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Son pied eft extrêmement épais & fi renflé qu'il bouche, comme un gros mufcle, l'ouverture de la coquille, ne pouvant entrer dedans.

Cette efpece eft plus commune que la premiere; on la voit pendant toute l'année dans les mêmes endroits.

Le coquillage que M. Plancus a figuré avec fon animal, dans fon Traité des Coquillages peu connus du port de Rimini (1), approche beaucoup de cette efpece.

JE

GENRE II.

LE BULI N. Bulinus. Pl. 1.

E donne le nom de Bulin à un petit coquillage d'eau douce, qui vit communément fur la lentille de marais, & fur le lemma, dans les marais & les étangs de Podor. Cette dénomination m'a paru lui convenir, parce que l'animal pendant fa vie nage prefque continuellement à fleur d'eau, & qu'après fa mort fa coquille flotte comme une petite bulle d'air tranfparente. Je n'ai obfervé qu'une espece de ce genre, & elle n'eft figurée ni décrite nulle part.

Pied.

Sa coquille eft une des plus petites que je connoiffe, ayant à COQUILLE. peine une ligne & un tiers de longueur, fur une largeur pref qu'une fois moindre, c'est-à-dire, d'environ trois quarts de ligne. La lettre E la représente dans fa grandeur naturelle; & elle eft groffie au microscope aux lettres J.L.Q. Elle eft ovoïde, arrondie dans fon contour, obtufe à fa bafe, pointue au fommet, & tournée en quatre ou cinq fpirales qui vont en defcendant fort obliquement de gauche à droite. Les fpires sont si renflées, qu'aux endroits de leur jonction elles paroiffent laiffer un profond fillon entr'elles. Un grand nombre de rides trèsfines & fort ferrées, s'étendent de longueur fur toute la furface de cette coquille, qui eft luifante, extrêmement mince & tranfparente.

Son ouverture O fe trouve à gauche, comme dans les coquilles qu'on appelle uniques ou à bouches retournées. Elle repréfente une ellipfe verticale, obtufe dans fa partie fupérieure, & aiguë dans l'inférieure. Son grand diametre furpaffe une fois le petit diametre, & égale la longueur du fommet. Ses bords

(1) Nux marina, Lepus marinus & Amygdala marina dicta. Planci de Conchis minus notis. pag. 22. tab. 5. fig. 9 & 10.

Spires.

Ouverture.

Couleur.

ANIMAL.
Tête.

Bouche.

Mâchoires.

Cornes.

Yeux,

Pied,

Manteau,

Couleur.

Obferva

tion.

font fimples, tranchans, & interrompus à la rencontre de la premiere fpire qui forme la partie inférieure de l'ouverture. Cette coquille eft de couleur fauve, quelquefois pointillée de noir vers l'ouverture.

On voit à la lettre T la tête de l'animal : elle eft demicylindrique, convexe en deffus, applatie en deffous, & bordée tout autour d'une large membrane, qui eft légerement échancrée à fon extrêmité.

Au-deffus de la tête, vers fon extrêmité antérieure, est placéc l'ouverture de la bouche B, qui par la réunion des lèvres, repréfente un marteau à deux têtes.

Le fond de la bouche eft rempli par deux mâchoires, qui ne différent pas fenfiblement de celle du Limaçon, ( P¿. 1. i. n. J. N.) dont la grandeur m'a permis de faire un détail plus circonftancié.

Au milieu de la tête font placées deux cornes CC. une fois plus longue qu'elle. Elles font affez exactement cylindriques, capables de peu de contraction, & portent à leur origine & par derriere, un appendice membraneux G, en forme de croiffant, dont la convexité eft tournée vers la coquille.

Les deux petits points noirs qui font les yeux YY, font placés dans l'angle intérieur que forment les cornes en fortant de la tête.

