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fruits, ni enfin à produire la moindre chofe avantageufe, il faut donc les couper toutes fans exception.

De la maniere de traiter les Arbres.
languifans.

LA

A caufe des arbres languiffans & durs pro vient communément de ce qu'ils font plantés dans un fond de terre contraire à leur tempéramment, & que le fonds eft trop fec ou trop humide: lorfque cela eft ainsi, il faut déchauffer l'arbre, aller aux racines, les vifiter & voir s'il n'y en a point de pourries ou gâtées, en ce cas on doit les couper jufqu'au vif. Si au contraire on ne voit ni pourriture ni altération, cette langueur peut provenir d'une terre épuifée de substance, qui manque de force & de nourriture: alors il faut changer cette terre & en préparer d'autre, mêlangée avec du fumier bien pourri, mêlée avec un peu de fumier prohibé; c'est-àdire, des excrémens humains, & épancher ce fumier mêlé fur les racines. Ce dernier expédient a une vertu finguliere pour rétablir un arbre, pour peu qu'il ait de force, quelque vieux qu'il foit: on le rabaiffe enfuite en taillant deffus le vieux bois, afin de lui faire pouffer des branches nouvelles.

C'est-là tout le reméde que l'on peut apporter à un arbre languiffant: fi on ne peut y réuf

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fir, il faut l'arracher & en planter un autre à sa place.

De la maniere de traiter les Arbres qui produifent trop de bois & point. de Fruits.

C

OMBIEN d'arbres n'a t-on pas vus'emporter en bois fans donner un feul fruit: C'est un défaut qui donne à penser & à exercer un Jardinier. En pareilles conjectures, il faut y donner remède par le fecours d'une taille de douze à quinze pouces de longueur fur les bran ches venues l'année précédente, c'est le meilleur parti à prendre pour occuper cette abondance de féve, empêcher qu'un arbre ne jette ou ne s'emporte en bois & pour l'obliger de se porter à fruit.

Malgré toutes les mesures que l'on puisse prendre pour épuifer cette féve, il fe trouve encore quelques uns de ces arbres fi opiniâtres, révêches ou vigoureux, qu'ils vont leur train ordinaire, fans vouloir changer de nature, & qu'on ne peut réduire par le fecours de la taille : il faut pour lors avoir recours à la cause commune, d'échauffer toutes les racines de l'arbre, en retrancher quelques-unes des plus fortes & fur-tout de celles qui fourniffent le plus de féve, autant que la prudence d'un Jardinier lui permet de faire ; mais avant d'opérer, on doit exa

miner l'arbre pour juger de la réuffite, voir fi le bois eft bon, joint à une écorce unie, verte & luifante: lorique toutes ces qua és fe trouvent, on peut, fans crainte, rifquer l'opération, ce reméde eft infaillible pour toutes espé ces d'arbres, qui, dans la fuite, produifentcomme les autres.

De la maniere & du temps de tailler les Pêchers.

L faut à préfent paffer aux fruits à noyaux

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& commencer par le pêcher, qui demande l'efpalier. Pour réuffir dans cette taille, il faut fçavoir que les pêchers ne portent leurs fruits que deffus le nouveau bois, ce nouveau bois doit toujours être bien nourri, garni de boutons à fruits, qui, pour l'ordinaire, font doublés & même triplés; ce font les vraies branches fur lef quelles le fruit réuffit toujours, à moins qu'il n'arrive des temps contraires pendant le temps qu'ils fleuriffent.

Quant aux branches à bois, on y voit des yeux pofés de diftance en diftance pour produi, re d'autres branches à bois; telles branches doivent être taillées depuis le quatriéme jufqu'au fixiéme œil & plus, s'il le faut, ayant égard à la force & la vigueur de l'arbre : cette taille des branches à bois doit être de quatre ou fix yeux, pour le faire monter plus promptement & pro

duire d'autres branches, tant à bois qu'à fruits, pour l'année fuivante, ce qui aide à fortifier l'arbre & à gagner terrein.

La conduite à tenir pour les pêchers qui s'emportent en bois, eft de leur donner une taille plus longue, afin d'en occuper & modérer la vigueur & les difpofer ainfi à fe mettre à fruits: quart à ceux qui ne pouffent qu'avec modération, on les taille à proportion de la force de l'arbre, & fur tout le bas & le milieu, qui doivent néceffairement être taillés de court, afin d'y trouver des reffources propres & utiles à fournir de tous les côtés.

Tout le principe & le fondement d'un jeune arbre, ne doit rouler que deffus trois ou quatre branches égales en force & en vigueur; elles doivent être dans la fuite les meres nourricieres de toutes les autres. Il faut veiller avec attention fur ces branches, les conduire, efpacer également à leur laiffer une longueur proportionnée à la force de l'arbre.

L'inclination du pêcher eft de s'elever pour fe garnir; il faut y veiller en tenant le bras des arbres bien garni, afin de trouver de quoi remplacer les hautes branches, fi la nature vient à les abandonner.

Les pêchers nains ne peuvent fe conferver long-temps qu'en les bornant à cinq ou fix pieds de hauteur tout au plus, parce qu'ils ont le défaut de fe dégarnir, à moins que ces pêchers net foient écuffonnés fur amandiers, ce qui les fait

durer plus long temps que fur fauvageons; le fruits en devient plus beau, mieux nourri & de meilleure qualité, l'arbre garnit davantage, parce qu'il a plus de vigueur.

Il est même à propos de planter des amandes nouvelles vers la fin de novembre dans des pots ou des caiffes remplis de terreau, pour les porter enfuite dans la ferre ou dans quelque lieu tempéré, les faire germer & pouffer un peu pendant l'Hyver: au mois d'Avril on prend ces jeunes amandiers dans les pots ou caiffes pour les planter dans des petites foffes remplies de terreau le long des murailles; à la diftance de dix pieds les uns des autres, & les écuffoner en place à l'œil dormant l'année fuivante dans le mois d'Août.

Le pêcher écuffonné sur amandier veut être planté dans un terrein leger, parce qu'un fonds naturellement humide lui feroit produire du bois avec trop de vigueur, & que de plus la gomme le gagneroit de tout côté.

Le temps de la taille du pêcher eft au commencement d'Avril; on peut connoître alors les branches qui doivent porter leurs fleurs;il eft aifé de les difcerner pour en ménager, retrancher, & conferver celles, tant pour le bois que pour le fruit.

A l'égard des boutons à fruits, il ne faut conferver que ceux doublés, accompagnés d'un œil à bois dans le milieu; de ceux qui fe trouvent feuls, quoiqu'accompagnés d'un œil à bois

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