus grande pénétration, étincelant des plus vives lumieres, enrichi des plus vaftes connoiffances; tels font les défauts & les qualités qui fixeront le jugement qu'on doit porter de M. de Fontenelle, comme Littérateur & comme Philofophe.

FORBONNAIS, [VERON DE ] Infpecteur Géral des Monnoies de France, Confeiller au Parlement de Metz, né en 17..

Les Ouvrages de cet Auteur, qui font en très-grand nombre, ont prefque tous pour objet les Finances, le Commerce, & font remplis d'excellentes vues. La maniere noble, facile, & -fouvent élégante avec laquelle ils font écrits, eût été capable d'embellir & de faire goûter des Productions purement littéraires, s'il s'y fût attaché. M. Thomas en a fenti tout le mérite, &

ya puifé les principés d'administration & d'économie dont il a enrichi fon Eloge du Duc de Sully.

FORCE, [ Charlotte-Rofe DE CAUMONT, Demoiselle DE LA] née en Guienne en 1650, morte. à Paris en 1724.

On a d'elle feize Romans, dont quelques-uns font en plufieurs volumes. Ils annoncent en général beaucoup d'imagination, de l'efprit & le talent d'écrire. S'il y régnoit plus de vivacité & de précifion, on pourroit les préférer au déluge de Productions de ce genre dont le Public eft inondé tous les jours. Ils ont un avantage qui doit les faite accueillir avec plus d'indulgence, c'eft que l'hiftoire y eft mêlée avec la fiction. Les Personnages qu'elle y introduit ont prefque tous exifté leurs aventures font conformes au caractere qu'on leur connoît. On fent bien que l'exactitude hiftorique y eft très-peu obfervée ; mais tant d'Hif toriens ont donné des Romans pour des Hiftoires, que celles de Mlle de la Force, qui n'en ont pas la prétention, ne doivent pas être jugées à la rigueur. Ses Contes de Fées font pleins de variété, d'intérêt & de morale.

&

* Voyez les Recherches fur les Finances, par M. Veron de Forbonnais.

Elle cultiva auffi la Poéfie. On trouve dans fon Poëme, adreffé à la Princeffe de Conti, & dans une Epître à Madame de Maintenon, des détails très-heureusement rendus. La fortune ne répondit pas à l'éclat de fa naiffance, ni au mérite de fon efprit, fi on en juge par les Vers qu'elle adrefsoit à cette derniere.

Ton fort eft glorieux, & le mien eft fatal:
Nos aïeux, autrefois, marchoient d'un pas égal;
Cependant entre nous que je vois de distance,
Et combien ton mérite y met de différence! &c....

1. FOUCHER, [ Simon ] né à Dijon en 1644 mort à Paris en 1696, a été furnommé le Restaurateur de la Philofophie Académicienne, dont il a compofé une affez bonne Hiftoire. On doit lui favoir gré de l'Hiftoire; mais la Restauration de la Philofophie des anciens Académiciens fera toujours d'un très-petit mérite auprès des gens fenfés.

Il a compofé outre cela une vingtaine d'Ouvrages qu'on ne prendra pas fans doute foin de reftaurer. On eftime pourtant celui qui a pour titre: Differtation fur la Recherche de la Vérité, fuivie d'un examen particulier des fentimens de Defcartes. Malgré l'eftime qu'on a pour cet Ouvrage, Simon Foucher ne fera jamais qu'un Philofophe très-obscur.

2. FOUCHER, [Paul] Abbé, de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, Cenfeur Royal, né à Tours en 1704.

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On trouve dans le Recueil de l'Académie dont il eft Membre, onze ou douze Mémoires qui complettent un Traité hiftorique de la Religion des anciens Perfes. Il eft facile de juger par eux que M. l'Abbé Foucher joint le mérite des recherches à l'art de les mettre en œuvre, & à celui de les rendre agréables, intéreffantes à la lecture. Si tous les Mémoires des derniers volumes du Recueil de la même Académie étoient travaillés avec autant de foin, on ne feroit pas dans le cas de fe plaindre que l'érudition a dégénéré parmi nous. Ce n'eft que d'après les fources mêmes qu'on peut éclaircir les traditions obfcures. La répétition de ce qu'ont dit les Ecrivains fecondaires ne porte qu'une lumiere foible, dont on reconnaît l'origine, malgré les efforts qu'on fait pour la cacher.

FRAGUIER, [ Claude-François ] Abbé, de l'Académie Françoise & de celle des Inscriptions, né à Paris en 1666, mort dans la même ville en 1728.

Cet Auteur a fu parer des graces de la Littérature les richeffes de l'Erudition. La connoiffance du Grec, du Latin, de l'Italien, de l'Espa

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