Le pied P eft de figure elliptique, obtus à fon extrêmité antérieure, & pointu à l'extrêmité oppofée. Son grand diametre eft triple du petit diametre, & prefqu'égal à la longueur de la coquille: dans fa plus grande largeur il eft un peu plus étroit que la tête.

Le manteau est une membrane affez fine qui tapiffe tout l'intérieur de la coquille, fans fortir au-delà des bords de fon ouverture. Là elle fe replie fur la gauche de l'animal pour former un petit trou rond auquel répond l'anus. Les excrémens font ronds & vermiculés.

Tout le corps de l'animal eft d'un gris cendré.

Cet animal à cela de fingulier, qu'il nage prefque continuellement à fleur d'eau, le pied retourné en deffus, & la coquille pendante en bas. Pour prendre cette attitude, il monte fur la premiere herbe qu'il rencontre, & quand il eft

arrivé à la hauteur de l'eau, il gliffe fon pied au-deffus de fa furface en retournant en même tems fon corps. Alors fa coquille qui pend en bas lui fert de left, & fon pied qui fait au-deffus comme une goute de cire fur laquelle l'eau n'a point de prife, fert à le faire avancer par fes ondulations, & à le promener par-tout en nageant fur le dos. On le trouve rarement dans une autre pofition, & c'eft pour cela que la furface de l'eau en paroît fouvent toute couverte. J'ai vû exécuter la même manœuvre, mais moins fréquemment, au petit coquillage de même genre qui fe trouve aux environs de Paris, & que l'on nomme communément la Membraneufe (1). Ce petit coquillage ne fe voit que depuis le mois de feptembre jufqu'à celui de janvier, dans les marécages formés par l'eau des pluies qui tombent en juin, juillet, août & feptembre. Ces marais font defféchés pendant cinq à fix mois, & pour ainfi dire, brûlés par le foleil le plus cuifant: les coquillages difparoiffent alors; on ne trouve fur la terre que des coquilles abandonnées par leurs animaux que la féchereffe a fait périr. Cependant on en voit reparoître de femblables tous les ans pendant la faifon pluvieufe: j'ai même remarqué que plus l'année étoit chaude, plus ils étoient abondans; & à un tel point qu'un coup de main en enlevoit plufieurs milliers. Comment expliquer cette merveilleufe réproduction? Comment des œufs auffi délicats & auffi petits que ceux que doivent produire ces petits animaux, peuvent-ils refter dans un terrein auffi aride fans fe deffécher entierement? Comment ces animaux eux-mêmes, s'il eft vrai qu'ils fe cachent dans le fein de la terre, peuvent-ils réfifter pendant cinq à fix mois aux ardeurs du foleil ?

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LE CORET. Coretus, PL. 1. LE Coret eft un coquillage d'eau douce, qui fe trouve auffi fréquemment que le Bulin dans les lieux marécageux de Podor: on pourroit même le regarder comme une espece de Bu lin, en ne confidérant que certaines parties qui leur font com

(1) Buccinum fluviatile, à dextrâ finiftrorsùm tortile, triumque orbium fivè neritodes. Lift. hift. Conchyl. tab. 134. fig. 34.

COQUILLE.

Spires.

munes; cependant l'animal examiné en détail fera voir des différences notables, qui jointes à la forme finguliere de fa coquille, m'ont déterminé à en faire un genre diftingué.

J'en ai rencontré un grand nombre d'efpeces dans les petites rivieres des environs de Paris; mais celle que je vais décrire eft différente & particuliere aux pays fitués entre les tropiques. Il n'en eft fait mention ni dans les auteurs ni dans les livres des voyageurs; elle eft auffi peu connuë dans les cabinets: fa petiteffe l'a fait fans doute négliger comme la précédente.

