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facile, à la vérité, mais fouvent inégal. Ses deux Traités de la Poéfie & de l'Eloquence font une répétition inutile des préceptes des Grands Maîtres anciens & modernes. On n'y trouve pas une feule penfée qui lui appartienne. L'Hiftoire Univerfelle eft ce qu'il a fait de mieux, mais on pourroit en faire une meilleure pour remplir les vues qu'il s'étoit proposées.

HARDOUIN, [Jean] Jéfuite, né à Quimper en 1646, mort à Paris en 1729; un des plus profonds & le plus fingulier de tous les Savans qui aient paru dans la Littérature.

L'immenfité de fon érudition le précipita dans les plus abfurdes chimeres. A force de favoir, il embrouilla tout, & la grande connoiffance de l'antiquité devint pour lui le principe des doutes les plus bizarres. Il prétendoit que tous les Ou vrages Grecs & Latins étoient, à l'exception de quatre ou cinq, des Ouvrages compofés par des Moines du treizieme Siecle. Les Jéfuites l'obligerent de fe rétracter, ce qu'il fit, fans changer d'opinion, preuve certaine de folie. Son Livre, intitulé Athei detecti, ne pouvoit être non plus que le fruit d'une imagination bleffée qui réalifoit tout ce qui se préfentoit à elle. On fera furpris, après cela, d'apprendre que nous lui avons l'obligation de plufieurs excellens Ouvrages

d'Hiftoire & de Critique; tant il eft vrai que le travers de l'efprit n'exclut pas toujours des lumieres capables de produire quelquefois de bonnes chofes.

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HARDUIN, [ Alexandre- Xavier] Avocat, Secrétaire perpétuel de l'Académie d'Arras, patrie, né en 1718.

Nos meilleurs Grammairiens ont parlé avec éloge de fes Ouvrages, qui concernent tous notre Langue, fi on en excepte des Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de la Province d'Artois. Nous avons, en effet, peu de Livres de Grammaire plus méthodiques & plus inftructifs que fes Remarques diverfes fur la prononciation & fur l'orthographe. Tel eft le titre modefte d'un Ouvrage profond & très-bien difcuté, dont le but eft de faire connoître le nombre & la qualité des fons, & les diverfes articulations qui font en ufage dans notre Langue; auffi bien que leurs relations avec les fignes qu'on emploie pour les représenter fur le papier. Cette matiere est traitée avec l'habileté d'un homme confommé dans la méchanique de la Langue Françoile. M. Har duin ne laiffe rien échapper; il difcute des points effentiels que nos Grammairiens les plus célebres avoient oubliés, & releve les fautes dans lefquelles ils étoient tombés. Comme il a tra

vaillé fur la partie la plus ingrate de la Gram maire, fes Ouvrages font répandus; mais on n'en eft pas moins obligé de rendre justice à fes connoiffances & au zele qu'il a eu pour les communiquer à ceux qui font capables d'en fentir le prix.

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HAUTEROCHE, [Noël LE BRETON, Sicur DE] mort à Paris en 1707, à 90 ans.

Egalement Acteur & Poëte, il a compofe plufieurs Comédies, dont quelques-unes, conduites avec art, font d'une gaieté affez piquante. assez Le Deuil, Crifpin Médecin, le Cocher fuppofé, font reftées au Théatre, & fervent quelquefois à dédommager le Parterre de nos lugubres Pantomimes, triftes enfans de la Comédie lar moyante.

HAYER, [Jean-Nicolas-Hubert ] Récollet, né à Sar-Louis en 1798.

Le meilleur Traité & le plus complet que nous ayons dans notre Langue fur la Spiritualité & l'Immortalité de l'ame, eft le fruit du travail de ce Religieux. Ce Traité, formant plu feurs volumes, eft écrit d'un ftyle clair, net & facile. I annonce plus l'Homme de Lettres, que le Théologien. Des réflexions folides, des comparaisons juftes, des applications lumineuses,

font reffortir avec intérêt les matieres, & conduifent fans fatigue l'efprit à la conviction.

Les autres Ouvrages du P. Hayer ont pareillement pour objet la défense de la Religion. Sans être aussi estimable que le premier, ils prouvent l'activité de fon zele, & ne font pas moins honneur à fes lumieres qu'à fes fentimens.

HELVÉTIUS, [ Claude - Adrien] ancien Maître d'Hôtel de la Reine, ci-devant FermierGénéral, né à Paris en 171S, mort dans la même ville en 1771.

Le goût, ou pour mieux dire, une pakion enthousiaste pour les Lettres, le porta à de grands facrifices, & l'engagea dans de grands écarts. Tout le monde connoît le fort de fon Livre de l'Esprit, où une Métaphyfique téméraire a répandu tant d'erreurs & enfanté tant d'affertions infoutenables. Mais fi M. Helvétius a eu le malheur de fe tromper, il a eu au moins le courage de fe rétracter, & la prudence de ne rien mettre au jour, depuis le malheureux fuccès de fon Ouvrage.

S'il nous eft permis de faire quelques réflexions fur fon caractere, nous ferons autorisés à dire, que l'amour de la célébrité & trop de penchant à fe laiffer féduire par des infinuations artificieuses, ont été la vraie caufe de l'abus qu'il a fait de fes

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talens, propres d'ailleurs à le faire eftimer. La candeur, la bienfaisance & les autres vertus de fon ame faifoient pardonner, par ceux dont il étoit connu, les illufions de fa Philofophie. Nous pouvons affûrer, d'après nos propres obfervations, qu'elle étoit dans lui une efpece de manie involontaire, fruit de fes premieres liaisons, plutôt qu'une morgue arrogante & fyftématique. Aussi M. Helvétius n'adopta-t-il jamais les intrigues & les procédés de la cabale qui avoit su se l'attacher d'abord par adreffe, & le conferver enfuite, par la jufte crainte qu'il avoit d'en devenir la victime. Il connoiffoit trop bien le Stylum philofophicum, pour ne pas s'attendre à fe voir accablé de farcalmes, pour peu qu'il eût paru fe détacher de l'étendard fous lequel on le retenoit captif. Il fe contentoit de gémir, dans le fein de l'amitié, de l'extravagance & des excès de tant de Maniaques qui fe faifoient gloire de l'avoir pour Confrere. On ne peut donc que le plaindre d'avoir eu le courage de paroître Philofophe, avec tant de rifques; & la foiblesse de n'oser ceffer de l'être, avec tant de moyens d'affûrer fa gloire par d'autres bons Ouvrages qu'il étoit capable de donner.

N. B. Cet Article, tel qu'on vient de le lire, a fervi de texte à feu M. de Voltaire, pour nous accuser d'ingratitude à l'égard de l'Auteur

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