Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

nême avec gloire, à en juger par le Panégyrique
de S. Bernard, & par le Difcours fur la Cène,
imprimés à la fuite de cet Effai. Doué d'une fen-
fibilité vive & touchante, d'une imagination
brillante & féconde, nourri de la lecture des
il n'a befoin,
Ecrivains les plus fubftantiels
pour cet effet, que de mettre plus de liaison dans
fes idées, communément nobles & élevées, plus
de naturel dans fon ftyle, fouvent énergique &
élégant, mais furchargé de figures parafites, de
métaphores recherchées, qui le rendent quelque-
fois emphatique & bourfoufflé. Nous ne crai-
gnons pas d'être accufés de trop de sévérité dans
ces remarques, parce que la critique n'humilic
que les efprits médiocres ou incorrigibles.

GROSIER, [Jean-Baptifte-Gabriel-Alexandre] Abbé, né à St. Omer en 1743.

Les articles qu'il a fournis à l'Année Littéraire, du vivant & après la mort de M. Freron, annoncent un Littérateur formé fur l'étude réfléchie des bons modeles; un Critique doué de l'efprit d'analyfe, & d'une fagacité merveilleuse pour faifir les beautés & les défauts d'un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d'y ramener les efprits qui s'en écartent. C'est ce qui fait regretter qu'il n'ait pas continué d'enrichir cet Ouvrage du fruit de fon travail

Nous ignorons les motifs qui l'en empêchent mais nous favons que fon zele pour le e maintien des regles, l'a porté à folliciter la Rédaction d'un Journal Littéraire, & que les Philofophes, fi intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d'éclairer le Public fur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire fupprimer ce Journal. On ne peut cependant nier que le Gouvernement ne foit intéreffé à multiplier les Ouvrages capables de rappeler les Littérateurs aux principes du goût & de la raison. Et véritablement, ce seroit fermer les yeux aux confidérations les plus indifpenfables de la Politique, que de ne pas regarder la Littérature comme un des objets les plus dignes de l'attention du Miniftere. Les Productions de l'esprit ont toujours eu une influence marquée sur le génie des Nations, fur lours mœurs fur les révolutions qu'elles ont éprouvées, & peuvent même être la fource de ces révolutions. Quand on ue les confidéreroit que comme un moyen de gloire & de délaffement, c'en feroit affez pour devoir mettre en œuvre tous les moyens capables d'en prévenir la dégradation. L'état actuel de la Littérature, en France, démontre, à préfent plus que jamais, la néceffité d'y travailler efficacement. L'efprit d'anarchie s'est répandu sur tous les genres en matiere de goût, comme en matiere de raifon, tout fe réduit à l'arbitraire; le plus

[ocr errors]

grand nombre des Ouvrages d'agrément annoncent l'oubli des regles, l'amour des fyftêmes, le renverfement des principes reçus ; les Ouvrages de morale ne font le plus fouvent que le fruit d'une imagination indépendante, qui affujettit à fes caprices les fentimens, les devoirs, les bienséances; dans les Ouvrages de raisonnement, le sophisme, triomphe, la Philofophie attaque les vérités les plus certaines, mine avec activité les fondemens de la Religion, des Loix, des Moeurs, rompt les nœuds de la Société, & obfcurcit jufqu'aux notions les plus claires de la Nature. Comment ces défordres pourroient-ils fubfifter, fans que l'intérêt général n'en éprouvât des atteintes ?

Au milieu de ce renversement général, que chaque moment peut rendre plus rapide & plus funefte, il exifte cependant des Esprits fages, des Ames honnêtes, des Citoyens zélés pour le véritable honneur de leur patrie: mais à quoi peuvent fe réduire les efforts de leur zele? A gémir fur les travers dominans, à defirer qu'on les réprime, à murmurer de l'indifférence qu'on témoigne à cet égard.

Il est donc effentiel de remédier à leur impuiffance ; & parmi tous les moyens qu'un Gouvernement fage peut employer fans fe compromettre, le meilleur feroit d'autorifer des voix affidées & courageufes, destinées à avertir, à re

dreffer, à confondre à humilier même ceux

مو

qui s'écartent des vrais principes. Il faut, à une raison révoltée & entreprenante, oppofer une raison réfléchie & capable de ramener aux idées qu'on doit avoir de chaque objet; il faut, pour réprimer l'efprit d'indépendance introduit dans. tous les genres littéraires, armer des plumes attentives à rappeler les regles & à profcrire les abus. Les Journaux feuls peuvent offrir des reffources fùres pour rétablir l'ordre & repouffer les ufurpations; & prefque tous font aujourd'hui dévoués aux Corrupteurs du goût & de la morale il n'y a guere que l'Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l'on ofe les combattre & les ridiculifer, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aufli patriotiques que littéraires, font-ils fouvent expofés aux perfécutions de l'amour - propre des Auteurs blessés de leurs cenfures, &c... Quoi donc ! l'intérêt de quelques Ecrivains qui, à toute force, veulent fe faire estimer, en dépit de la raison & du bon goût, fera-t-il préférable au bien général ? Ne vaudroit-il pas mieux s'attacher aux vrais modeles, ne point pervertir les genres, profiter de la critique, que de crier à l'injustice, pour foutenir des Productions dont le fuccès dangereux n'eft appuyé que fur les fuffrages de l'ignorance, de la féduction ou de l'efprit de parti? Peut-on igno

[ocr errors]

fer, ce qu'on a répété cent fois, que tout Ouvrage livré au Public, par la voie de l'impreffion,

Devient efclave né de quiconque l'achete ?

qu'il eft auffi permis aux Journalistes & aux Efprits éclairés qui en fentent les défauts, de les mettre en évidence, pour en corriger les autres, qu'il eft permis à un Juge de rappeler à l'autorité des Loix quiconque s'en écarte ?

Ne feroit-il donc pas plus digne du zele des Protecteurs de la Littérature, & de ceux à qui la police en eft confiée, d'encourager les bons Critiques, & de n'autorifer que ceux qui, comme T'Abbé Grofier, ont fait preuve d'attachement pour les vrais principes, de courage & de talent pour les défendre, plutôt que de prêter l'oreille aux clameurs de quelques petits Auteurs qui emploieroient plus utilement leur temps à fe corriger, qu'à fe plaindre? Un tel moyen feroit plus für pour remédier à la corruption du goût, le conferver dans toute fa pureté, & faire avorter une foule d'Ouvrages qui ne peuvent que déshonorer la Littérature & la ruiner entiérement.

>

GROSLEY [Pierre-Jean] de l'Académic des Infcriptions & Belles-Lettres, de la Société Royale de Londres, né à Troyes en 1718.

Il a beaucoup écrit, & prefque tous les Ou

« AnteriorContinuar »