que les longueurs en déparent le ftyle, d'ailleurs agréable & facile? GOMICOURT, [ Auguftin-Pierre DE] Secrétaire du Gouvernement de Picardie & d'Artois, de l'Acadérnie d'Amiens, fa patrie. Né avec des talens propres à le faire exifter par lui-même, après avoir donné deux bons Ouvrages de fon propre fonds, il s'eft attaché à des Compilations, & par malheur, il ne paroît pas avoir fu bien choifir ses matériaux. On en a de lui une intitulée: Efprit des Philofophes & Ecrivains célebres de ce fiecle, à la tête defquels il a mis M. d'Alembert. Nous avons d'abord cru que cette primauté étoit pour fuivre l'ordre alphabétique; mais le Compilateur affûre très-pofitivement que c'eft par ordre de mérite & de diftinction : c'est parce que je crois, dit-il très-férieufement, pouvoir affigner à cet Auteur eftimable la premiere place parmi les Philofophes de nos jours, nonfeulement de ma Nation, mais de toutes celles de l'Europe. Si telle a été fa perfuafion, il auroit dû au moins ne pas nous présenter un Esprit aussi volatil que celui de cet Extrait. Le premier PhiloSophe de l'Europe y paroît dans un raccourci qui étonne, & d'une féchereffe plus que géométrique, ce qui n'eft pas propre à faire honneur à la Philofophie. Aufli ne faut-il pas être furpris que le Pu blic, dont le Compilateur bénévole a voulu preffentir le goût, n'ait pas defiré de lui voir augmenter la Collection. Cet homme substantiel eût bientôt réduit tous nos Philofophe à rien. Il n'eft pas plus heureux, lorfqu'il dit que notre fiecle ne le cede en rien aux plus célebres de l'antiquité. A-t-il pu ignorer que ceux de Périclès, d'Augufte, de Léon X, & de Louis XIV, feront toujours, par exellence, les fiecles du goût & de la raison ? Sur quel fondement feroit donc affùrée la préféance du nôtre? Seroit-ce fur les lumieres philofophiques? Mais ne fait-on pas que tous ces beaux ficcles ont dégénéré, quand ces météores ont paru ? M. de Gomicourt eft beaucoup plus connu par un ouvrage périodique, intitulé: l'Obfervateur François à Londres, où il fait répandre de l'intérêt fur les matieres qu'il traite. Il faut croire qu'a'bandonné à lui-même, fon jugement eft moins expofé aux méprifes, que lorfque l'enthoufiafme philofophique lui fert de guide. GOUDELIN, [ Pierre] né à Toulouse, mort dans la même ville en 1649, âgé de 67 ans, célebre Poëte Gafcon, dont les Ouvrages fubfifteront tant qu'on parlera la Langue dans laquelle ils font écrits, & qui ferviront à la faire fubfifter elle-même. Il s'eft exercé dans l'Epigramme, le Sonnet, I'Epitre, l'Idylle, la Chanson, l'Ode & le Chant Royal, & a excellé dans tous ces genres. Nous ofons dire, fans crainte d'être démentis par ceux qui font en état d'apprécier fes Ouvrages, qu'il le difpute à nos meilleurs Poë es par l'agrément & la fécondité des images & des fictions, l'élégance & la variété des tours, la jufteffe & l'originalité des expreffions, & fur-tout par 'harmonie imitative. Quoiqu'il eût reçu de la nature une imagination vive & brillante, un caractere tendre & enjoué, & un génie véritablement poétique, nous doutons qu'il eût également réuffi, s'il avoit écrit en François, Langue pauvre & timide en compa ́raifon de celle qu'on parle en Languedoc. Celle-ci eft non-feulement riche & hardie, mais pittorefque, flexible, douce, énergique, variée & harmonieufe. Elle n'a ni expreffions triviales, ni images baffes, parce que le Peuple y donne le ton, & qu'une Langue qui n'eft point fujette au caprice des Cours & des Académies, ne peut ni s'appauvrir, ni dégénérer *. * L'idiome Languedocien n'eft autre chofe que la Langue Romance ou Romaine, que parloient les François avant que leurs Rois euffent fixé leur féjour à Paris. On peut s'en convaincre par la lecture du Nitar, Auteur du neuvieme fiecle, qui, dans fon Hiftoire des Bayle, Doujat, Peliffon, le P. Vaniere; Campiftron, à qui la Langue de Goudelin n'étoit point étrangere, faifoient beaucoup de cas de fes Poéfies; c'eft fans doute ce qui a engagé M. Titon du Tillet à placer ce Poëte dans son Parnasse François. La ville de Touloufe, pleine d'admirafes talens, & d'eitime pour fes vertus lui fit une penfion pendant les vingt dernieres années de fa vie, & lorfqu'il fut mort, plaça fon bufte dans le Capi ole, à côté de celui du Poëte Maynard, fon Compatriote. tion pour GOUJET, [ Claude-Pierre ] Abbé, des Académies de Marseille, de Rouen, d'Angers & d'Auxerre, né à Paris en 1697, mort dans la même ville en 1767. De plus de trente Ouvrages que nous avons de cet Auteur on ne connoît guere que fon guerres entre les fils de Louis le Débonnaire, rapporte plufieurs paffages écrits en Langue Romance, qui ne different en rien du langage ufité aujourd'hui chez les Languedociens. Les différentes Poéfies qui nous reftent des Troubadours ou Trouveyres, en font une nouvelle preuve. Cette Langue fut, dans la fuite, appelée Provençale, du nom des Comtes de Toulouse, qui prenoient le titre de Marquis & de Seigneurs de Provence. C'est ce qui fit donner le nom de Poëtes Provençaux aux Troubadours & autres Poëtes de la Gaule Narbonnoise. Supplément au Dictionnaine de Moréri, & fa Bibliotheque Françoife. Ce dernier Ouvrage lui donnera toujours de la célébrité. L'érudition qui y abonde, le ftyle qui, fans être ni vif, ni délicat, a une rondeur juftement proportionnée à ce genre de compofition, font propres à fatisfaire le Lecteur curieux & cenfé. On auroit feulement voulu que M. l'Abbé Goujet le fût borné à la qualité d'Hiftorien, fans prendre celle de Juge. Pour prononcer fur les Ouvrages d'efprit, il faut être connoisseur & impartial. Cet Auteur a trop paru oublier que ces deux qualités lui manquoient. GOULU, [Jean] Général de l'Ordre des Feuillans, né à Paris en 1576, mort dans la même ville en 1629. Ce n'étoit pas la peine qu'il fe fît connoître dans la République des Lettres par un démêlé tel que celui qu'il eut avec Balzac. La fermentation de fon efprit, plus fait pour la folitude & le recueillement, que pour l'efcrime littéraire, ne produifit que des Libelles auffi abfurdes que platement écrits. Ils font oubliés aujourd'hui pour l'honneur de fa politeffe: fes Vers & fes Tra ductions le font auffi pour l'honneur de fa litté rature. GOURCY, [N. DE ] Abbé, de l'Académie de Nancy, né en 17.. |