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ORIGINE ville & de Meaux, & un tres-grand nombre d'Efcrivains, les Apoftres ont efté les Fondateurs de la vie Monaftique: il s'enREGULIERS. fuivra que les Moines font plus anciens que les Clercs ou Cha

NOINES.

noines; puifque ceux-cy n'ont efté inftitués que la veille de la Paffion du Sauveur du monde, lorfque dans la derniere Cene qu'il fit avec fes Apoftres, il les revêtit de la dignité du Sacerdoce, en leur donnant pouvoir de confacrer fon Corps & fon Sang ; & qu'il y avoit déja du tems que les mefmes Apoftres profeffoient la vie Monaftique par l'abandon qu'ils avoient fait de tous leurs biens pour fuivre Jesus-Christ. Ĉ'est Piet. Cref- ce que dit Crescenze dans son Histoire des Ordres Religieux, dio Romano. qui pour appuïer fon fentiment, apporte ce paffage de faint S Vincen. Vincent Ferrier: Clericos extitiffe antequam Monachi effent, Clerici afferunt: quod non ita eft, nam non fuerunt Clerici ufque in finem Cane, & tamen priùs fuerunt Religiofi Monachi.

cenz. Prefi

Ferr. 188

ferm. de

Dome

Petrus

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Le Cardinal Pierre Damien dit que ce font des Moines & non pas des Chanoines, qui ont fondé l'Eglise Universelle qui l'ont gouvernée & purgée de plufieurs erreurs. Nous nous eftonnons dit ce Cardinal, parlant aux Chanoines, de ce que vous vouliez nous feparer de l'union & de la focieté de l'Eglife Univerfelle; puifqu'il eft conftant que l'Eglife Universelle a efté fondée, gouvernée & purgée de plufieurs erreurs par les Moines, & non pas par les Chanoines. Les Apoftres,ces Fondateurs & Conducteurs de l'Eglife, vivoient à noftre maniere, & non pas à la voftre, & Philon le plus éloquent d'entre les Juifs dans les livres qu'il a compofés en faveur des noftres, appelle les premiers Chreftiens des Moines,& non pas des Cha& leurs maifons des Monafteres: Multùm, fratres chapufcul. 28 riffimi, fi digni eftis audire, miramur, quomodo, vel ob quam caufam conamini nos à confortio & unitate Univerfalis Ecclefia · feparare: cùm conftet à Monachis, non à Canonicis Univerfalem Ecclefiam fundatam, gubernatam, & à diverfo errore cribratam. Apoftoli nempe fundatores & rectores Ecclefiarum, noftro, non veftro more vivebant, ut Lucas Evangelifta in actibus Apoftolorum refert: & Philo difertiffimus Judæorum, in libris quos in laudem noftrorum confcripfit, primitivos Chriftianos Monachos non Felin. de Canonicos vocat, & habitacula corum Monafteria nuncupat. Fejudiciis cap. linus femble eftre de mefme fentiment, lorsqu'il dit que la caufam. vie Monaftique a efté confirmée avant la canonique, & rapMonach. & porte plufieurs temoignages pour prouver que les Moines doi

Damianus.

ver. utrum

,

DFS CHA

vent preceder les Chanoines Reguliers. Bofius dit que S. Au- ORIGINE
guftin infpiré de Dieu, prescrivit une maniere de vivre aux NOINES RE-
Clercs, qui volontairement voulurent vivre en commun, & GULIERS.
ne rien poffeder à l'exemple des Moines. Sanctus Auguftinus titul. de
majoritate
divino lumine afflatus, Clericis qui fponte vellent fimul vivere && obed.
nihil habere proprium, fed omnia communia exemplo Monacho- num. 6.
rum Normam vivendi dedit. Enfin il y a une infinité d'Auteurs Thom Bơ-
fius, se fignis
qui difent la mefme chofe, & qui conviennent qu'il n'y a Eccief. i. 9.
point eu de Communautés de Clercs dans les trois premiers c. s.p. 669,
fiécles de l'Eglife, & qu'elles n'ont commencé que dans le
quatriéme.

En effet M. de Tillemont pretend que, pour chercher la De Tillem.
premiere de ces Communautés, il ne faut pas remonter plus Hift Ecclef
loin qu'à faint Eufebe Evefque de Verceil, qui renferma tous to 7 p
les Ecclefiaftiques de cette Ville dans une mefme maifon, où 532.
il vêcut avec eux dans la pratique & les obfervances de la vie
Monaftique ; & comme S. Ambroife dit, que ce fut avant son
banniffement qu'il fit de fon Eglife un Monaftere, il faudroit
que ce fut avant l'an 355. puifque ce fut cette année-là que fe
Te
tint le Concile de Milan, où ce faint Evefque fut exilé pour
n'avoir pas voulu foufcrire à la condamnation de S. Athanafe.
Mais le P. Thomaffin attribue à faint Auguftin la gloire Thomaff.
d'avoir le premier eftabli des Communautés Ecclefiaftiques part-
après qu'il eût efté fait Evefque d'Hippone, à laquelle digni- liv. 1. c.40.
té il fut elevé l'an 395. Il avouë bien que faint Eusebe lui
pourroit difputer cette gloire; mais comme il fit prendre à
fon Clergé l'habit, la profeffion & l'eftat des Moines, & que
S. Auguftin laiffa fon Clergé dans l'eftat des Ecclefiaftiques,
n'aïant ajoûte à la vie & à la pieté clericale, que la vie com-
mune & la defapropriation; c'eft donc à ce Saint Docteur de
l'Eglife qu'il faut rapporter l'institution des Clercs qui ont vê-

cu en commun.

