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Sa Rhéthorique, ou l'Art de parler, fans être le meilleur Ouvrage que nous ayons dans cette partie, eft néanmoins très-propre, par l'érudition & la profondeur des réflexions qui y dominent, à former l'efprit, & à lui faire contracter l'heureuse habitude de juger des choses sur des principes clairs & folides. On y trouve une Préface lumineuse, qui donne d'abord une juste idée de la matiere que l'Auteur va traiter. Ce Livre n'est pas tout-à-fait à la portée de la Jeuneffe qu'on inftruit dans les Colléges; mais tout homme accoutumé à concevoir & à réfléchir, y puifera de quoi s'inftruire; le Grammairien comme le Poëte, l'Orateur comme le Logicien, l'Hiftorien comme le Philofophe. Au mérite des chofes, il réunit celui de la méthode, d'un ftyle clair & quelquefois noble & élégant.

2. LAMI, [Dom François ] Bénédictin, né à Montereau, près de Chartres, en 1636, mort à Saint-Denis en 1711.

Les Auteurs du Nouveau Dictionnaire Hiftorique difent que, de tous les Bénédictins, il

eft celui qui a le mieux écrit en François. Si cela étoit vrai, on donneroit une bien mauvaise idée de la plume des Ecrivains de cet Ordre, parmi lefquels on en trouve un grand nombre de plus cftimables du côté du ftyle, que le P. Lami. En

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effet, les Quvrages de ce Religieux font d'une diffufion, d'une monotonie, d'une foiblefle d'expreffion, qui en rendent la lecture infipide. Nous avons eu la patience d'en lire plufieurs celui entr'autres qui a pour titre, la Rhétorique de College, trahie par fon Apologifte, contre l'Ouvrage de M. Gibert. Nous pensions y trouver de quoi nous inftruire, & nous n'y avons va qu'un verbiage fatigant. Quand on eft auffi plat & auffi vuide de chofes, dans un Ouvrage polémique où l'on attaque un célebre Profeffeur, comment peut-on être intéreffant dans d'autres Productions? Cet Ecrivain nous a paru le même dans fes Lettres philofophiques fur divers fujets, où une loquacité, une profufion de raifonnemens qui ne difent rien, une furcharge de mots inutiles, autorisent à prononcer fur cet Ouvrage cette fentence mortelle :

Sunt verba & voces, prætereaque nihil.

1. LAMOIGNON, [ Guillaume DE ] Premier Président du Parlement de Paris, où il naquit en 1617, & où il mourut en 1677, plus connu dans la République des Lettres par les juftes éloges de Boileau & l'Oraifon Funebre de Fléchier, que par fes Ouvrages qui font difperfés & ne fubfiftent que dans de vicux Recueils. Ce Magiftrat auffi recommandable par fes mouss

& fa probité, que par fes talens, a eu la gloire d'être un des plus zélés Protecteurs des Lettres. Il les aidoit par fes confeils, & Boileau lui doit l'idée & la perfection de fon Lutrin.

2. LAMOIGNON, [ Chrétien-François DE ] Avocat - Général du Parlement de Paris, de l'Académie des Infcriptions, fils de Guillaume né à Paris en 1644, mort dans la même ville en 1759, n'avoit pas moins de talens que fon pere, & eut plus d'occafion de les faire briller. Ses Plaidoyers font d'un ftyle véhément, rapide, pleins de penfées nobles, de tours éner-! giques, & d'expreffions heureufes. On peut les regarder comme des Traités de Jurifprudence, où l'Orateur, l'Hiftorien, le Naturaliste, le Philofophe & même le Théologien trouveroient à s'inftruire. Nous ne parlons pas des qualités de fon cœur; fon nom feul les annonce. Ce Magiftrat auroit démenti fon fang, fi elles n'euffent pas été d'accord avec les vertus qui y font depuis long-temps héréditaires.

LANCELOT, [Dom Claude] Bénédictin, né à Paris en 1615, mort en 1595; un de ces Littérateurs, qui, fans avoir une réputation brillante, n'en ont pas moins rendu aux Lettres des fervices très-intéreffans.

Ses excellentes Grammaires font d'un grand fecours, pour faciliter à la Jeunesse la connoiffance du Grec & du Latin. C'est à lui que nous devons la Nouvelle Méthode pour apprendre la Langue Grecque, ta Nouvelle Méthode pour apprendre la Langue Latine, ainfi que l'Abrégé de ces deux Méthodes connues fous le nom de Port-Royal. On voit, par ces Ouvrages élémentaires, devenus claffiques, que perfonne ne connoiffoit mieux le méchanifme de la langue d'Homere & de celle de Virgile.

Le Jardin des Racines Grecques du même Auteur, eft un des Livres les plus propres à faciliter l'intelligence de cette Langue, fi peu cultivée aujourd'hui Ce n'eft donc pas faute de fecours qu'on néglige fi fort les Auteurs Grecs. Il feroit inutile d'inviter à cette étude la plus grande partie de nos Littérateurs actuels. Ils font décidés à ne vouloir les connoître que dans les Traductions; encore la plupart ignorent-ils qu'elles exiftent. La facilité de se faire une réputation chez les efprits frivoles, les dispense de tout travail. Mais il eft encore temps d'apprendre aux jeunes gens, fufceptibles d'être dirigés vers les fources du génie, qu'on ne peut devenir un grand Homme, qu'en s'attachant à la lecture des grands Modeles, & que ce n'eft qu'en allu'mant son flambeau aux rayons du soleil, qu'on

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peur, comme Prométhée, communiquer à fes Ouvrages le feu qui leur donne la vie.

LANGLOIS, [Jean-Baptifte] Jésuite, né à Nevers en 1663, mort en 1706.

De plufieurs Ouvrages qu'il a faits, on n'eftime aujourd'hui que fon Hiftoire des Croifades contre les Albigeois : elle fuppofe de grandes recherches, de la critique, & fur-tout l'art de les fondre habilement dans le cours de la narration. Le P. Benoît, Jacobin, avoit traité le même sujet; mais la forme, fi l'on peut s'exprimer ainsi, en gâtoit les matieres : un style lourd déparoit le mérite des chofes, au lieu que le P. Langlois a fu les embellir, & les rendre intéreffantes par une diction noble, aifée, & quelquefois pleine de chaleur & d'élégance.

1. LANGUET, [ Hubert] né à Viteaux, en Bourgogne, en 1518, mort à Anvers en 1581; fougueux Proteftant, dont la Harangue à Charles IX fit plus de bruit, par fa hardieffe, que par fon éloquence. On la trouve dans le premier tome des Mémoires du Regne de ce Prince. Les autres Ouvrages de Languet confiftent en des morceaux d'Hiftoire, & des Traités de Politique, affez médiocrement écrits, qui furent cependant recherchés, dans leur nouveauté, faute de mieux.

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