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GACON

G

ACON, [ François ] Prieur de Bailon, né à Lyon en 1666, mort en 1755, Verfificateur fatyrique, qu'on furnomma le Poëte Sans fard, & qui auroit eu besoin d'en employer pour relever la platitude de fes Satyres. Ce genre de compofition eft inexcufable, quand la bile & la groffiéreté y regnent ; & l'on fe rend justement odieux, quand, en disant du mal des autres, on fournit, par la maniere, des armes légitimes contre foi.

On peut à Despréaux pardonner la Satyre ;

Il joignit l'art de plaire, au malheur de médire.
Le miel que cette abeille avoit tiré des fleurs,
Pouvoit de fa piquure adoucir les douleurs.

Pour Gacon & tous fes Imitateurs, ils ne doivent attendre que l'indignation, ou pour mieux dire, le mépris public. Ses Difcours fatyriques fur toutes fortes de fujets, ne font effectivement qu'un Recueil de platitudes rimées, dont la pensée & l'expreffion offrent un objet de dégoût continuel au Lecteur. Son Homere vengé eft un Ouvrage pi

* Discours fur l'Envie, par M. de Voltaire.

toyable où il n'y a que des injures. Il y fait un reproche à la Mothe Houdart d'être aveugle, ce qui eft une atrocité. Plus d'un Philosophe a fouvent reproché à fes Adverfaires leur naiffance, leur état, leur peu de fortune. La richeffe, l'opulence, la nobleffe, le crédit, feroient-ils donc des titres pour avoir raison en littérature ? Et la jufteffe & la vérité des idées doivent-elles plier fous de femblables autorités? La Critique a fes bornes. Tout ce qui ne contribue pas à prouver la bonté d'une cause, la décrédite néceffairement. L'Homere vengé donna lieu à cette Epigramme:

En vain des ficcles triomphant,

De l'Univers entier Homere eut le fuffrage;
Le plus honteux revers l'attendoit dans notre âge :
Houdart l'attaque, & Gacon le défend.

Gacon a fait auffi un Anti-Rouffeau, qui renchérit encore fur la turpitude de fes autres Ouvrages. Les injuftices, les calomnies, les imputations y forment un tiffu d'abominations qui révolte. La honte d'avoir marché fur les traces de Gacon eft bien propre à humilier ceux qui, depuis lui, ont attaqué notre Horace François. Autant il eft humiliant pour fes Adversairès de se trouver en mauvaise compagnie, autant il eft glorieux pour lui de n'avoir eu que des Adverfaires qu'on peut justement mépriser.

- GAICHIEZ, [ Jean] Oratorien, de l'Académie de Soiffons, mort à Paris en 1731, âgé de 83 ans.

Cet Auteur a peu écrit, & n'a pas même mis fon nom à fes Ouvrages, attention qui ne peut être que le fruit d'une timidité exceffive, ou d'une très-grande modeftie. A juger de fon mérite par fon Livre des Maximes fur le Miniftere de la Chaire, il pouvoit, avec affürance, se montrer au grand jour. On ne fauroit trop defirer que cet Ouvrage fût plus connu ; il contient dans un petit efpace ce que nous avons de plus fenfé & de mieux écrit fur cette partie de l'Art oratoire. Dès qu'il parut, on l'attribua à Maffillon, qui prouva qu'il n'en étoit pas l'Auteur, par les grands éloges qu'il lui donna, éloges que cet Ouvrage obtiendra certainement de la part de tout Lecteur capable de fentir & d'apprécier la folidité des préceptes, la profondeur des réflexions, l'énergie & la précision du style. M. de Voltaire en est un exemple. Il n'a pas craint de fe faire honneur de plufieurs maximes qui y font énoncées, entre autres de celleci, ajoutée à l'article Defpréaux, dans les dernieres Editions du Siecle de Louis XIV. » Un principe propofé d'un tour fententieux, fait impreffion, & on le retient. Les fentences font les »proverbes des honnêtes gens, comme les pro

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verbes font les fentences du peuple «. Chap. 7. Maxime x. Edition de 1711.

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GAILLARD, [ Gabriel - Henri] Avocat au Parlement, de l'Académie Françoise & de celle des Infcriptions, né à Soifons en 17.., Littérateur moins célebre que plufieurs de fes Confreres de l'Acadédémie, quoiqu'il leur foit fupérieur, à, bien des égards, par fes talens & le mérite de quelques-uns de fes Ouvrages, ce qui ne suppose pas qu'ils foient excellens. Il a cultivé différentes branches de la Littérature; & fes Productions, foit didactiques, foit hiftoriques, foit morales, annoncent en général l'homme inftruit, l'obfervateur éclairé qui connoît les hommes, & fait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur font propres; mais trop de diffufion, quelquefois de la féchereffe, & affez fouvent un ton peu naturel, défigurent fon ftyle, & l'excluent du nombre des bons Ecrivains. Ses Mélanges littéraires & fon Hiftoire de François I, l'emportent fur fes autres Productions, parce qu'il y a pris plus de foin d'éviter les fautes que nous venons de lui reprocher. Nous ne parlons point de sa Rhétorique des Demoifelles, ni de fa Poétique à l'ufage des Dames: ces Ouvrages font d'une médiocrité qui humilie fa plume. Quant à fes petites Poéfies,

elles fercient plus piquantes, fi les apoftrophes & les exclamations n'y étoient pas trop répétées, fi le ftyle en étoit auffi doux & auffi la verfification en eft vive &

moëlleux

ferrée.

› que

L'Hiftoire de la Rivalité de la France & de -l'Angleterre, que cet Auteur a publiée depuis la derniere Edition de notre Ouvrage, ne prouve pas qu'il ait perfectionnné fa maniere d'écrire. -Outre que le plan en eft défectueux & la marche de l'Hiftoire trop lente, trop méthodique, le ftyle en eft communément fec & monotone.

On dit que M. Gaillard eft chargé de la partie littéraire du Journal des Savans; c'eft que, depuis quelques années, depuis fur-tout que la Philofophie cherche à s'emparer des Tribunaux littéraires, ce Journal eft devenu, comme la plu

pour

part des autres, un dépôt d'encens les Philofophes du jour, ou de critiques injuftes à l'égard de ceux qui ne le font pas.

GALLAND, [Antoine] né dans la Picardie en 1646, mort en 1715. :

La Traduction des mille & une Nuits, est le fruit de fon habileté dans les Langues Orientales. Ces Contes, faits pour amufer des enfans ne laiffent pas d'être lus avec avidité, parce que tous les hommes s'enflamment aisément pour

le

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