dans

Difcipl. Ec

Ibid. c. 43

Les raifons que le P. Thomaffin donne pour ne rapporter Ibid. c. 393 l'origine des Communautés Ecclefiaftiques qu'à faint Auguf- n. 3. & 4tin, font tres-fortes. Il dit que la premiere Communauté des Apoftres, des Difciples & des Fidelles, ne confiftoit que la defapropriation que plufieurs particuliers embraffoient, & dans la diftribution qui fe faifoit à chacun felon fes besoins; mais qu'ils ne logeoient pas, ni ne prenoient pas leur refection en commun; & quoique cette communauté de biens ait cfté

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NOINES

ORIGINE, Confervée entre les Ecclefiaftiques durant les premiers fiécles; . DES CHA- & qu'on diftribuoit à chacun une portion des revenus de. REGULIERS. l'Eglife proportionnée à fon befoin, a fon rang & à fon tra-. vail, que c'eft cela mefme qui peut fervir de preuves que les Clercs ne vivoient pas en commun; car, ajoute-t-il, fi le Clergé euft vecu en commun, on n'euft pas appellé les Clercs: Sportulantes fratres on n'euft pas appelle les diftributions qui fe faifoient tous les mois: Divifiones menfurnas ; on n'euft pas diftingué les diftributions des Preftres de celles des Clercs inferieurs, & on ne le cuft pas ajugées par un privilege fingulier aux jeunes Clercs, qui s'eftoient fignalés par la confeflion du nom de Jefus-Chrift: Sportulis iifdem cum Presbyteris honorentur. S. Cyprien n'ordonneroit pas de faire de certaines aumofnes de la portion qui lui eftoit efchuë: de quantitate mea propria. Eufebe ne diroit pas que les Novatiens attacherent à leur parti l'Evefque Natalis, en lui promettant cent cinquante pieces d'argent par mois; & les Conftitutions Apoftoliques ne regleroient pas les portions inégales qui fe devoient faire des biens de l'Eglife. C'eft ce qui ne fe voit pas, dit le P. Thomassin, dans les Congregations où toutes chofes font communes.

Ibid. n. 5.

Ce fçavant Efcrivain remarque encore que le Pape Syrice dans fa lettre à Hymerius Evefque de Tarracone,propofe un grand nombre de reglemens pour la difcipline du Clergé, qu'il y parle des Moines & des filles confacrées à Dieu, & de leurs Monafteres ; mais qu'il n'y a dans cette lettre aucune apparence qu'il y euft dés lors des Ecclefiaftiques vivans en Communauté. Enfin pour plus grande preuve, le P. Thomaf bid. n. 6. fin ajoûte que S. Auguftin dans fon livre des mœurs de l'Eglife qu'il efcrivit avant que d'eftre Preftre, n'auroit pas manqué de donner un rang honorable aux Communautés Ecclefiaftiques, s'il en avoit connu quelques-unes; car il y fait une excellente peinture des Monafteres d'Egypte & d'Orient, habités les uns par des hommes, les autres par des filles. Il affure qu'il a connu des perfonnes feculieres à Rome & à Milan, qui vivoient, prioient & travailloient toutes enfemble dans une mefme maison sous la direction d'un Preftre, & qu'il y avoit de pareilles Communautés de femmes feculieres ; mais parlant des Ecclefiaftiques, il ne marque point qu'ils vecuffent dans des Communautés; au contraire il admire d'autant plus leur pieté, qu'elle eftoit à l'épreuve de tant de tentations qui

fe rencontrent dans la conversation du monde.

ORIGINE

NOINES

Quoique S. Auguftin foit donc confideré comme le Pere & DES CHAle premier Inftituteur des Communautés Ecclefiaftiques, il ne REGULIERS. dreffa pas neanmoins une Regle particuliere pour fon Clergé, fe rid. para contentant de la Regle & de l'exemple des Apoftres,qui avoient 4. - 1. c. enfeigné la pratique de la vie commune & de la defapropria- 48. n. 9a tion parfaite : & comme dans la fuite la plupart des Evefques. firent vivre auffi leurs Clercs en commun dans l'obfervance exacte des Canons des Conciles; c'eft ce qui fit qu'on leur donna le nom de Chanoines, que les Grecs donnoient auffi. indifferemment aux Ecclefiaftiques, aux Moines, aux Reli-gieufes & aux Vierges confacrées à Dieu, comme remarque Balzamon fur le Canon VI. de la premiere Epistre canonique de S. Bafile à S. Amphiloque & par le nom de Chanoine ou de Chanoineffe, les Grecs defignoient les perfonnes infcrites dans le Canon ou Catalogue de la Communauté.

