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Il a fait beaucoup d'Ouvrages, parmi lefqucks y en a d'utiles & d'inutiles de bons, de médiocres & de mauvais. On peut placer dans cette derniere claffe celui qui a pour titre : Réflexions fur les Grands Hommes qui font morts en plaifantant. D'abord, prefque tous les Grands Hommes qu'il cite ne le font pas ; fecondement, leurs plaifanteries ne font pas des plaifanteries; enfin les réflexions de l'Auteur fur la mort ne font pas des réflexions, mais des faillies qui n'ont pas même le ton des faillies. Son Art de ne point s'ennuyer produit précisément un effet tout contraire. L'Hiftoire critique de la Philofophie annonce un mince Philofophe & un Littérateur médiocre, malgré tout le fuccès qu'elle a eu, & tous les éloges qu'on en a faits. Son feul mérite confifte dans quelques anecdotes fur les anciens Philosophes, qui fuppofent de l'étude & des recherches aux yeux de ceux qui ignorent que l'Auteur les a prefque toutes puifées dans Diogene Laërce, & dans les notes de Ménage.

Le meilleur Ouvrage de M. Defandes eft l'Effai fur la Marine & le Commerce, parce que l'utilité publique en eft l'objet, & que d'ailleurs il eft affez bien écrit. Il mérite encore des louanges pour fon Recueil de différens Traités de Phyfique & d'Hiftoire naturelle. Cette compilation où il a mis beaucoup du fien, eft très-intéreffante, &

prouve qu'il étoit plus fait pour les Sciences que pour la Morale.

DESMAHIS, [ Jofeph-François-Edouard DE CORSEMBLEU] né à Sully-fur-Loire en 1722, mort en 1761, un des plus agréables Poëtes de ce fiecle.

Ses Poéfies légeres l'emporteroient même sur celles de Chapelle & de Chaulieu, fi l'efprit n'y étouffoit trop le fentiment. Ce défaut n'empêche pas qu'elles ne foient fupérieures à tout ce qu'on a fait de nos jours en ce genre, pourvu qu'on excepte les Pieces fugitives de M. de Voltaire, de M. le Chevalier de Boufflers, & une grande partie de celles de M. Greffet. Il a fur-tout une tournure de pensées, vive, naturelle & délicate ; fa verfification eft douce, harmonicule & facile; fa poéfie pleine d'images & d'agrémens; sa morale eft utile, fans être auftere; un peu trop voluptueufe, fans être cependant libertine ; philofophique, fans être hardie ni indécente. Sa petite Comédie de l'Impertinent eft bien verfifiée; mais elle est plutôt un tableau piquant qu'une Comédie.

Quoique Eleve de M. de Voltaire, M. Def mahis a toujours refpecté la Religion, les mœurs, les Lettres & les Loix. Dans toutes fes Productions il paroît plus jaloux des qualités du cecur

que des talens de l'efprit, plus fenfible à l'estime qu'aux applaudiffemens. Telle eft l'idée qu'on s'en forme à la lecture de fon Eître à Madame de Marville: le Poëte y fait un aveu de ce qu'il a été, de ce qu'il étoit & de ce quil defiroit être.

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Mais c'eft peu de prêter à ma Philofophie
Ce tendre ce touchant que le cœur dife:

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Il eft d'autres devoirs, des décrets adorés,

Plus d'une chaîne qui nous lie,

Et des engagemens facrés.

Nous naiffons tous fujets d'une double Puiffance; Chaque Peuple a fon Culte, & chaque Etat fes Loix : Malgré l'audace impie & l'aveugle licence, Refpectons les Autels, obéiffons aux Loix.

Toujours vertueux par systême,

Coupable trop fouvent, mais par fragilité,
Du moins, lorsque d'Aaron j'entends la voix suprême,
Fidele Ifraélite, & m'oubliant moi-même,
De ma folle raison j'abaiffe la fierté,
Et laiffe captiver devant un diadême
Mon impuiffante liberté.

Cependant, ennemi du cruel fanatisme,
Secrétement bleffé d'un trop grand defpotisme,
Je n'ai point l'air efclave, au milieu de mes fers.
Telle eft mon ame toute entiere,

Et telle fera la matiere

De mes Ecrits & de mes Vers.

Il a tenu parole, & on ne peut que regretter

qu'il n'ait pas joui d'une plus longue vic. Ses fentimens répondoient du bon ufage de fes talens; la maturité de l'âge en eût vraisemblable, ment écarté la frivolité, y auroit substitué l'empreinte d'une raifon plus folide, & l'on n'eût. pas eu à craindre de voir fa vieilleffe déshonorée par des productions propres à déshonorer tous les âges.

DESMARETS DE SAINT-SORLIN, [ Jean] de l'Académie Françoise, né à Paris en 1595; mort dans la même ville en 1676, Poëte extravagant, auffi célebre par la fécondité, les délires & les platitudes de fa Mufe, que par le prestige étonnant qui rendit le Cardinal de Richelieu fou zélé protecteur. Ses Comédies, fes Tragédies, fes Poéfies héroïques, tous fes Ouvrages en vers font rifibles, par les inepties qui y fourmillent d'un bout à l'autre. Ce qu'il a écrit en profe ne vaut pas mieux. Ses Romans, fes Differtations, fes Critiques, fes Traductions, fes Livres mystiques n'ont pas le fens commun, & on difoit très-bien d'un de fes Ouvrages, intitulé les Délices de Efprit, qu'il falloit mettre à l'Errata: Délices, lifez Délires.

DÉSORMEAUX, [N.] Avocat, Hiftoriographe de la Maifon de Bourbon, Bibliothécaire

de M. le Prince de Condé, de l'Académie des Inscriptions, de celle de Dijon & d'Auxerre, né

en 17..

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Quoique l'Hiftoire foit une des branches de notre Littérature la plus conftamment cultivée, rien de plus rare cependant parmi nous que les bons Hiftoriens. Si on en excepte un petit nom bre, dont la réputation fe foutiendra dans tous les fiecles le refte n'offre qu'une multitude d'Ecrivains qui paroiffent avoir méconnu l'efprit & le ton du genre auquel ils fe font attachés. M. Déformeaux eft un de ceux qui, après s'être engagés dans la carriere, l'ont parcourue de nos jours avec d'heureux fuccès. Son Abrégé chronologique de l'Hiftoire d'Espagne, l'Hiftoire de la Maifon de Montmorency, de la Maifon de Bourbon, celle du Grand Condé, lui ont acquis l'eftime du Public, par la fageffe avec laquelle il a traité ces différens fujets. Sa narration, qui pourroit être plus ferrée, plus foutenue, offre néanmoins un style noble & gracieux par intervalles. C'est dommage qu'une trop grande abondance d'expreffions poétiques, recherchées, qu'une furcharge d'épithetes, que des détails quelquefois minutieux ôtent à fes Hiftoires cette vivacité qui entraîne, cette aifance qui plaît, cette gravité qui recommande également le Perfonnage & l'Hiftorien. Un autre écucil que

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