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beaucoup de gens ne l'ont cru. Cet Eloge n'empêche pas qu'il n'y ait des fautes dans fon Hiftoire ces fortes d'Ouvrages ne deviennent parfaits qu'avec le temps, qui offre chaque jour de nouvelles découvertes; le meilleur ne fauroit être que celui qui a le moins de défauts. Le P. Griffet en donna une nouvelle Edition en 1756, à laquelle il fit des changemens confidérables, que le P. Daniel aurait faits lui-même, s'il eût vécu assez de temps pour tirer parti des nouveaux secours hiftoriques qui ont facilité & enrichi le travail de fon Editeur.

DAQUIN DE CHATEAU-LYON, Docteur en Médecine, fils du célèbre Organiste, né à Paris,

en 17..

Auteur de plufieurs petites Brochures, pleines d'héréfies, en matiere de goût & de jugement. Il s'y tue à louer M. de Fontenelle, qui ne dut pas être fort fenfible à la tournure & au ftyle de fes éloges. Les Lettres du Chevalier d'H✶✶✶ y font trouvées admirables. Qu'on juge après cela du cas qu'on doit faire. d'une Epître fur la corruption du goût, composée par ce même Auteur. Voici une de fes anecdotes fur M. de Fontenelle; elle donnera une idée de fa maniere de narrer. » Un Etranger entrant dans » Paris, demande à la Barriere la demeure de

» moquer

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» M. de Fontenelle. Curieux au dernier point de
voir cet homme illuftre, les Commis, fort
» embarrassés, & ne pouvant réfoudre la diffi-
culté, lui difent nettement qu'ils n'en favent
»rien. Comment, reprit avec colere l'Etranger,
» vous n'en favez rien! Vous voulez donc vous
de moi! Non, Monfieur, difent
humblement les Commis. Ah! c'eft affreux,
» s'écrie-t-il plus en colere que jamais, il ne fera
dit
pas
que vous me célerez plus long-temps
» la demeure de ce grand homme. Déja il s'ap-
» prêtoit à battre ces pauvres gens, il ne fe
»pouvoit plus retenir; on vient au fecours, &
» l'affaire n'alla pas plus loin. L'Etranger furieux
≫ continue fon chemin, en ne ceffant de répé-
≫ter: Quoi donc, aux Barrieres ne pas favoir
» la demeure de M. de Fontenelle ! Quelle
ignorance! C'est un homme connu par-tout
» l'Univers cc.

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M. Daquin a fait auffi d'autres Lettres intitulées, on ne fait trop pourquoi : Siecle Littéraire de Louis XV. Il a cru embellir ces Lettres, en y mettant des Vers de fa façon. Par malheur, ces Vers font inférieurs, même à fa Profe; ce qui a fait dire à bien des gens, qu'il eûr mieux valu, pour la gloire, qu'il le für uniquement attaché à la Médecine, où il auroit pu cacher plus facilement fes fautes. Nous ajouterons

encore que cette gloire exigevit, qu'il fe garanti de la démangeaifon de faire des Epigrammes. En voici une de plufieurs qu'il a compofées contre nous, & débitées dans les Sociétés. Nous la citons précisément, parce que c'eft la moins mauvaise de toutes.

L'autre jour, chez Pigal, en contemplant Voltaire
Je difois : Qu'a donc mis ce fameux Statuaire
Sous les pieds du fils d'Apollon ?
Et pourquoi lui fait-il écrafer du talon
Mafque hideux, dont la bouche effroyable
Semble ouverte pour aboyer?

Eft-ce l'Envie? eft-ce le Diable?

Alors quelqu'un cria dans l'attelier : Oh! ce n'eft rien, c'eft l'Abbé Sabatier.

Que peut-on répondre à cela? Sinon d'exhorter M. Daquin à tâcher de les faire meilleures, afin de trouver des Auditeurs fenfés qui s'en amufent, & de piquer davantage ceux qui en font l'objet.

DAUCOURT, [GODART] Fermier - Géné ral, né à Langres en 17..

On a de lui d'agréables bagatelles, qui marquent un Auteur plein de goût, & ennemi du mauvais. Il a travaillé pour le Théatre. François & pour le Théatre Italien, en fociété avec des Gens d'efprit, & fes Pieces ont fait plaisir dans

leur

leur nouveauté. On lui attribue un petit Roman, intitulé, Mémoires Turcs, Ouvrage trop libre, mais plein d'intérêt, & dont la feconde Partie renferme une excellente critique de nos mœurs. Le style en eft vif, élégant & facile. On en a donné depuis peu une nouvelle Edition, à laquelle l'Auteur a ajouté une Epître dédicatoire à Mademoiselle D. T. où, fous le voile d'une ironie piquante & bien foutenue, il fait la critique du luxe impertinent des Laïs de la Capitale.

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DEBEZ, [ Ferrand] Recteur de l'Univerfité de Paris, fa patrie, né en 1528, mort en 1581.

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Cet homme contribua, par fes lumieres à diffiper parmi nous les ténèbres de l'ignorance & de la barbarie. Il enfeigna avec applaudiffement les Humanités à Nîmes, à Rheims & à Paris. Ce ne fera pas la lecture de fes Poéfies qui donnera une grande idée de fes talens; elles font feulement juger qu'il étoit fort verfé dans la Littérature Grecque & Latine, & c'étoit beaucoup pour un temps ου notre Poéfie n'étoit pas encore formée par de grands Modeles.

DE LA HARPE. Voyez LA HARPE.

DELAIRE, [ Alexandre ] né à Bordeaux

en 17..

Tome II.

B

Cet Auteur paroît avoir oublié son propre elprit, pour ne s'occuper que de l'efprit des autres ; il n'a jamais donné que des Efprits étrangers celui de St. Evremont, celui de Montefquieu. celui de Bacon; &c., &, foit modeftie, foit amour décidé pour la compilation, il n'a laiffé à perfonne l'occafion de donner le fien.

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DELILLE, [ Jacques ] Abbé, Profeffeur au Collège de la Marche né en 17.., a débuté dans la carriere des Lettres par des Odes & des Epîtres qui ne le diftinguoient de fes Rivaux, que par une verfification heureuse & pittoresque.

La vraie fource de fa réputation littéraire eft fa Nouvelle Traduction en Vers des Géorgiques de Virgile, Ouvrage qui lui fait autant d'honneur, auprès des efprits capables de fentir les difficultés qu'il avoit à vaincre, qu'il eût pu en recueillir d'un Ouvrage de fon invention. En général, il paroît animé du feu de fon Modele. Il l'égale quelquefois, & on voit qu'il eût pu l'égaler plus fouvent, fi le génie de notre langue n'étoit point inférieur à celui de la langue de Virgile. Le Traducteur eft fur-tout admirable dans les morceaux techniques, qu'il rend avec autant de précision, que d'élégance & de na

turel.

Il feroit à fouhaiter qu'il eût également réuffi

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