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de Defpréaux & de J. B. Rouffeau, contre MM. Diderot, d'Alembert, Marmontel, Condorcet, &c, qui cependant ont fait leurs efforts pour démontrer, que l'un n'étoit pas Poëte, & que l'autre n'étoit qu'un Verfificateur.

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Après de fi lourdes méprifes, quel contrafte ! Des éloges prodigués aux Littérateurs les plus minces; de l'indulgence pour des Productions foibles; de l'encens pour des minuties. M. Freron nous apprend, il eft vrai, » qu'il avoit à craindre le mécontentement de plufieurs puif» fans Mécènes pleins d'entrailles pour leurs chers petits Rimailleurs, ou leurs infipides Romanciers; que fes amis ont été cent fois le » trouver lorsqu'il paroiffoit un Ouvrage nouveau, pour l'engager à n'en pas dire du mal, parce que l'Auteur étoit vivement protégé par tel Prince, ou tel Duc, ou telle Dame, qui ne » manqueroit pas d'employer contre fa perfonne » & fon Journal toutes les refsources du cré» dit *.cs.

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Que ne s'étoit-il fait Philofophe, ce M. Freron! il auroit pu alors impunément attaquer les Grands Hommes, donner des Brevets d'honneur aux petits, en obtenir un pour lui-même, & ef

* Voyez l'Année Littéraire, 1754, som

pérer de figurer, après la mort, dans le Calendrier des véritables Gens de Lettres.

FRESNAYE, [Jean VAUQUELIN, fieur DE LA]

mort en 1620.

Ami de Malherbe, & fon compatriote, il s'exerça comme lui, dans la Poéfie, fans avoir les mêmes talens, & n'eut pas, par conféquent, les mêmes fuccès. On lui doit cependant le premier exemple du mêlange de la Profe avec les Vers, genre de compofition tout à la fois commode, & · capable de faire naître l'agrément & la variété, quand un efprit fécond & délicat fait le manier à propos. Il eft auffi le premier qui ait donné des Idylles en notre langue.

Le Public doit toujours un tribut de reconnoiffance à ceux qui lui ont procuré quelque nouveau plaifir. Il n'en eft pas certainement dans la Littérature comme dans la Nobleffe: l'Auteur -d'une grande Maison eft ordinairement un hom me d'un grand mérite, & c'est de lui qu'on fe fait gloire de dater; tandis que le plus fouvent -un Ecrivain obscur est l'inventeur d'une nouvelle génération poétique. Mais fon obfcurité n'est pas une raifon pour fe difpenfer de l'hommage qu'on doit à fon invention.

FURETIERE, [ Antoine] Abbé de Chalivoy.

de l'Académie Françoise, né à Paris en 1620,

mort en 1688.

Il fut exclu de l'Académie, parce qu'on l'ac cufa d'avoir profité du travail de fes Confreres pour compofer le Dictionnaire Univerfel qui porte fon nom. On vit dans cette occafion un procès intenté pour des mots. Furetiere défendit fa cause avec vivacité; mais les injures qu'il ajouta aux raisons, la lui firent perdre. Son Dictionnaire fat néanmoins donné au Public quelques an nées après fa mort, & eut même plufieurs Editions; on pouvoit le regarder comme le meilleur avant que le Dictionnaire de Tré

en ce genre, voux eut paru.

Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer, au fujet de ce dernier, qu'à force d'avoir cherché à l'enrichir, on l'a tellement furchargé d'exemples & augmenté de volumes, qu'on en a rendu l'ufage auffi difficile que l'acquifition coû teue. L'abrégé qu'on en a donné, a un autre inconvénient; il eft trop fuccinct & trop dépourvu d'autorités. Dans les Ouvrages d'utilité publique, il n'eft pas moins effentiel d'éviter une amplification indiscrete, qu'une abréviation famélique.

Furetiere eft encore connu par le Roman Bourgeois, production burlefque qui pourroit être agréable, fi le Roman comique de Scarron n'en furpaffoit la plaifanteric.

FURGAULT, [ Nicolas ] Profeffeur Emérite en l'Univerfité de Paris, né dans le Diocese de Châ

lons, en 1706.

Nous parlerons toujours avec eftime de ceux qui, comme lui, fe font occupés avec fuccès de l'inftruction de la Jeuneffe. Non-feulement il a rempli avec mérite cette utile fonction ; il a encore fu profiter de fes momens de loifir pour étendre davantage l'utilité de les travaux. Sa Grammaire Grecque, deftinée à faciliter l'intelligence de la Langue d'Homere & de Platon, eft un Traité auffi clair que méthodique, de tout ce qui est néceffaire pour remplir le but qu'il s'eft propofé. En fait de Livres élémentaires, le nombre des Editions eft une preuve de la bonté de l'Ouvrage: le fien a été réimprimé plufieurs fois. Pour completter fon Cours d'enseignemens, à cet égard il a donné depuis un Dictionnaire d'Antiquités Grecques & Romaines, qui ne doit pas être confondu avec ces Compilations faméliques, que le commandement d'un Libraire fait éclore fous une plume mercenaire, auxquelles la précipitation & la négligence préfident, &, que le Public réprouve, en murmurant contre le Compofiteur & le Vendeur. Il paroît, au contraire, travaillé avec foin ; il annonce une étude profonde & réfléchic, une critique éclairée, & l'Auteur a l'attention de n'y

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rien avancer, qui ne foit puifé dans les fources, & appuyé fur le texte des originaux.

FUZELLIER, [ Louis ] né à Paris, mort en 1752, Poëte médiocre, qui a fucceffivement travaillé pour les trois Théatres, avec plus de facilité que de génie. De toutes les Pieces qu'il a compofées, il n'y en a guere que trois ou quatre qui ayent eu des fuccès durables, Momus Fabulifte, Comédie en un Acte & en profe, eut trente repréfentations. On fait que cette Piece eft une critique ingénieufe des Fables de la Mothe. Les autres Drames de Fuzellier, qui ont réuffi, appartiennent au Théatre de l'Opera, où l'on donne encore le Carnaval du Parnaffe, & les Fêtes Grecques & Romaines.

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