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vrage oublié tombe entre les mains. Quelles bonnes raisons peut on attendre d'un homme qui oublie toute raifon dès le commencement ?

1. GIRARD DE VILLE-THIERI, [Jean] Abbé, né à Paris, mort dans la même ville en 1709, âgé de 68 ans.

Une vingtaine d'Ouvrages afcétiques font le tribut que fes talens ont confacré au progrès de la piété. Il eft non-feulement louable de fes bonnes intentions, mais encore très-digne d'estime par l'onction, les lumieres & l'inftruction qu'il a fu répandre dans ces différentes Productions, qui ont d'ailleurs le mérite d'être affez bien écrites. Les plus connues font le véritable Pénitent & le chemin du Ciel, chacune en deux volumes in-12.

Les Littérateurs peu dévots feront étonnés de la place que nous donnons ici à cet Abbé; mais ceux qui comprennent & ceux qui prouvent qu'une dévotion fage & éclairée eft capable de rendre le mérite littéraire plus intéreffant, fouferiront volontiers à cette admiffion.

2. GIRARD, [N.] Abbé, de l'Académie Françoise, Secrétaire-Interprete du Roi, mort en 1748.

Il y a d'excellentes chofes dans fa Grammaire,

connue fous le titre de Principes de la Langue Françoife: malgré cela, cet Ouvrage, où l'on trouve rarement des obfervations neuves, dont les regles & les enseignemens font fi compliqués, dont le style eft tantôt recherché, précieux, tantôt abftrait & embrouillé, le distingue peu du commun des Grammairiens. Le principal fondement de la réputation de M. l'Abbé Girard confifte dans fes Synonymes François. Ce titre fembleroit d'abord annoncer un système conçu d'après l'idée attachée ordinairement au terme de Synonymes: au contraire, l'Auteur prouve très-évidemment que notre Langue n'a pas deux mots qui fignifient précisément, & dans un égal degré de nuance, la même chose. En conféquence de ce principe, il s'est appliqué à développer le vrai fens, la véritable acception des mots qui ont entre eux une premiere reffemblance de fignification, & c'eft-là ce qu'il faut entendre par les mots fynonymes. Il les a claffés & mis dans le jour le plus propre à en faire fentir la valeur, la force, l'énergie & les diverfes acceptions qui les diftinguent. Non-feulement il joint, dans fes examens, la clarté & la précision à la justesse & à la méthode ; il réunit encore, dans les exemples qu'il donne, le mérite de la morale & la délicateffe des pensées.

C'est à des Littérateurs auffi utiles, que l'Aca

démie Françoife, principalement inftituée pour la perfection de la Langue, devroit réserver les honneurs de fes fauteuils, fi fouvent occupés par des Ecrivains qui méconnoiffent la Langue & la dégradent.

M. Beauzée a donné une nouvelle édition des Synonymes de M. l'Abbé Girard, où il en a ajouté quelques-uns de fa façon, fans parvenir à autre chofe, qu'à faire fentir que fon modele eft inimitable.

GIRAUD, [ Claude - Marie ] Docteur en Médecine, né à Lons-le-Saunier, en FrancheComté, en 17 ..

Les dons des Mufes font bizarrement con> fondus avec ceux d'Efculape, dans quelques-uns des Ouvrages qu'il a donnés au Public. Pour s'en convaincre, il fuffit de parcourir les deux Poëmes en profe, dont le titre seul eft capable d'effrayer : l'un eft intitulée, la Thériacade, l'autre, la Diabotanogamie. On s'attend bien que la fuite doit répondre à des annonces auffi étranges. Il faut néanmoins avouer que l'Auteur a fu y répandre des traits d'efprit, de la morale & quelques faillies d'une imagination pleine d'enjoûment. L'Episode de Solemnus, qui fe trouve dans le dernier Poëme, eft comme un tableau de l'Albane, Dans l'Apothéofe du Docteur Procope, en fix

Chants & en Vers, la Poéfie parle le langage du Docteur Diafoirus; mais avec affez d'esprit & de talent , pour faire le Poëte alt regretter que choifi des fujets fi bizarres. Le Temple de Mémoire, mêlé de Vers & de Profe, cût mérité à l'Auteur d'y avoir une place diftinguée, s'il l'eût construit avec un peu plus de foin & plus de goût.

Les meilleurs Ouvrages de M. Giraud font des Chansons, des Madrigaux, des Epîtres & d'autres Pieces fugitives qui le difputent à ce que nous avons de plus agréable dans ce genre; mais que fa modeftie l'a empêché jufqu'à présent de mettre au jour.

On connoît fon Epitre du Diable à M. de Voltaire, dont on a fait une trentaine d'éditions. Les traits en font ingénieux, & d'autant plus piquans, qu'ils font tous fondés fur la vérité : ainfi nous ne dirons pas que le Diable ait mal choifi fon Secrétaire.

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GIROUST [ Jacques ] Jéfuite, né à Beaufort en Anjou, 'en 1641, mort à Paris en 1689.

Il n'a pas une onction auffi moëlleuse & auffi délicate que le P. Cheminais, ni une éloquence auffi perfuafive; fes Sermons approchent cependant de cette touche vive & douce, qui a fervi

peut-être de modele à ce dernier. Quand on les lit, il eft aifé d'y remarquer beaucoup d'incorrections dans le style, qui pouvoient être moins fenfibles dans le débit, où la chaleur de l'action cache & fait même pardonner les négligences de Ja compofition. Quoi qu'il en foit, le P. Girouft a été un des bons Prédicateurs de fon temps, & le P. Bretonneau nous a donné une Edition de fes Sermons, qui trouvent des Lecteurs difpofés à les goûter.

GLAIN, [N. DE SAINT] né à Limoges en 1620, mort vers la fin du dernier Siccle.

Pour profeffer plus librement le Calvinisme il prit le parti de fe retirer en Hollande.' Ses premiers travaux littéraires fe bornent à la compofition de la Gazette. Enfuite devenu Athée par la lecture des Ouvrages de Spinofa, fa plume s'exerça à une mauvaife Traduction du Tractatus Theologico - Politicus de ce bizarre Incrédule. Nous ne parlons de cette Traduction, que pour faire remarquer qu'on y a puifé les premiers argumens, dont on a farci tant de déclamations contre Moïfe & l'ancien Teftament. Le plus petit germe suffit à la Philosophie, pour faire éclore des monftres. Elle ne craint pas de les aller chercher dans des pays barbares & 'inconnus.

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