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Zontre les Philofophes, c'eft l'amour de la Religion qu'ils s'efforcent d'anéantir, l'amour des mœurs qu'ils corrompent, l'amour de l'humanité entiere qu'ils affligent par leurs fyftêmes également abfurdes & défolans.

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LAUNOY, [Jean DE ] Docteur en Théolo gie, né à Valdefie dans la Baffe-Normandie en 1603 mort à Paris en 1678, homme des plus ́érudits de fon temps, comme on peut en juger par dix volumes in-folio qu'on a de lui. Il s'attacha principalement à des difcuffions fur plufieurs Saints qui, felon lui, n'avoient jamais exifté. Le feul titre qu'il ait pour être placé parmi les Littérateurs, eft fon Hiftoire du Coliége de Navarre, encore faut-il faire grace à fa maniere dure & barbare d'écrire, en faveur des recherches curieufes qu'il offre au Lecteur.

LAURÉS, [ Antoine Chevalier DE ] né à Gignac, dans le Diocefe de Montpellier en 17... Nous n'établirons pas l'éloge de fes talens fut quatre couronnes obtenues à l'Académie des Jeux Floraux, ni fur trois autres décernées par l'Académie Françoife. Ces lauriers littéraires ont été fi fouvent prodigués au hafard ou par systême, que la gloire qui peut en revenir, cornmence à étre généralement décriée. Il feroit cependant in

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jufte de refufer des éloges à quelques Odes de M. le Chevalier de Laurés, pleines de verve & d'enthousiasme, principalement dans celle qu'il a faite fur le Jeu.

Mais ce Poëte a oublié volontiers ces petits triomphes, pour s'attacher à un Ouvrage plus capable d'établir & d'étendre folidement fa répu tation, quoique l'exécution n'ait pas entiérement répondu à l'idée qu'on avoit conçue dè fon talent pour la Poéfie héroïque. C'eft de la Traduction de la Pharfale de Lucain que nous voulons parler. On fait qu'il ne s'eft point affujetti à rendre scru 'puleufement fon modele; qu'il l'a réformé, changé, imité, felon les divers effors de la Mufe & les infpirations de fon goût ; & l'on peut dire que son travail est d'autant plus propre à lui faire honneur, que les morceaux où il s'eft le plas écarté de l'original, ne font pas les moins eftimables de fon Poëme. C'est dommage qu'à force d'avoir abrégé l'Auteur Latin, fous prétexte de faire difparoître les défauts qui le déparent, & de rapprocher les beautés qui le font admirer, M. le Chevalier de Laurés foit quelquefois tombé dans une féchereffe non moins condamnable que l'enflure & le faux fublime de l'Original. Si Lucain s'abandonne trop à la fécondité de fon imagination; fon imitateur, à force de vouloir le réduire, le rend maigre, décharné, & c'eft fur-tour

à ce défaut de jufte embonpoint qu'on doit attribuer le peu de fuccès de fon Ouvrage. Il faut cependant convenir qu'il mérite, à plufieurs égards, l'eftime des gens de goût. M. le Chevalier de Laurés s'y montre fouvent égal & quelquefois même fupérieur au Poëte Latin, comme dans le discours que Pompée adresse aux compagnons de fa fuite, après la défaite. Ce morceau ainfi que beaucoup d'autres, où il a employé des images qui ne font point dans l'Ori❤ ginal, donnent l'idée la plus avantageufe de fon talent, & doivent le faire diftinguer de la foule des Poëtes Traducteurs.

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Jufqu'à préfent on ne paroît pas avoir assez fenti l'utilité des imitations, pour le développement des difpofitions de l'efprit & de l'imagination. On s'eft perfuadé qu'il n'y avoit d'autre parti à prendre, à l'égard des Auteurs Grecs & Latins, que de traduire, & l'on n'a pas fait attention que la diverfité du génie des Peuples, celle des Langues, étoient des obftacles infurmontables pour une bonne Traduction. On a fouvent dit, avec raison, que la meilleure de toutes ne fauroit reffembler qu'à l'envers d'une tapifferic, ou, tout au plus, qu'à l'Estampe d'un Tableau.

Il est donc bien plus digne des foins de quiconque eft né avec du talent, de ne pas s'affer.

vir à rendre un Original mot à mot,

phrase par phrase, idée par idée, image par image. Il est bien plus noble d'imiter ces Fondeurs habiles, qui, fachant conferver l'attitude & les principaux traits d'une Statue, forment un nouveau moule pour la rendre avec les beautés qu'elle avoit déjà, lui donner celles qui lui manquoient, & la corriger des défauts qui en rendoient l'exécution moins heureuse.

Telle a été, de tout temps, la marche des Hommes de génie. Virgile a imité Homère; Horace s'eft formé fur Pindare & fur Anacréon; Boileau avoit pris Horace pour modele, avant de tirer des chef-d'œuvres de fon propre fonds. Corneille & Racine ont puifé dans Sophoce & Euripide les alimens qui ont nourri & échauffé leur Mufe; & après s'être nourris & pénétrés de la fubftance des Grands Hommes qui les avoient précédés, ils font devenus eux-mêmes propres à feconder l'eflor de quiconque voudroit s'élever fur leurs traces.

LAUS DE BOISSY, [ N. ] Lieutenant de la Connétablie, né en 17.., ancien foi difant Secrétaire du Parnasse, reprouvé bientôt de cette fonction, parce qu'il faut du jugement & du goût pour la remplir.

Ce Recueil éphémere, affublé de pauvres notes

parut cependant fous une puiffante protection. Le Lieutenant de la Connétablie l'avoit dédié au Grand - Maître de la Poéfie Françoise, M. de Voltaire. Il devoit paroître quatre fois l'an 5 mais l'arriere faifon lui a été mortelle : il n'a pu finir fon premier cours. Ce digne Ouvrage mourut à fa troifieme apparition, malgré les efforts de plufieurs Philofophes fubalternes, & même, dit-on, de quelques Philofophes du premier ordre.

Après cela, M. Laus de Boffy a fait une Lettre fur la Danfe. Nous aurions voulu lire cette Production, mais elle avoit déjà fi pleinement rempli fa deftinée, que nous n'avons pu nous la procurer.

M. Laus de Boiffy a enfir donné une Critique des Trois Siecles, fous ce titre, ADDITION à l'Ouvrage intitulé, les Trois Siecles de notre Littérature, ou LETTRE critique, adreffée à M. l'Abbé SABATIER DE CASTRES, foi-difant Auteur de ce Dictionnaire. Nous nous garderons bien de lui faire des reproches de nous avoir maltraités; nous lui pardonnerons même jusqu'à fon intention. Il fera toujours flatteur pour un Ecrivain quelconque de le voir ainfi critiqué ; & nous devons rendre cette juftice aux Zélateurs de la Philofophie, qu'ils nous ont fouvent procuré cette confolation. Nous prendrons feulement

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