On peut regarder fa coquille comme un difque également applati fur chacune de fes faces, & d'une ligne & demie au plus de diametre. La lettre E. la donne dans fa grandeur naturelle, & elle eft confidérablement groffie aux lettres R.V. X. Malgré fa petiteffe on diftingue facilement les quatre tours de fpirale dont elle eft formée. Les fpires font arrondies, renflées dans leur contour, & laiffent entr'elles un fillon circulaire également creufé fur les deux faces de la coquille : mais la maniere dont elles font tournées verticalement fur elles-mêmes empêche que l'on voie clairement l'extrêmité V, qui devroit Sommet. faire le fommet. Cette extrêmité eft engagée au centre de leurs révolutions, & ne s'éleve pas plus fur une face que fur l'autre, de forte qu'il paroît affez douteux de quel côté eft l'ouverture, à gauche ou à droite de la coquille: il n'y a que l'obliquité de cette même ouverture qui puiffe faire connoître quel est le deffus de la coquille, & quel eft fon deffous.

Ouverture,

Couleur.

L'obliquité de l'ouverture O qui eft coupée de droite à gauche en defcendant, ayant déterminé la face la plus large de la coquille pour fon deffus, on s'apperçoit que les fpires tournent de droite à gauche, en regardant le plan de la coquille comme horizontal, & conféquemment l'ouverture eft à fa gauche, ce qui la range avec les Uniques, comme le Bulin. Cette ouverture eft ronde à peu de chofe près, & fes bords font fimples & fort tranchans: ils font interrompus fur la droite par la rondeur de la premiere fpire, qui vient fe confondre

avec eux.

La délicateffe de cette coquille & fon peu d'épaiffeur la rendent un peu tranfparente. Au dehors elle eft polie, luifante, & de couleur fauve.

La

La tête T t. de l'animal eft cylindrique, très-étroite dans fa ANIMAL. partie fupérieure ; mais fort étendue fur les côtés, & prolongée Tête. en une membrane qui lui fait un large empattement. Cet empattement prend fucceffivement différentes formes, qui rendent quelquefois la tête obtufe & arrondie T, & quelquefois échancrée t. à fon extrêmité. Comme il eft placé aux côtés de la tête, & qu'il eft plus fufceptible de relâchement, lorsqu'il fe porte en avant il fait une échancrure à fon milieu ; & cette échancrure difparoît lorfque ce même empattement se contracte & eft tiré en arriere.

La bouche B eft placée au-deffous de la tête à peu près dans fon milieu. Les lèvres, lorfqu'elle eft fermée, lui font prendre la figure d'un T dont la tête feroit courbée en arc. En s'ouvrant elle laiffe appercevoir par intervalles les mâchoires qu'elle renferme.

т

Bouche.

La mâchoire fupérieure eft faite en croiffant, & fa con- Mâchoires. vexité qui eft liffe, regarde en bas : elle paroît immobile. L'inférieure au contraire reffemble à un tuyau cylindrique ou à une trompe dont l'extrêmité eft percée, arrondie & armée de plufieurs rangs de dents, que je ne puis mieux comparer qu'à celles d'une étrille: elle fe porte facilement jufqu'au bord

des lèvres.

Les cornes C. C. fortent au nombre de deux, de la bafe de la tête aux côtés de laquelle elles font attachées, & la furpaffent une fois en longueur. Elles font fines, déliées, femblables à des aiguilles fort pointues, & ont une grande facilité à fe courber & à fe mouvoir en tous fens.

Les yeux Y. Y. femblables à deux petits points noirs, font comme enchaffés à la racine des cornes, fur leur côté intérieur.

Le pied P a une longueur prefqu'égale au diametre de la coquille. Il représente une ellipfe allongée & un peu moins large que la tête, au-devant de laquelle il s'étend de maniere à la cacher entierement lorfqu'il marche. Ses deux extrêmités font également obtufes, & fon grand diametre furpaffe fouvent près de deux fois le petit.

Pendant que l'animal marche, une grande partie de fon corps paroît hors de la coquille, fous la forme d'un long col, peu près cylindrique, dont la longueur, y comprise celle de la tête, excéde deux fois fa largeur,

B

Cornes.

Yeux.

Pied.

Col.

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