Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

agrément, une fraîcheur & une vivacité de coloris qui le rendent auffi piquant dans les détails, qu'il eft riche & ingénieux daus la fiction. Cet agréable badinage sera toujours diftingué parmi les Productions originales, qui font aimer aux Etrangers la gaieté Françoise, fans leur donner une mauvaise idée de nos mœurs.

Les autres Poéfies légetes de M. Greffet le mettent également au deffus des Poëtes de nos jours, qui fe font exercés dans le même genre. Si on leur pardonne quelques négligences qui donnent quelquefois de l'agrément au ftyle, & certaines longueurs qui refroidiffent, par intervalles, le Lecteur, on conviendra que c'eft ce que nous avons de mieux pour le naturel, les graces & la fimplicité.

Le Méchant fera toujours, de l'aveu de nos Connoiffeurs, une de nos excellentes Comédies, & un vrai modele de verfification. Le ton de cette Piece eft du meilleur goût, le Dialogue plein d'aifance & de vivacité, le ftyle précis, élégant & varié; les caracteres en font faifis, deffinés avec finesse & rendus avec vérité.

M. de Voltaire a donc eu tort de plaifanter M. Greffet fur fes fcrupules au fujet des offrandes qu'il a faites à Thalie. Il étoit très – per◄ mis à un Poëte, toujours attentif à refpecter Les mœurs & la Religion, de fe repentir publi

quement d'avoir exercé ses talens dans un genre que l'auftere vertu eft très-éloignée d'approuver. D'ailleurs, perfonne ne devroit être plus réservé fur la plaifanterie, lorfqu'il s'agit de Comédie, que l'Auteur de la Prude, de l'Indifcret, de la Femme qui a raison, du Droit du Seigneur, de Charlot, ou la Comteffe de Givry, du Dépofitaire, en un mot de toutes les Comédies réprouvées qui ont paru fous fon nom.

[ocr errors]

Un trait trop honorable aux Lettres pour être paffé fous filence, c'eft que notre jeune Monarque, touché du fage emploi que M. Greffet a toujours fait de fes talens, lui avoit accordé, peu d'années avant la mort des Lettres de Nobleffe, dont voici le préambule. » Louis, " &c. Les avantages que les Sciences les » Belles - Lettres & les Arts procurent à notre • Royaume, nous invitent à ne négliger aucun » des moyens qui peuvent contribuer à leur main»tien & à leurs progrès. Les titres d'honneur répandus avec difcernement fur ceux qui les cultivent, nous paroiffent l'encouragement le plus flatteur que nous puiffions leur donner.Parmi » ceux de nos fujets qui fe font livrés à l'étude » des Belles-Lettres, notre cher & bien-amé Jean

[ocr errors]

دو

Baptifte-Louis Greffet s'y eft diftingué par »des Ouvrages qui lui ont acquis une célébrité d'autant mieux méritée, que la Religion & la

[ocr errors]

20

» décence, toujours refpectées dans fes Ecrits, » n'y ont jamais reçu la moindre atteinte. Sa réputation a depuis long-temps engagé l'Académie » Françoise à le recevoir au nombre de fes Membres, & nous l'avons vu, avec fatisfaction nous offrir, en qualité de Directeur, les hom» magés de cette Académie, la premiere fois que "nous avons bien voulu l'admettre à nous les

כל

préfenter, à l'occafion de notre avénement à la » Couronne. Nous favons d'ailleurs qu'il eft issu » d'une famille honnête, de notre ville d'Amiens; - que fon aïeul & fon pere y ont remplis différentes Charges municipales, & qu'ils y ont toujours, ainfi que le fieur Greffet lui-même, » vécu de cette maniere honorable, qui, en rapprochant de la Nobleffe, eft en quelque forte » un degré pour y monter, &c. « ́›

[ocr errors]

GREVIN, [ Jacques] né à Clermont en Beauvoifis, mort à Turin en 1570, âgé de 29 ans, Poëte oublié & contemporain de Ronfard.

Tout ce qu'on peut dire à fon fujet, c'est qu'il paroît avoir le premier introduit parmi nous l'ufage des Chansons galantes, dont il avoit tiré le modele des Italiens & des Espagnols. Celles qu'on a faites depuis, devoient nécessairement faire oublier les fiennes. Ce genre étoit proprement réfervé à notre Nation, & aucune n'y a plus excellé.

3. GRIFFET, Henri] Jéfuite, Prédicateur du Roi né à Moulins en Bourbonnois en 1698,

[ocr errors]

mort en 1771.

L'éloquence de la Chaire, l'Hiftoire & la Critique ont fucceffivement exercé les talens. SesSermons, quoique très-eftimables, quoique d'un Atyle naturel, oratoire & afforti aux différens fujets, ne font pas la partie la plus frappante de fon mérite. La Continuation de l'Hiftoire de France du P. Daniel, & l'Hiftoire de Louis XIII, eft vraiment ce qui lui affûre une gloire folide parmi nos utiles Littérateurs. Les Differtations qu'il a répandues dans le corps de l'Ouvrage du P. Daniel, font d'une inftruction & d'une netteté qui jette le plus grand jour fur plufieurs points de nos Annales, qui n'étoient pas encore assez développés. L'érudition, la fagacité, la méthode, y marchent d'un pas égal, revêtues du genre de style convenable à ces fortes de difcuffions. Le volume qu'il a ajouté aux Mémoires chronologiques du P. d'Avrigny, fon Confrere a le même mérite. Son dernier Ouvrage fur les Preuves de l'Hiftoire, doit être regardé comme le Code de tous les Hiftoriens.

[ocr errors]

On a encore du P. Griffet, plufieurs Livres de piété, comme l'Année du Chrétien, l'Exercice de Piété pour la Communion, &c. qui prou

vent autant la diverfité de fes talens › que zele pour la Religion.

[ocr errors]
[ocr errors]

GROS DE BESPLAS, [Jofeph-Marie-Anne] Docteur de Sorbonne, Vicaire-Général du Diocese de Besançon, Aumônier de MONSIEUR, Prédicateur du Roi, de l'Académie de Beziers, né à Caftelnaudary en 1734.

[ocr errors]

Il a fú mériter à la fois, par fes Ouvrages & l'eftime des Littérateurs & la reconnoiffance des bons Citoyens. Celui qui a pour titre, des Caufes du bonheur public, offre une infinité de vues patriotiques, qui donnent l'idée la plus avantageuse de fon cœur, en même temps qu'elles honorent fon efprit, par la maniere énergique dont elles font présentées. Son Essai fur l'Eloquence de la Chaire, malgré quelques idées fingulieres que le vrai goût n'adoptera jamais, peut être regardé comme un des morceaux de Littérature les plus inftructifs qui aient paru fur cet objet. C'est un tableau raccourci des progrès & de la décadence de la Prédication dans les différens Siecles, accompagné d'observations didactiques, qui supposent une étude approfondie des Auteurs facrés & profanes qui fe font diftingués dans la carriere de l'éloquence. Il ne tient qu'à M. l'Abbé de Besplas d'y marcher lui

« AnteriorContinuar »