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& de l'Effai de Pope fur l'Homme, en font la preuve; le fiel & les déclamations contre les Philofophes y abondent. Ce n'eft pas ainfi qu'on doit réfuter de pareils adverfaires. Si on n'a pas le talent de la plaifanterie, il faut du moins avoir le langage de l'honnêteté & de la raison.

GAYOT DE PITAVAL, [François ] Avocat, né à Lyon en 1675, mort en 1743.

Pour fe dédommager du peu de fuccès de fon éloquence au Barreau, & réparer les débris de fa fortune qui étoit médiocre, il prit le partí de fe mettre aux gages d'un Libraire, & publia volume fur volume, ce qui n'eft pas le moyen de faire de bons Ouvrages. Aufli ceux de Gayot de Pitaval ne font-ils que des Compilations indigestes & mal écrites. Le feul qui foit connu, par l'intérêt des matieres, eft celui qui a pour titre Caufes célebres, en vingt volumes in-12. Cette Collection feroit intéreflante, fi un amas trop confus de matériaux jettés au hazard, fi la fadeur, l'inégalité, l'incorrection & la platitude du ftyle, ne la rendoient rebutante pour le Lecteur le plus avide & le plus curieux.

Nous n'ignorons pas que M. Garfault a réduir cet Ouvrage énorme en un feul volume, fous le titre de Faits des Caufes célebres & intéresfantes. Mais celui-ci est tombé dans l'extrémité

oppofée; il n'a fait qu'un fquelette. M. Richer, Avocat au Parlement de Paris, a évité l'un & l'autre excès dans l'Ouvrage qu'il a publié sous le même titre, & fait fur le même plan, & où le mérite d'un style noble & précis se trouve réuni à l'intérêt des matieres.

GAZON DOURXIGNÉ, [ Sébastien-Marie } né à Quimper en 17..

Après fa Traduction du Poëme du P. Rapin, fur les Jardins, ce qu'il a fait de meilleur confifte dans des Lettres critiques fur quelques Tragédies modernes. Le difcernement, le goût, la bonne Littérature, fe font fentir dans ces petits Ouvrages polémiques, que l'enthousiasme du Public pour de mauvaises Pieces de Théatre n'empêche que trop fouvent de goûter. On est fâché qu'après avoir fi bien fait valoir les regles, M. Gazon ait donné fon Alzate, ou le Préjugé détruit. Cette petite Comédie, en un acte & en vers, n'a point été représentée, & ne méritoit pas non plus d'être imprimée.

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GEDOYN, [Nicolas ] Abbé de Notre-Dame de Beaugency, de l'Académie Françoise & de celle des Infcriptions, né à Orléans en 1667, mort en 1744.

La Préface qu'il a mise à la tête de fon excel

lente Traduction de Quintilien, prouve qu'il étoit capable de très-bien écrire d'après lui-même. Il y représente avec capacité les plus beaux traits. de l'Eloquence, en découvrant en même temps les caufes de fa corruption chez les Romains. Dans le cours de l'Ouvrage on fuit avec plaifir un Traducteur habile, qui, fans être l'esclave de fon Original, en offre le véritable sens, embelli par les graces d'un efprit auffi élégant qu'éclairé. Cette lecture fera toujours utile aux jeunes gens qui voudront fe former des idées faines fur l'Eloquence, & connoître les vrais principes du bon goût.

GENEST [Charles-Claude] Abbé de S. Vilmer, de l'Académie Françoise, né à Paris èn 1635, mort en 1719; un des Beaux-Efprits de la Cour de Madame la Ducheffe du Maine. Ses Vers pouvoient être agréables pour la Société qui fourniffoit les sujets; mais on n'auroit pas dû les rendre publics, car la lecture en eft infoutenable.

Sa Tragédie de Pénélope, restée au Théatre, eft aujourd'hui le feul de fes Ouvrages qui ait une apparence de vie. Cette Piece fut jouée pour la premiere fois, en 1684, fur le Théatre de Guénégaud, & eut huit représentations. Sa reprife fut plus heureufe en 1703; elle fut encore mieux accueillie, quand on la redonna en 1722;

& en 1745 elle eut un fuccès plus grand que tous ceux qu'elle avoit eus. Il eft aisé de juger par-là que beaucoup de Pieces qu'on ne joue plus, obtiendroient des applaudiffemens, plus encore aujourd'hui, où la difette fait tout accueillir.

Nous remarquerons, au fujet de cette Tragédie, que M. Boffuet, qui, comme tout le monde fait, a écrit contre le Théatre, la trouvoit fi templie de fentimens de vertu, qu'il témoigna qu'il ne balanceroit pas d'approuver lui-même le Spectacle, fi l'on y donnoit toujours des Pieces auffi épurées. L'illuftre Evêque de Meaux n'avoit certainement en vue que le fond du sujet & les mœurs des personnages; car il étoit trop connoiffeur pour l'admirer du côté du style, qui eft partout foible & profaïque.

GENNES, [Pierre DE ] Avocat au Parlement de Paris, mort en 1759.

On voit, par la lecture de fes Mémoires, qu'il étoit doué de la pénétration néceffaires pour faifir tous les points d'une affaire, & de l'art plus néceffaire encore de les réduire à un feul, fans obscurité. Son style, tantôt noble, tantôt badin, eft toujours analogue au fujet; fa diction eft naturelle, exacte, élégante. On peut juger, par ce que cet Avocat nous a laiffé, qu'il avoit du goût, & s'étoit formé fur de bons modeles, mé

rite qui manque à plufieurs de fes Confreres, dont les talens auroient besoin d'un peu plus de correction.

GEOFFROY, [ Jean-Baptifte ] ci-devart Jéfuite, ancien Profeffeur de Rhétorique au Collége de Louis le Grand, de l'Académie de Caen, né à Charoles en Bourgogne en 1706. · ́

Les Productions qu'on a de cet Auteur, pour être relatives aux devoirs de la place qu'il a occupée, n'en font pas moins propres à être goûtées de tous les fages Littérateurs, par la chaleur & l'éloquence qu'il a fu y répandre. Il a fait fur-tout un Difcours larin très-bien pensé & trèsbien écrit, où il examine dans quelle claffe de Citoyens on doit placer un Homme de Lettres, & où il décide ainfi très-fagement la question: S'il eft honnête homme, parmi les meilleurs ; s'il eft corrompu, parmi les plus dangereux. L'Oraifon funebre de M. le Dauphin, publiée en Province, nous a paru l'emporter fur presque toutes -celles qu'on a débitées à Paris. Le caractere de fon Héros y eft très-habilement saisi, pathétiquement développé, & fait éprouver un attendriffement qui semble ne rien devoir aux fentimens de toute la France pour l'augufte Prince :dont elle a reffenti fi vivement la perte.. : Il y a un autre Abbé du même nom, né en Lorraine en^17525 Auteur d'une Epitre fu

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