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beaux monumens de l'éloquence de la Chaire

Nous ne parlons pas du Recueil de fes Poéfies fugitives, dont Barbou a donné une édition magnifique, où les Connoiffeurs trouvent plus d'ef prit, de délicateffe & de fentiment, qu'il n'en faudroit pour faire une grande réputation à quiconque fe feroit borné à ce feul gente.

LATTAIGNANT, [ Gabriel-Charles DE ] Chanoine de Reims, né à Paris au commencement de ce fiecle.

Sa Mufe a fu fe plier à tous les goûts. Tantôt gaie, tantôt fenfible, elle a célébré fucceffivement la joie & les langueurs. Il paroîtra étrange que M. l'Abbé de Lattaignant ait choifi le genre des Chanfons préférablement à tout autre. Sans doute qu'il a mieux aimé fuivre les impreffions de fon génie que la décence de fon état, qui lui a paru trop févere. Qu'on lui pardonne cet oubli, & il pourra occuper une place parmi les Efprits agréables qui font honneur à la gaieté françoife. Si fes Chanfons ne font pas toujours égales, s'il en a quelques-unes de froides & de peu naturelles, il en a beaucoup d'ingénieuses & de très-délicates.

Une réserve dont on doit lui favoir gré, c'est que la vivacité de fon imagination n'a jamais laïssé échapper aucun trait contre la Religion,

aucun de ces tranfports qu'on appelle philofophiques, aucune de ces faillies licencieufes qui coûtoient fi peu aux Grécourt, aux Chau lieu, & à quelques autres qui n'avoient jamais tant d'efprit que pour le vice & contre Dieu. On peut même dire à la gloire, qu'il a réparé les légéretés de fa Muse, par des Productions plus dignes de fes talens. Ses Cantiques fpirituels lui feront plus d'honneur dans les Efprits fages, que fes Ouvrages de galanterie ne lui ont attiré d'applaudissemens de la part des Esprits frivoles, dont les fuffrages ne valent pas la peine qu'on leur facrifie les devoirs.

LAVAL, [P. A.] Comédien, né en 17.. On a lu, dans fa nouveauté, un Ouvrage de fa façon, intitulé, le Tableau du Siecle, où l'on s'eft apperçu que la connoiffance affez exacte de nos mœurs étoit revêtue d'un ftyle trop lâche 2 trop diffus & quelquefois trop familier. Il a publié auffi une Apologie du Théatre, en réponse à la Lettre de J. J. Rouffeau fur les Spectacles. Rien n'étoit plus naturel que les motifs de fon zele; c'étoit foutenir les avantages de fon métier. Mais il s'en faut bien que les armes foient égales entre fon Adverfaire & lui, foit pour le fond des chofes, foit pour la vigueur de l'élocution. On doit ce pendant lui rendre juftice du côté de la modéra

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tion avec laquelle il préfente fes raifons; c'eft beaucoup d'être modéré dans la difpute, lors même qu'on a tort.

LAUGIER, [ Marc-Antoine ] Abbé, ci-devant Jéfuite, Affocié des Académies d'Angers, de Marseille & de Lyon, né à Manofque, dans le Diocese de Sisteron, en 1713, mort à Paris en 1769.

Ce qu'il a écrit fur la Mufique, la Peinture, l'Architecture, montre des connoissances & du talent pour faifir les principes & les fineffes de ces trois Arts; fes Effais fur l'Architecture font fur-tout très-eftimés.

L'Oraifon funebre du Prince de Dombes a des beautés d'éloquence qui font juger qu'il s'eft mépris en s'attachant à un autre genre. Ce genre eft l'Histoire, dont il a défiguré l'efprit & le ftyle, en la furchargeant de traits plus oratoires qu'hiftoriques, d'une intempérance de figures, d'un luxe d'expreffions déplacées, d'une affectation de grands mots qui ne produifent que des fons, lorfqu'on a droit d'attendre des réflexions ou des faits. C'est ainsi qu'il a écrit fon Hiftoire de Venife, où il compare, en ces termes, cette République à celle de Gênes » C'étoient comme » deux tourbillons qui, gênés l'un par l'autre dans leur rencontre > menaçoient inceffamment de

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s'abforber l'un & l'autre par des forces incompatibles de leur expansion; dominant l'un & » l'autre fur deux mers oppofées, l'endroit où elles fe réuniffent étoit pour eux un centre de » concurrence, où ils ne portoient qu'une détermination décidée à fe croifer «. Ce galimatias n'eft-il pas du Diderot tout pur? Un Ecrivain qui fe permet des comparaisons auffi amphigouriques, qui les répete en toute occafion & même fans occafion, n'eft-il pas auffi peu propre à écrire l'Hiftoire, que l'Auteur de l'Interprétation de la Nature à traiter la Métaphyfique?

LAUJON, [Pierre ] ci-devant Secrétaire des Commandemens du Comte de Clermont, né à Paris en 17.. Poëte agréable, ingénieux, délicat, dont les Paftorales & les Ballets font un des principaux ornemens de notre Théatre lyrique.

Le naturel & le tendre de la Poéfie, l'intelli gence & les refforts de ce genre de Spectacle y font employés avec une fineffe qui en rend l'effet des plus intéreffans. Tout le monde fait par cœur des morceaux du Ballet d'Eglé & de l'Opéra de Sylvie, dont les Vers font fi naturels & fi harmonicux, qu'ils font, pour ainfi dire, valoir la Mufique, quoiqu'excellente par elle-même, au lieu que, pour tant d'autres, c'est la Mufique qui fait fupporter les Vers. Un autre trait qui dif

tingue encore les Productions de M. Laujon, c'el que le fentiment y confifte moins dans une af fectation de paroles doucereufes, que dans un fond de chaleur & de fenfibilité qui anime l'expreffion. Ces précieuses qualités se font fur-tout remarquer dans fes Chanfons, dont il a donné depuis peu le Recueil, fous le titre des A-propos de Société.

LAULANHIER, [ Michel-Jofeph DE ] Evêque d'Egée, né au Cheylard dans le Vivarais en 1718.

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Plein de zele pour la Religion, & doué du talent d'écrire avec onction, il a publié plufieurs Ouvrages en faveur du Chriftianifme, contre les attaques multipliées de la nouvelle Philosophie, où, pardes raifonnemens folides & à la portée de tous les Elprits il prouve la vérité, l'utilité & la néceffité de la Religion. Celui qui a pour titre, Réflexions critiques & patriotiques, dont la troisieme édition vient de paroître, offre à la fois & le langage d'un Apôtre zélé de la morale évangélique, & les vues d'un Citoyen jaloux de la gloire de fa patrie. On ne peut lire ces Réflexions. fans en aimer l'Auteur, qui les a publiées sous le nom d'un Militaire, pour se rendre moins fufpect aux Militaires mêmes à qui elles font adreffées. Il eft aifé de voir que ce n'est pas le desir de la célébrité qui lui a fait prendre la plume

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