gnol & de l'Anglois, n'affoiblit point en lui le véritable goût de fa langue. Dans les Poéfies Latines, on trouve une élégance & une urbanité qui en rendent la lecture intéressante, quoique les différens sujets n'en foient pas toujours intéressans. Plein de la Philofophie platonicienne, il la mit en Vers Latins, fous le titre d'Ecole de Platon. Ce Poëme eft marqué au coin d'un génie aussi facile qu'aimable; l'Homme de goût, le fage Moraliste, l'Ecrivain élégant, s'y montrent tourà-tour. Ce font peut-être les plus beaux vers qu'on ait faits depuis Ovide, dont ils retracent la maniere.

L'Abbé Fraguier ne mérite pas moins d'éloges pour les Ouvrages de pure érudition. Ses Differtations, inférées dans les Mémoires de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, font autant de morceaux précieux qui enrichiffent ce Recueil, & prouvent que la délicateffe de notre langue n'étoit pas moins familiere à leur Auteur celle des Latins.

› que

FRANC, [ Jean-George LE ] ci-devant Evêque du Puy, aujourd'hui Archevêque de Vienne, né à Montauban en 17:4.

Un efprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & fouvent élégant, font les principaux traits qui dominent dans fes Ouvrages, dont la

plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules. Celui qui a pour titre : l'Incrédulité convaincue par les Prophéties, eft un des meilleurs Livres qu'on ait faits en ce genre; on y trouve une logique preffante & des raisonnemens aufli clairs que profonds, qui ne laissent rien à defirer au Lecteur. Cet Ouvrage eft le plus sûr préfervatif contre la féduction des Ecrits philofophiques. Il fera toujours aifé à un efprit raisonnable de fentir une extrême dif❤ férence entre l'Homme qui raisonne fur des principes folides, & le Differtateur captieux, dont les idées ne marchent qu'au hafard, & fans aucune liaison.

L'Inftruction paftorale fur la prétendue Philofophie des Incrédules modernes ne fait pas moins d'honneur au zele & aux talens de ce Prélat; il y eft également clair, également profond, également nourri de l'Ecriture fainte & de l'Erudition littéraire. C'eft principalement à cet Ouvrage qu'il doit les farcalmes que feu M. de Voltaire n'a pas rougi de lancer contre lui. Cette Inftruction demandoit des réponses, & le prétendu Evêque d'Aléthopolis n'y a répondu que par de fades bouffonneries. Telle eft la méthode des DomQuichotes de l'impiété : ils ne font braves que lorfqu'il faut combattre des moulins à vent. Dès qu'ils rencontrent un Athlète réel, ils efquivene

le combat, & croient fuppléer, par des pantalo nades, à ce qui leur manque du côté de la vigueur. Il eft vrai qu'ils amufent par-là le peuple & les efprits légers; mais les efprits éclairés n'en reconnoiffent que mieux leur foibleffe, & bientôt les fots mêmes feront forcés d'ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaiffent.

M. l'Archevêque de Vienne a porté de nouveaux coups aux prétendus Sages de nos jours, dans un Quvrage qui a pour titre : la Religion vengée de P'Incrédulité par l'Incrédulité elle-même, auquel on ne peut oppofer que des réponses futiles ou de mauvaise foi.

כל

On doit encore à ce Prélat, dont les mausS n'ont jamais démenti les Ecrits, l'Avertissement adreffé, par l'Affemblée générale du Clergé de France, tenue en 1775, aux Fideles de ce Royaume, fur les avantages de la Religion & les effets pernicieux de l'Incrédulité « ; Ouvrage plein d'éloquence & de cette raison qui éclaire & perfuade les efprits les moins difpófés à goûter la vérité. Pour mettre nos Lecteurs en état d'en juger, il nous fuffira de citer une des réflexions de l'Auteur fur la doctrine défefpérante de ceux de nos Philofophes qui n'offrent, pour toute confolation, à l'humanité fouffrante ou malheureuse, que l'attente du néant & la réfolution de le hâter. par une mort volontaire. Que fignifie cette der

» niere refforce dans les fouffrances? Elle veut

dire le malheureux doit être confolé par que la certitude de n'être jamais heureux; comme fi l'on fe flattoit d'encourager un Navigateur, » battu de la tempête, en l'assûrant qu'il n'y a → plus de port ni de rivage pour lui; mais que, » devant être submergé fous les débris de fon » vaiffeau, il ne tient qu'à lui de prévenir ce » défaftre & de fe jetter dans la mer «.

FRANC, [Jean-Jacques] frere du précédent, voyez POMPIGNAN.

FRANCHEVILLE, [ Jofeph DUFRESNE DE ] de l'Académie de Berlin, né à Dourlens dans la Picardie, en 1704.

pu

On eût d'abord être tenté de croire que ce nom, placé à la tête de la premiere Edition de l'Hiftoire du Siccle de Louis XIV, étoit un de ces noms de guerre dont M. de Voltaire avoit coutume de parer le frontispice de fes Ouvrages; mais il cft très-afsûré qu'il eft celui d'un Auteur exiftant. Le Public eût été cependant excufable de s'y méprendre; car les Histoires, les Journaux, les Ecrits polémiques de M. de Francheville font abfolument inconnus aujourd hui. Si cet Auteur eft mort pour fon compte, il vivra du

moins à la faveur d'une Production étrangere, & fon nom pourra figurer parmi ceux des Editeurs faciles & indulgens à l'égard des Ouvrages qu'ils donnent au Public.

1. FRANÇOIS I, Roi de France. Nous le plaçons ici en qualité de ReRaurateur des Lettres, & comme ayant été capable de les honorer par fes Ouvrages, fi les foins du Gouvernement lui cuffent permis de cultiver davantage fes talens pour la Poéfie.

Ce Monarque a réuni da s fa perfonne les dons heureux qui font les Héros & qui forment les génies aimables. Intrépide, généreux, affable, spirituel, amateur de l'étude, & fur-tout de la lecture des Anciens, il procura aux Lettres, par les bienfaits, ce qu'il auroit voulu leur procurer par fes travaux. Les Savans de toutes les Nations éprouverent fa libéralité, & la plupart furent appellés à fa Cour. Il fonda des Colléges, établit des Imprimeries, & fit adopter à la Jurifprudence la langue Françoise, au lieu de celle des Latins qui avoit été jufqu'alors en ufage dans les Arrêts & dans les Contrats. Quelques morceaux de Poéfic qui nous restent de lui, font juger qu'il auroit pu figurer avec éclat parmi les bons Poëtes que fa protection fit éclore. L'Epitaphe dont il honora le tombeau de la belle