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JARRY, [Laurent JUILLARD DU] Abbé, né près de Xaintes en 1758, mort vers 1718.

Ses Oraifons funebres & les Sermons font fort négligés aujourd'hui. Ils offrent cependant, par intervalles, plufieurs traits d'une éloquence vive, noble, & digne du ton qui convient à la Chaire. Ses Poésies Chrétiennes font plus dignes de l'oubli dans lequel elles font tombées depuis long-temps, quoique quelques-unes aient été couronnées par l'Académie Françoife. Une Ode, entre autres, fur le Vou de Louis XIII ( sujet propofé en 1714), fut préférée à celle de M. de Voltaire, qui avoit concouru. Il faut convenir que celui-ci méritoit de l'emporter fur fon concurrent, dont les Vers font plus bourfoufflés que poétiques, & nullement affortis au ton de l'Ode. Pour fe venger de l'Académie, M. de Voltaire fit imprimer fon Ouvrage à la suite du Poëme de la Ligue, aujourd'hui la Henriade, en y joignant une Note qui contenoit de vifs reproches à fes Juges. Comme ces deux morceaux ne font point dans le Recueil des Œuvres de M. de Voltaire, on fera peut-être charmé d'en trouver ici quelques traits.

» L'Ode fuivante, dit-il dans la Note, fut a préfentée à l'Académie en 1714, au fujet du » Vou de Louis XIII, que Louis XIV venoit

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d'accomplir, en faisant conftruire l'Autel de

» Notre-Dame de Paris. La Piece de M. de » Voltaire ne remporta point le prix. L'Acadé» mie la mit au deffous de celle de M. l'Abbé

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» du Jarry, que le Public trouva très → mau» vaise quand elle parut, & qui commence par » ces trois Vers;

» Enfin ce jour paroît où le faint Tabernacle, » D'ornemens enrichi, nous offre un beau fpectacle; >> La mort ravit un Roi plein d'un projet fi beau, &c.

» L'Académie ne s'apperçut point de tous les » défauts de cette Piece, qui eft très - plate, » très - profaïque, & où l'on trouve des Poles glacés & des Poles brûlans, & jugea à propos

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» de la couronner.

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Voyez le Recueil de l'Académie 1714, chez » Coignard. Faut-il s'étonner que ceux qui ont » du talent pour les Vers, ne veuillent plus compofer pour les prix d'une Académie qui juge fi mal?

Voici quelques Strophes de l'Ode:

>> Du Roi des Rois la voix puifante
» S'eft fait entendre dans ces lieux :
» L'or brille, la toile eft vivante,
>> Le marbre s'anime à mes yeux.
» Prêtreffes de ce Sanctuaire,
» La Paix, la Piété fincere,
» La Foi, Souveraine des Rois,
» Du Très-Haut Filles immortelles,

» Raffemblent en foule autour d'elles
» Les Arts animés par leurs voix.

» O Vierges! compagnes des Juftes,
»Je vois deux Héros * profternés,
» Dépouiller leurs bandeaux auguftes
» Par vos mains tant de fois ornés :
» Mais quelle Puiffance céleste
» Imprime für leur front modefte
» Cette fuprême majesté ?

» Terrible & facré caractere,

» Dans qui l'œil étonné révere
» Les traits de la Divinité.

L'un voua ces pompeux Portiques; »Son fils vient de les élever.

» O que de projets héroïques

» Seul il eft digne d'achever!

» C'est lui, c'eft ce Sage intrépide,
» Qui triompha du fort perfide,
» Contre fa vertu conjuré,
>> Et de la difcorde étouffée

» Vient dreffer un nouveau trophée
Sur l'Autel qu'il a confacré **

>> Telle autrefois la Cité fainte

>> Vit le plus fage des Mortels,

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» Du Dieu qu'enferme son enceinte,

» Dreffer les fuperbes Autels.

*Les Statues de Louis XIII & de Louis XIV font aux deux côtés de l'Autel.

** La paix de l'Empereur, faite dans le temps que le Chœur a été achevé.

Sa main redoutable & chérie,
» Loin de fa paisible Patrie,
>> Ecartoit les troubles affreux,
>> Et fon autorité tranquille

Sur un peuple à lui feul docile,
>> Faifoit luire des jours heureux «<,

Il eft aifé de connoître par ce que nous venons de citer, que M. de Voltaire a été de tout temps très-fenfible. Après tout, il n'avoit pas tort dans cette occafion. Si fa Muse eût toujours parlé un langage auffi religieux, il eût eu la gloire, non pas de faire des Odes comparables à celles de Rouffeau & de M. de Pompignan. mais de fe faire eftimer de tous les honnêtes gens, & n'auroit pas fait la Pucelle, le Cadela Guerre de Geneve, & tant d'autres Pieces, qu'on peut regarder comme les Trophées de la Licence & l'aviliffement de la Poéfie.

nat,

JAUBERT, N. ] Abbé, de l'Académie

Royale des Belles-Lettres

Bordeaux, né en 17..

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Sciences & Arts de

Cet Auteur fera caractérisé, en difant, que fon Eloge de la Roture n'a rien de noble; fon Livre des Caufes de la Dépopulation, & des Moyens d'y remédier, rien que d'utile; fa Tra¿duction de l'Imitation de Jefus-Christ, rien que d'édifiant; & celles des Euvres d'Aufonne, rien, que de médiocrc.

JAUCOURT, [ Louis, Chevalier DE ] de la Société Royale de Londres, des Académies de Berlin, Stockholm, Bordeaux, &c. né en 17..

Il est rare de trouver dans les personnes de sa naissance autant d'amour pour le travail & de zele pour les Lettres. Cet Ecrivain laborieux, après avoir donné beaucoup d'Ouvrages Latins & François fur la Médecine, [ dont il ne nous appartient pas de juger le mérite] s'eft livré tout entier à l'Encyclopédie. On peut dire que les deux tiers de cette immenfe Compilation ont éré fournis par lui feul. Ce n'eft pas qu'il ait tiré tout de fon propre fonds: la vie d'un homme' ne fuffiroit pas pour produire une fi grande abondance d'idées & de préceptes fur tant de matieres différentes : mais on doit lui savoir gré d'avoir foutenu fi courageufemenr la fatigue & le dégoût des recherches, & d'avoir présenté les pensées d'autrui fous un jour qui les rend plus fenfibles & plus intéreffantes que dans les originaux.

M. de Jaucourt eût encore ajouté à fa gloire, en fe rendant plus févere dans le choix des matériaux, & en indiquant les fources où il les a puifés. Cette remarque ne nous empêchera pas de dire à fa louange, que, malgré fon zele pour l'Encyclopédie, l'esprit philosophique ne l'a ja

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