⚫ curieufes, qui doivent faire pardonner les défauts de style, dont ces deux Ouvrages ne font pas exempts. Celui qui a rapport à l'Ecriture-Sainte, donne, fur-tout l'idée d'un Ecrivain, laborieux, attentif, éclairé, qui fait relever à propos les falfifications que les Miniftres Proteftans fe font fi fouvent permises, pour ajuster les textes aux principes de leur doctrine.

1. LAMARE, [Nicolas DE ] Doyen des Commiffaires du Châtelet, mort en 1723, âgé de 82 ans.

Tout le monde connoît fon Traité de la Police, Ouvrage plein de détails inftructifs, de réflexions folides, de vues utiles. Perfonne avant lui n'avoit embraffé cette maniere. On ne peut pas dire que ce Traité foit complet & exempt de défauts; mais un Ecrivain habile qui fauroit en conferver les matériaux, les employer avec plus de difcernement & de critique, auroit peu de chofe à faire, pour en tirer un grand parti & rendre des fervices précieux à cette partie effentielle de tout Gouvernement éclairé.

2. LAMARRE, [ N.] ex-Abbé, né en Bretagne, mort en 1742, Poëte qui n'étoit ni fans esprit, ni fans talens, mais à qui une vie diffi-pée ne permit pas de s'élever au deffus de la

médiocrité. Plus d'étude & plus d'attention à former fon goût auroient perfectionné les heureufes difpofitions pour la Scene lyrique. On remarque dans fa Zaïde, Reine de Grenade, de l'ordre dans le plan, de l'intelligence dans la diftribution des fcenes, du naturel & de la vivacité dans les idées & les expreffions, du fentiment & du pathétique dans les fituations.

La Paftorale de Titon & l'Aurore, mife en Mufique par M. Mondonville, eft une Production pofthume de la Mufe de M. Lamarre. Le Muficien y a fait des changemens qui l'ont rendue un des Tableaux les plus pompeux de notre Théatre lyrique, qui ne peut guere fe foutenir que par la magnificence.

Nous ne parlons pas des Pieces fugitives de ce Poëte, affez indignes d'être recueillies. Elles fe réduifent, fi l'on en excepte fes Couplets à la Princeffe de Conti, à des pensées foibles, & le plus fouvent à de la Profe rimée.

1. LAMBERT, [ Anne-Thérese DE MARGUENAT DE COURCELLES, Marquife DE] né en 1647, morte à Paris en 1733; une des Femmes qui a fait le plus d'honneur, par fon efprit & fes connoiffances, à la Cour de Madame la Dacheffe du Maine.

Elle fut l'Eleve de Bachaumont, son bea■

pere, qui ne négligea rien pour cultiver les heureufes difpofitions qu'elle annonçoit dès fon enfance. Perfonne n'a mieux rendu les caracteres d'une morale fage, fenfible, & embellie par les graces du ftyle. Les Avis d'une mere à fon fils, ceux d'une mere à fa fille, font d'une inftruction faine, tendre & remplie d'aménité. Madame Lambert a un mérite qui manque à la plupart des Auteurs moraliftes, & principalement à ceux de fon fexe. Elle ne s'attache point à des définitions métaphyfiques de la vertu, elle ne s'occupe qu'à en inspirer le goût; & fa maniere d'en parler eft très-propre à la faire aimer. Lorsqu'elle cite les Auteurs claffiques, Latins & François, c'est toujours fans affectation & fans pédanterie. Les jeunes perfonnes qui voudront fé former le cœur & l'efprit, ne fauroient trop fe nourrir de la lecture de fes Ouvrages. Son Traité de l'Amitié fait fentir ce doux fentiment, le fait defirer, & prouve qu'elle avoit une ame propre à le faire naître. On ne peut reprocher à Madame Lambert que des négligences dans le ftyle, & un ton qu'il falloit un peu plus rapprocher de la nature.

2. LAMBERT, [ Jofeph ] Docteur de Sorbonne, né à Paris en 1654, mort en 1722.

Il a beaucoup écrit, & tous fes Ouvrages ont pour objet la morale chrétienne. Les plus connas

font des Homélies imprimées fous le titre d'Année Evangélique, des Conférences intitulées, Difcours fur la vie eccléfiaftique, des Inftructions courtes & familieres pour tous les Dimanches & principales Fêtes de l'année. On y remarque, en général, un efprit nourri de la lecture des Livres faints, quelquefois de l'onction, & prefque toujours des regles de conduite utiles & propres à éclairer ceux qui auroient un vrai defir de pratiquer les devoirs de la Religion. Il n'est pas toujours exact; la multitude de fes compofitions l'a fans doute jeté quelquefois dans des négligences & des méprifes, qu'un plus mûr examen lui auroit fait corriger.

3. LAMBERT, [ Claude - François ] Abbé, né à Dôle, mort à Paris en 1765, a composé des Romans où le ftyle du befoin & de la faim fe fait fentir à chaque page, & des Hiftoires qu'on ne lit guere que pour les noms & les dates. Le plus connu de fes Ouvrages est l'Hiftoire littéraire du Siecle de Louis XIV, divifée en autant de Livres qu'il y a de claffes de Littérateurs & de Savans, & dont chaque Livre est précédé d'un Difcours fur l'origine & les progrès de chaque Art, de chaque Science. Ces difcours, au nombre de feize, font écrits comme le reste de l'Ouvrage, c'eft-à-dire, que le ftyle en eft

lourd & diffus, que les réflexions en font triviales, les détails ennuyeux, les faits mal expofés. Son Hiftoire générale de tous les Peuples n'est pas mieux écrite. On y trouve, il est vrai, ce qu'il faudroit aller chercher dans cent Auteurs différens; mais on y chercheroit vainement du goût, de l'exactitude dans les faits, de la vérité dans les portraits, de la nouveauté dans les idées, de la nobleffe & de la correction dans le langage. Il arrive fouvent à M. Lambert de fe recopier & de tomber en contradiction avec luimême, défaut ordinaire aux longues compilations.

1. LAMI, [ Bernard] Prêtre de l'Oratoire né au Mans en 1645, mort à Rouen en 1715. Nous ne le jugerons pas fur fes Productions de Théologie, qui fe réduifent pour la plupart à des difcuffions polémiques, ni fur fes Ouvrages de Mathéinatiques, dont on fait cas. Nous ne parlons que de ce qu'il a fait dans le genre littéraire; & l'on peut dire que fes Entretiens fur les Sciences & la maniere d'étudier, forment une compofition estimable, dont la lecture feroit très-utile aux jeunes gens affez fages pour vouloir s'inftruire, avant d'exercer leur plume au hafard & fans principes. L'Auteur leur donne des avis très-judicieux, & leur indique avec difcernement les fources où ils peuvent puiser.