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ebeur. C'étoit, fans doute, pour réferver à M. de Voltaire un degré de prééminence fur l'Auteur de Phedre, d'Athalie, de Britannicus, &c. Il ignoroit vraisemblablement qu'il faudroit une grande dofe de philofophie pour équivaloir au mérite de ces Chef-d'œuvres.

Auroit-il dit encore que les Oraifons funebres de Boffuet, & fon Difcours fur l'Hiftoire uni verfelle, font les feuls de fes Ouvrages qui méritent l'immortalité, s'il n'eût eu intention, à l'exemple de fon Mécène, de déprimer tout ce qui éleve les Ouvrages de controverfe de ce Prélat, au deffus des miférables rapsodies qu'on a débitées contre la Religion?

Auroit-il accufé M. de Fénélon d'avoir faic des Vers galans dans le goût de ceux de Quinault, fi fon fouffleur ne lui eût fuggéré cette ridicule anecdote, démentie fi formellement par le neveu de ce Grand Homme, & par l'Abbé

de Laville?

Auroit-il ajouté, en parlant de ce vertueux Archevêque, & de M. Boffuet, qu'ils avoient une façon de penser toute philofophique, & que s'ils étoient nés à Londres, ils auroient donné l'effor à leur génie, & déployé leurs principes, que perfonne n'a bien connus, s'il n'avoit voulu groffir la Lifte philofophique de deux noms qui en feront toujours le fléau

Auroit-il été assez injuste, à l'égard de Boileau, pour avancer qu'on ne peut lui refufer toutes les parties d'un grand Poëte, excepté l'invention, fi le Lutrin, qui eft tout invention, n'étoit un meilleur Poëme * que la Henriade?

Auroir-il eu enfin la fimplicité d'affûrer, qu'il n'eft rien forti des mains de M. de Voltaire, qui ne refpire l'amour du vrai, fi l'Auteur de l'Hiftoire générale, du Siecle de Louis XIV, du Siecle de Louis XV, & de cent autres Hiftoires, n'eût dirigé fa plume, ou plutôt ne l'eût aveuglé fur la fottife qu'il avançoit ?

Nous ne relevons pas mille autres menfonges répandus dans cct Ouvrage, & fur-tout dans les articles qui regardent les démêlés de M. de Voltaire avec J. B. Rouffeau, l'Abbé Desfontaines M. de Maupertuis, &c., que nous avons traités d'une maniere plus conforme à la vérité, dans le Tableau philofophique de l'Esprit de M. de Voltaire. Nous nous contentons d'avertir le Lecteur du cas qu'on doit faire de ces Auteurs prétendus impartiaux, qui ne s'occupent jamais que de ceux pour qui ils écrivent, fans réfléchir sur ce qu'ils écrivent.

* Ceux qui doutent que le Lutrin ne foit un meilleur Ouvrage que la Henriade, confidérée comme Poëme n'ont qu'à lire l'excellent Parallele qui a été fait de Ces deux, Ouyrages.

IVETEAUX, [Nicolas VAUQUELIN DES ] Abbé, fils du Poëte la Frefnaye, né dans un Château près de Falaise, mort en 1649; eft plus connu par fon goût pour les plaifirs, que par fes Ouvrages, quoiqu'il écrivît, dit-on, purement en Latin en Italien & en François, foit en Profe, foit en Vers.

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Il ne nous refte de lui qu'un Poëme médiocre, intitulé, l'Inftitution du Prince, composé pour M. de Vendôme, dont il étoit alors Précepteur, & quelques Pieces fugitives inférées dans le Recueil, qui a pour titre, Délices de la Poéfie Françoife. A juger de fon efprit par ces petites Pieces, on peut affûrer qu'il l'avoit délicat & orné; mais c'eft le chant de la Fauvette, & non celui du Roffignol.

L'Abbé des Ìveteaux fut plus fingulier dans fes mœurs, qu'il ne l'eft dans fes Ecrits. A cause de fa vie licentieuse, il se fit chaffer de la Cour, où il étoit Précepteur du Dauphin, depuis Louis XIII. Cette difgrace ne l'affligea pas beaucoup. L'amour du repos, celui des plaifirs, deux fources de Philofophie pour ceux qui n'en connoiffent pas de meilleures, le confolerent de la perte de fa fortune & de fon honneur. Tel eft l'effet affez ordinaire de cet égoïfme, qui, réduifant chaque Individu à lui-même, ne l'attache qu'à ce qui le flatte, & le porte à ne

compter pour rien les égards qui le lient à la Société. Un esprit d'indépendance, le plus fa-. nefte de tous les travers, rend fon ame infenfible, nous ne dirons pas à tout, mais du moins au blâme. L'orgueil, toujours avide de louanges, dédaigne alors celles qu'il ne peut obtenir, & brave la cenfure qu'il ne peut éviter. C'est ainfi qu'on parvient à cette prétendue élévation d'ame, ou plutôt à cette infouciance destructive de tout fentiment noble, & dans laquelle on ne s'endort avec complaifance, que parce que, n'écoutant que soi-même, on ne trouve pas de Contradicteurs efpece de mort morale, dont on ofe faire une vertu fublime, tandis qu'elle anéantit toutes les vertus. C'est ce qui a fait dire avec raison à J. J. Rouffeau, que le fanaeisme eft moins dangereux que la Philofophie, qui conduit toujours à cet égarement. Et quelle étoit la Philofophie de des Ivetaux? Un genre de délire moins fembre que la morgue domi nante, mais auffi abfurde dans fa maniere.

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Cet homme ne voyoit rien de fi beau que la vie pastorale; c'eft pourquoi, fans fortir de la ville, il chercha à contenter la bizarrerie de fon goût pour les champs. Il s'habilloit en Berger, & dans cet équipage, la houlette à la main, la pannetiere au côté, le chapeau de paille fur la ête, accompagné d'une Chanteufe des rues,

Erigée en Bergere, il fe promenoit dars un jardin, & s'imaginoit mener paître fes troupeaux. Pour completter la Bergerie, il chantoit des airs champêtres, pendant que fa Maîtreffe jouoit de la harpe, [inftrument qui n'est pas fort paftoral ] & attiroit par fes airs des oiseaux de voliere, dreffés péniblement à ce manége.

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Une telle manie n'a pas trouvé beaucoup d'Imitateurs quoique des Iveteaux ait trouvé des Panégyriftes mais chacun a fa maniere de philofopher; & qu'importe la maniere, fi elles tendent toutes an même but?

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JURIEU, [Pierre ] Miniftre Protestant, né dans le Diocefe de Blois en 1637, mort à Rotterdam en 1713, où il étoit Profeffeur de Théologie.

Il est moins connu par fes Ouvrages, que pat fes démêlés avec Bayle, Boffuet, M. Arnaud. Tout ce qu'il a écrit annonce le Sectaire hardi, violent & fanatique, & n'eft plus lu aujourd'hui, parce que les déclamations intéressent peu, quand la caufe des démêlés ne fubfifte plus, & qu'elles révoltent toujours, quand elles font portées à l'excès

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