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l'Education, & de plufieurs autres Poéfies qui annoncent des talens qui n'ont besoin que d'être encouragés pour devenir fupérieurs.

Il y a un troifieme Auteur du même nom Profeffeur d'éloquence en l'Univerfité de Paris, qui, pour n'avoir pas mis fon nom à fes Ouvrages, n'eft pas moins connu des Gens de Lettres.

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On fait que depuis la mort de M. Fréron, il enrichi l'Année Littéraire de plufieurs articles. écrits avec autant de fageffe que de goût, & capa¬ bles de confoler les Amateurs de la bonne critique de la perte de ce Journaliste, fi ces articles étoient en plus grand nombre.

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GERARD,[ Philippe-Louis ] Chanoine de Saint Louis du Louvre, né à Paris en 1732 ; Auteur d'un Roman en Lettres, intitulé le Comte de Valmont, où les principes de la Philofophie du fecle font mis en action de la maniere la plus capable d'en faire fentir les dangers. Cet Ouvrage, auffi heureusement conçu, qu'habilement exécuté, place M. l'Abbé Gerard parmi les Ecrivains qui ont le plus contribué à diminuer l'efpece d'autorité que les prétendus Sages de nos jours. fe font acquife fur l'opinion publique, & lui donne des droits fur l'eftime & la reconnoiffance de tous ceux qui s'intéreffent au maintien des mœurs & à la gloire de la Religion. Le fuccès fouteau

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de cette Production prouve que le Public, prévenu par des artifices, reconnoît fes méprises, & revient chaque jour du fol enthousiasme qui les a occafionnées.

I.

1. GERVAISE, [ Nicolas ] Abbé, né à Paris, mort en 1749.

A l'âge de 22 ans, il publia l'Hiftoire naturelle & politique du Royaume de Siam, qu'il compofa à Siam même, où il avoit été conduit fort jeune par des Miffionnaires de la Congrégation de St. Vincent de Paule. Quelques années après, on vit paroître la Relation hiftorique du Royaume de Macaçar. Ces deux Ouvrages renferment des chofes curieuses & qui paroiffent exactes; mais le ftyle en eft foible & incorrect. La meilleure Production de l'Abbé Gervaife eft l'Hiftoire de Boëce, Sénateur Romain, avec l'Analyfe des Ecrits qui nous reftent de ce Philofophe. Il y exerce une critique faine & judicieuse, qui fait honneur à ses lumieres & à fon goût.

2. GERVAISE, [ Dom - Armand - François] frere du précédent, Carme Déchauffé, puis Abbé de la Trappe, mort enfuite fimple Religieux à l'Abbaye de Notre-Dame des Reclus, dans le Diocèse de Troyes, où il avoit été enfermé par ordre de la Cour.

Sa plume ne s'eft exercée que fur des Ouvrages de Biographie écrits avec chaleur, mais qui péchent par le défaut de jufteffe & par la fingularité des idées. Il a écrit, dans ce goût, la Vie de St. Cyprien, de St. Irenée, de St. Paul, de St. Paulin, de Rufin, de St. Epiphane, d'Àbailard, de l'Abbé Suger, de l'Abbé Joachim, & de plufieurs autres. Ce qui paroîtra étonnant, c'est que ce Moine qui avoit, dit-on, des mœurs fi dures, qu'il fe rendoit infupportable à tout ce qui l'environnoit, & qui fut obligé, par cette raison, de fe démettre de fon Abbaye, ait traduit en françois les Lettres d'Abailard & d'Héloïfe d'une maniere plus libre que fon état, fon caractere, le texte même, ne devoient le lui permettre.

GESSÉE ou JESSÉE, [Jean DE LA ] Secrétaire du Duc d'Anjou, depuis Henri III, né à Mauvaifin, dans la Gafcogne, en 1551, mort vers 1593, Poëte auffi médiocre que fécond.

Son penchant à la fatyre lui attira bien des défagrémens qui ne le corrigerent pas. La plupart de fes Poéfies, qui font en grande quantité, furent imprimées chez Plantin, dont la célebre Preffe n'avoit fans doute pas alors de meilleure occupation. Elles confiftent en Sonnets-, Ballades, Satyres, Epîtres, Odes & Quatrains.

Il n'y a guere que ces derniers, dont la lecture foit encore fupportable. Ils font moraux, ainfi qu'on peut en juger par celui-ci.

Nos vies font pesle-mesle afsorties

De bien & mal : encor, de toutes parts, Croiffent toujours, dans ce jardin espars, Là peu d'œillets, ici beaucoup d'orties. 1. GIBERT [Jean-Pierre ]. Docteur en Théologie, né à Aix en Provence en 1660, mort à Paris en 1736, Auteur peu connu des Littérateurs, mais très-eftimé & très - confulté par les Jurifconfultes & les Théologiens. Il a beaucoup écrit en Latin & en François, & prefque tous les Quyrages ont pour objet le Droit Canonique & l'Hiftoire Eccléfiaftique. Quoique le ftyle en foit fort négligé, iis ne laiffent pas d'être fort recherchés.

2. GIBERT, [ Baltazar] ancien Recteur de T'Univerfité, Profeffeur de Rhétorique au College Mazarin, parent du précédent, né, comme lui, à Aix en 1662, mort en 1741.

Celui-ci eft plus connu dans la Littérature, & a acquis plus de droit fur la reconnoiffance des Gens de Lettres, pour avoir profeffé avec diftinction les Humanités pendant plus d'un demi-fiecle. Les Ouvrages qu'il a publiés ont été fort loués par les Journalistes, & font encore très-vantés dans

l'Univerfité de Paris. Notre intention n'eft pas de contredire de juftes fuffrages, mais de les modérer.

Les Auteurs du Nouveau Dictionnaire hiftoque, où l'on a copié trop aveuglément les Journaux, auroient pu fe difpenfer de dire que la Rhétorique ou les Régles de l'Eloquencee de M. Gibert, eft peut-être le meilleur Livre que nous ayons fur le bel art de perfuader & de convainere. Pourquoi fe laiffer aller facilement à des éloges exclufifs? Un Littérateur inftruit qui lira l'Ouvrage de M. Gibert, n'y trouvera tout au plus qu'une compilation de la Rhétorique d'Aristode, de celle d'Hermogène, du Livre de l'Orateur de Ciceron, & de l'Inftitution oratoire de Quintilien Il eft vrai qu'il y regne beaucoup de méthode, beaucoup d'érudition, beaucoup de citations, beaucoup d'obfervations; mais les Ouvrages didactiques, fur-tout de cette efpece, exigent encore du goût, de la critique, des vues bien présentées, & principalement une élocution foignée, propre à animer les préceptes que l'Auteur veut faire goûter. C'est précisément la partie foible de cette Rhétorique. Le ftyle en eft. tantôt diffus, tantôt obscur, tantôt embrouillé, & toujours fans caractere.

M. Rollin, dans fon Traité des Etudes, eft bien autrement intéreffant. Il y eft peut-être

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