De Verty

Explic. des

Tom. A p

546

Ce nom de Chanoine eftoit encore commun à tous les Officiers de l'Eglife, mefme jufqu'aux plus bas; comme fon-Ceremonies neurs, foffoyeurs, & autres qui eftoiemt emploïés dans la Ma- de l'Eglife tricule ou Catalogue, in Canone, & entretenus aux depens de la Fabrique c'eft pourquoi on a auffi donné ce nom à des domeftiques qui fervoient & eftoient nourris dans les Monafteres. Il y en a à la verité qui pretendent que le nom de Chanoine vient de Canon ; & que ce mot fignifie la mesure ou quantité de fa ration de bled, de vin & autres chofes neceffaires à la vie, qu'on diftribuoit par jour, par femaine, par mois ou par an à chaque Clerc pour fa fubfiftance: proprement fa paye, paye, fa folde, fa prébende ou livrée, fa pension, sa portion autrement exprimée par S. Cyprien,par le mot de por- Cypr. tula, le panier où les Clercs mettoient leurs vivres & leurs pro-epift. 36. vifions. Livrée, du Latin liberata, c'eftoit ce qu'on livroit à un 66. Clerc pour vivre & s'habiller, d'où on appelle encore livrée l'habit qu'un Maistre livre à fes domeftiques, qu'on appelle gens de livrée.

dessus

Ce ne fut cependant que vers le douzième fiécle que l'on Thomaft. revêtit l'Ordre des Chanoines du nom & de la gloire de faint comme ci Auguftin, pour diftinguer ceux de ces derniers liécles d'avec deffus n. 3. ceux du tems de Louis le Debonnaire, pour lefquels ce picux Empereur qui emploïoit tous fes foins à regler & à reformer le Clergé & les Moines, fit compofer par le Diacre Amalarius

DES CHA

NOINES

ORIGINE Une Regle qu'il fit approuver par le Concile d'Aix-la-Chapelle affemblé l'an 816. laquelle eft à peu près la mefme que REGULIERS. Celle qui avoit efté dreffée par faint Chrodegand Evefque de Ibid. part. Mets, dont nous parlerons dans le Chapitre VIII. qui eftoit 3.1.1.c.30. tirée des faints Canons, des ouvrages des Peres, & principalement de la Regle de S. Benoist.

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Ibid. part.

48.2.1.

Mais comme dans la fuite du tems, principalement dans 4.1.1. l'Occident, les Chanoines s'eftoient relâchés à un tel point, 6.49. n. 3. qu'ils eftoient comme abîmés dant la faleté d'une incontinence univerfelle, & qu'ils acqueroient leurs benefices par un com-merce infâme de fymonie; S. Pierre Damien emporté par l'ardeur de fon zele, follicita fortement le Pape Nicolas II. pour remedier à ces defordres, & bannir entierement la proprieté d'entre les Chanoines, qui sembloit leur avoir esté permife par la Regle d'Aix-la-Chapelle, puifqu'elle ne les obligeoit point à renoncer à leur patrimoine. C'eft pourquoi ce faint Pontife affembla à Rome un Concile de cent treize Evef ques l'an 1059. où, après avoir condamné lafymonie & le concubinage, il ordonna que les Clercs logeroient & vivroient enfemble, & mettroient en commun ce qu'ils recevroient de l'Eglife, les exhortant à la vie commune des Apoftres, c'està-dire à n'avoir rien en propre.

lut

La mefme chose fut ordonnée dans un autre Concile par Alexandre II. l'an 1063. ainfi ces deux Conciles aïant impofé à tous les Clercs la defapropriation & la vie commune, il falpour l'autorifer remonter à l'Institution de S. Augustin, dont les Clercs vivoient en commun dans une pauvreté volontaire. L'on fe fervit pour cela de deux difcours de ce Saint, que S. Pierre Damien cite & qu'il nomme: de moribus Clericorum ; & comme il falloit oppofer une Regle à une autre qui eftoit celle d'Aix-la-Chapelle, l'on donna le nom de Regle à ces deux difcours de faint Auguftin. C'est neanmoins une difpute qui eft entre plufieurs Efcrivains, qui n'ont jamais pu s'accorder ensemble touchant la veritable Regle de faint Auguf tin, pour fçavoir fi c'eftoit ces deux Sermons, ou fon Epiftre 109. adreffée à des Religieufes. Quoiqu'il en foit, tous ceux qui fuivent la Regle de faint Auguftin, tant Religieux que Religieuses, ne reconnoiffent point d'autre Regle que cette Epî

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Les Reglemens que firent ces deux Conciles pour obliger les

Chanoines

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