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pas réprimer fes Gagiftes, & exclure de fa domination les plumes foibles ou téméraires? Ne devroit il pas rejeter tant de lambeaux parafites, confacrés à des extafes ridicules fur l'excellence prétendue de tant de mauvaises Pieces * de Théatre foudroyées par le Parterre, & réhabilitées dans fes Bureaux? Ne devroit - il pas défendre, en vertu de fon autorité pécuniaire, (à M. de la Harpe, par exemple) d'outrager le grand Rouffeau ** en faveur de M. de Voltaire & de la Mothe Houdart; de décrier le génie des Corheille, des Boffuet, des Defpréaux, &c.; de perfiffler nos bons Ecrivains, pour applaudir aux corrupteurs du goût? Ne devroit-il pas abaisfer, par de fages avis, ce ton de fuffifance qui n'eft pas celui de la fupériorité, mais le fruit d'un égoïfine dont l'excès fouleveroit l'indignation, s'il étoit moins ridicule ? Ne devroit-il pas lui dire, avant toutes chofes : ne louez pas fi obftinément vos propres Ouvrages, car le Public ne rétractera pas le jugement qu'il en a porté ; ne célébrez pas les Philofophes, parce que le temps de l'illufion eft à fon terme; ne farciffez pas vos Extraits

* De la Mere jalouse, entre autres. Voyez le Mercure de Mars 1772.

** Voyez le Mercure d'Avtil 1772, premier vol.

des éloges que M. de Voltaire vous prodigue, parce qu'on fait que M. de Voltaire ne loue que la médiocrité ; n'ajoutez point aux Lettres qu'il vous écrit, parce que vous les gâtéz par vos amplifications; ne les faites pas arriver trop tôt * , parce que vos bévues font trop fenfibles; gardez-vous fur-tout de m'en écrire à moi-même, parce qu'on fait que nous nous voyons tous les jours & fi enfin la manie de vous fêtoyer vous-même eft incurable, fabriquez au moins votre encens en France, ne le faites pas venir ** de Ruffie ; car fi vous favez bien copier le ftyle des Poëtes du Nord, il n'eft pas fi aifé de jouer le Seigneur de Ruffie?

* Dans le fecond vol. du Mercure d'Avril 1772, qui ne parut que le 17 ou le 18 du même mois, M. de la Harpe traduites rend compte des Odes Pythiques de Pindare, par M. de Chabanon: dans le Mercure du mois de Mai fuivant, on trouve une Lettre de M. de Voltaire à M. de la Harpe, dans laquelle on lui dit qu'il a rendu au très-eftimable M. de Chabanon la justice que mérite fa profe noble & harmonieufe. Or, cette Lettre de M. de Voltaire eft datée du 18 Avril 1772, c'est-à-dire, du jour même que parut à Paris le Mercure où se trouve l'Extrait en question.

** Voyez, dans le premier vol. du Mercure de Juillet 1773, une Lettre de M. de la Harpe à M. Lacombe accompagnée d'une Piece de Vers adreffée à M. de la Harpe par un prétendu Seigneur Rufc.

De cette maniere, M. Lacombe réprimeroit les abus de fa Preffe, préviendroit les murmures des Gens de Lettres, & réuniroit à l'eftime qu'on doit à fa politeffe, l'avantage de contribuer, fans aucun reproche, à l'amusement & à l'utilité du Public.

Nous apprenons dans le moment que cet AuteurLibraire n'a plus la direction du Mercure, ni d'aucun autre Journal, & qu'il s'eft vu contraint d'abandonner le Commerce de la Librairie, pour s'être chargé trop facilement des Ouvrages de MM. Marmontel, de la Harpe, Gaillard, &c. qu'il n'a pu vendre, & qui l'ont ruiné.

2. LACOMBE DE PREZEL, [ Honoré 1 Avocat, frere du précédent, né à Paris en 1735.

Cinq ou fix Dictionnaires, tels que le Dictionnaire Iconologique, celui du Citoyen, celui de Jurifprudence & de Pratique, celui d'Anecdotes & de Traits finguliers, celui de Portraits des Hommes célebres, dont quelques-uns ont eu du fuccès, font le fruit de fes travaux littéraires. On remarque dans ces différentes Compilations, de la méthode & du goût, de l'arrangement & du choix dans les matieres. Voilà à peu près tout le mérite que comporte ce genre de travail. On dira peut-être qu'il n'eft pas propre à pro

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curer une gloire brillante à la bonne heure, i fat du moins goûter la fatisfaction de s'être rendu utile, & ce qui n'eft pas moins fatisfaisant, l'avantage de s'être enrichi.

3. LACOMBE, [ François ] né à Avignon

en 1733.

Ce nom eft destiné fans doute à figurer à la tête de tout ce qui s'appelle Dictionnaire ou Compilation. Celui-ci eft Compofiteur d'un Dictionnaire du vieux langage François, qui peut être utile à ceux qui aiment la lecture de nos anciens Auteurs, aux Généalogiftes, aux Chartriers, aux Notaires, fur-tout aux derniers, lorfqu'ils font embarraffés pour l'intelligence de quelques expreffions hors d'usage. Il a auffi donné une Edition des Lettres choifies de Chriftine, Reine de Suede. Ces Lettres ont été bien accueillies du Public, parce qu'elles font véritablement d'elle. Il n'en a pas été ainsi des Lettres fecretes, publiées par le même Auteur, fous le nom de cette même Princeffe, parce qu'il étoit aisé d'en fentir la fuppofition. D'ailleurs, elles ne font nullement propres à faire honneur à cette Reine. Elle y paroît pédante, `orgueilleuse, livrée à toutes les paflions, fans décence, & prefque fans jugement. Sa conduite, il eft vrai, pourroit faire croire qu'elle en a écrit certaines; mais il vaur

mieux les rejeter toutes comme apocriphes; puifque la fauffeté manifefte de quelques-unes, forme un préjugé légitime contre la vérité des

autres.

On doit encore à M. Lacombe la Traduction de quelques Ouvrages Anglois, tels que les Lettres de Milord Shaftersbury fur l'enthou-. fiafme, les Lettres hiftoriques & philofophiques du Comte d'Oreri, fur la Vie & les Ouvrages du Docteur Swift, quelques Poéfies de Pope & de Dryden, &c. Si dans ces différentes Traductions, il n'a pas toujours le mérite de l'élégance, on ne peut lui refufer celui de l'exactitude, de la précifion & de la clarté.

1. LACROIX, [ Pierre-Firmin] Avocat au Parlement de Touloufe, de l'Académie des Jeux Floraux, né en 173.

Le Recueil de fes Mémoires offre une diverfité de caufes intéreffantes, bien préfentées, & fur-tout un ftyle noble, facile, élégant, propre à fervir quelquefois de modele à la plupart des Avocats de la Capitale, quoique M. Lacroix n'ait jamais quitté la Province, où l'on a fouvent à lutter, principalement dans la fienne, contre l'habitude d'un idiome particulier, qui influe fouvent fur la maniere d'écrire.

On a encore de cet Auteur plufieurs petits

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