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autres Ouvrages, & a long-temps travaillé a Journal Chrétien,

JODELLE, [ Etienne ] né à Paris en 1532§ mort dans la même ville en 1573.

Avant lui la Tragédie n'étoit chez nous que ee qu'elle fut d'abord chez les Grecs, c'est-àdire, informe & groffiere. A-peu-près comme les Payens célébrerent leurs Divinités dans des chants ou dans quelque récit qu'ils exécutoient en leur honneur; de même, parmi nous, les premiers Poëtes, prétendus Tragiques, s'attacherent à repréfenter des Myfteres, fans s'affujettir à aucune des Regles de l'Art Dramatique.

-Jodelle a le premier diftribué les Tragédies & les Comédies en actes, les actes en fcenes, & rappelé les trois unités prefcrites par Ariofte. Voilà à-peu-près à quoi fe reduit tout fon mérite; car fa Tragédie de Cléopatre, celle de Didon, & la Comédie d'Eugene, ne peuvent être comparées même aux plus mauvaises Pieces d'àpréfent; mais dans un fiecle groffier, c'eft beaucoup que d'imaginer quelque chofe.

Jodelle fut regardé, pendant quelque temps, comme un génie fupérieur. Henri II lui accorda une gratification de cinq cents écus après la repréfentation de Cléopatre; &, pour renouveller les

fages des Anciens, il fit conduire chez lui un bouc couronné de lierre, dont la barbe & les cornes étoient dorées. Ce triomphe fut paffager. Cet Auteur, fi bien fêté, eut peu après des Rivaux qui firent oublier fes Effais: fon nom eût éprouvé le même fort, fi ce Poëte ne faifoit époque dans l'hiftoire de notre Théatre.

1. JOLY, [Guy ] Confeiller du Roi au Châelet, Secrétaire du Cardinal de Retz.

Il s'en faut de beaucoup que fes Mémoires vaillent ceux de fon Maître, qui, par fon efprit, conferve la même fupériorité qu'il avoit fur lui par fon rang. On y trouve quelques détails curieux ; mais tant d'autres Ecrivains ont parlé des mêmes faits, que les Mémoires de Joly pourroient être fupprimés fans conféquence.

2. JOLY, [ Claude ] Evêque d'Agen, né à Bury, dans le Diocefe de Verdun, en 1610, mort en 1678.

Les Prônes qu'on a de lui ont été beaucoup eftimés autrefois. Ils méritent encore de l'être, quoiqu'ils aient été furpaffés par plufieurs autres Ouvrages de ce genre, donnés depuis au Public. Nous ne prétendons pas placer dans cette classe plufieurs Prônes modernes qui ne les valent pas.

3. JOLY, [ Jofeph-Romain] Capucin, né à St. Claude en 1725.

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Celui-ci a cultivé prefque tous les genres de Littérature, fans qu'on puiffe dire qu'il ait réuffi dans aucun. Il a compofé des Difcours, des Hiftoires, des Critiques, des Satyres, des Contes, des Epigrammes, des: Cantiques, des Tragédies, un Poëme Epique en douze Chants, des Lettres fur les Spectacles, fur les Duels, fur le Sabbat des Sorciers, fur la Reine des Abeilles, fur les Convulfionnaires ; & pas un de ces Ouvrages n'a fait affez, de fenfation dans le monde pour attacher la moindre célébrité au nom de l'Auteur. On ne peut cependant lui refufer des connoiffances, de l'érudition, des idées; mais ces qualités font perdues pour le Public, quand elles ne font pas miles en œuvre par le talent, ou relevées par le mérite du ftyle.

JOUBERT, [Jofeph ] Jéfuite, né à Lyon,

mort en 1724.

Tout le monde connoît fon Dictionnaire François-Latin, devenu un Ouvrage claffique. Cette efpece de travail procureroit aujourd'hui peu de gloire; mais dans le temps du P. Joubert it fuppofoit quelques talens, de l'application, de Pétude, & fur-tout le defir eftimable d'être utile au Public.

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JOUVENCY, [ Jofeph ] Jéfuite, né à Paris En 1643, mort à Rome en 1719..

Une latinité pure, élégante, facile, & comparable, à beaucoup d'égards, à celle des Anciens, forme le coloris de tous fes Ouvrages. Ses Harangues & fon Traité de l'Art d'apprendre & d'enfeigner, ajoutent au mérite du ftyle, celui des préceptes & du bon goût. Les Notes qu'il a faites fur Horace, Perfe & Juvenal, font des modeles de clarté & de précifion; il eft difficile de développer l'efprit d'un Auteur avec plus de fubftance & en moins de mots, contre la coutume des Commentateurs. Il ne faut pas s'étonner que ces Ouvrages, auffi bien que fon Appendix de Diis & Heroïbus Poëticis, foient devenus des Livres claffiques. Nous ne parlerons pas de fa Continuation de l'Hiftoire de fa Société, où la richeffe de l'imagination & l'élégance de l'expression fe font autant fentir, que les préjugés ultramontains qui lui attirerent la condamnation du Parlement de Paris.

IRAIL [ Auguftin-Simon ], Prieur de St. Vincent-les-Moiffac, né au Puy en Velay en 1719. Il est connu dans la République des Lettres par un Ouvrage qui a excité de juftes murmures: cet Ouvrage a pour titre : Querelles littéraires, & pour Epigraphe, le Tanta ne animis celeftibus ira! On y trouve l'Hiftoire des démêlés des Ecrivains les plus célebres, anciens & modernes ;

il eft affez bien écrit, & contient un grand nombre d'anecdotes fingulieres, propres à le rendre amufant; mais la vérité, la juftice & le bon goût y font prefque toujours facrifiés à M. de Voltaire, dont M. l'Abbé Iraïl a élevé un des petits neveux. Le Lecteur même un peu éclairé n'y peut méconnoître, en plufieurs endroits, la touche & les idées de l'Hiftorien du Siecle de Louis XIV: c'eft fa maniere d'écrire, fa tournure d'efprit, fa façon de penser; ce qui a fait dire à quelques perfonnes, qu'il avoit eu grande pars à cet Ouvrage. Quoi qu'il en foit, le ftyle n'en eft pas toujours foutenu; tous les faits n'en font pas exacts, ni les jugemens équitables. On diroit que le but de l'Auteur eft de juftifier M. de Voltaire de tous les torts qu'on lui reproche à l'égard des Gens de Lettres qu'il a fi cruellement ou tragés, & de le placer au deffus de tous les Ecrivains fes prédéceffeurs, dans les différens genres de Littérature qui ont exercé fa plume.

Sans cela, M. l'Abbé Iraïl auroit-il dit, en parlant de Racine, qu'il place au deffus da fublime Corneille: Heureux s'il eût été auffi grand Philofophe qu'il étoit grand Poëte! On ne voit pas ce qu'auroit pu ajouter au mérite de Racine cette bienheureuse Philofophie, que le bon M. Irail prend la peine de lui souhaiter, sans s'appercevoir qu'il avoit la véritable, celle d

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