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de profiter de cet exemple du Saint des Saints! Quand on a honte de paroître aller à confeffe, & qu'on craint le reproche d'y avoir été, n'eft-ce pas rougir du remede du péché? & cette mauvaife honte n'eft-elle pas aujourd'hui dans beaucoup de Chrétiens? J. C. veut bien par humilité paroître pécheur fans l'être ; & nous, par un orgueil infupportable, nous ne penfons qu'à couvrir nos péchés par des excufes, & quelquefois même par des menfonges qui ne nous font fuggérés que par l'orgueil! Par ce même orgueil nous affectons paroître avoir des vertus que nous n'avons pas, & par une fauffe apparence de piété, nous nous trompons nous-mêmes en trompant les autres. Si nous faifons quelques bonnes œuvres, nous fommes bien Matt. VI. aifes qu'elles foient apperçues, & peutêtre même les faifons-nous dans cette intention, comme les Pharifiens à qui J. C. reproche de faire le bien pour S. Bern. être vus des hommes. O fublime huSerm. 1. milité, s'écrie S. Bernard, que vous in Epiph. confondez notre orgueil & notre vanité! O que cette tête qui s'abaiffe in Octav. ainfi fous la main de fon ferviteur fera Epiph. a élevée au jour du Jugement, & que

5.

n°. 7.

Id. Serm.

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la gloire dans laquelle elle paroîtra fera grande! C'est ainsi que J. C. nous a promis que celui qui s'abaiffe maintenant par humilité fera un jour élevé en gloire. Que le défir d'arriver à la gloire du Ciel nous faffe prendre la route qui y conduit, en nous faifant. pratiquer l'humilité, & bien fupporter les humiliations!

Marth. XXIII. 12

Une feconde raifon qui a porté J. C. à vouloir bien recevoir le baptême de S. Jean, a été, felon les faints Docteurs, de nous mériter en defcendant dans les eaux du Jourdain pour y être baptifé comme les autres, que l'eau qui feroit employée dans le baptême qu'il devoit inftituer, eût la vertu de purifier & de fanctifier les ames par la grace du Saint-Efprit qui y feroit jointe dans ce Sacrement. J. C., dit S. Hilaire de Poitiers, n'avoit pas be- s. Hilar. soin d'être purifié ; mais l'eau qui, dans in Matt. le baptême, devoit purifier les ames, . 11. n°. 5. avoit befoin d'être fanctifiée : Non ille P. neceffitatem habuit abluendi, fed per illum in aquis ablutionis noftræ erat fanctificanda purgatio.

comment.

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627.

S. Ambr.

Le Seigneur, dit S. Ambroife, a été L. 2. in baptifé non pour être purifié, mais pour Luc. n. 88. purifier les eaux, afin qu'étant faucti- 1308.

tom. I. p.

fiées par la chair de J. C. qui n'a point connu le péché, elles euffent la vertu de laver & de purifier les ames. C'eft pour cela que celui qui vient au Baptême de J. C. y dépofe & y laiffe tous fes péchés. Un feul donc, favoir J. C., continue le faint Docteur, a été plongé dans l'eau, mais c'eft pour nous en faire fortir tous: un feul eft donc defcendu pour nous faire monter tous: un seul s'eft chargé des péchés de tous, afin qu'en lui les péchés de tous fuffent anéantis. Purifiez-vous donc, autant que vous le pouvez, de vos péchés par la pénitence, puifque celui-là s'eft purifié pour nous, qui n'en avoit pas befoin. L'eau n'a naturellement de vertu que pour purifier les corps, en ôter les taches & les fouillures; & fi dans le Baptême elle ôte les taches fpirituelles c'eft-à-dire,les péchés des ames de ceux fur qui on la répand au nom de la fainte Trinité), ce n'eft que par une vertu furnaturelle & toute divine que J. C. y a attachée, en inftituant le Sacrement de Baptême, & qu'il a méritée par l'humiliation qu'il a bien voulu fouffrir en fe confondant dans la foule des pécheurs pour aller recevoir le Baptême deS.Jean. Seroit-on tenté de douter du Bap

tême de J. C. & de fa vertu pour la fanctification des ames, en demandant comment de l'eau ordinaire peut agir fur l'ame pour en ôter le péché? Mais il n'y a point à demander comment une chofe fe peut faire, lorfqu'il s'agit de la toute-puiffance de Dieu qui veut la faire, puifque rien ne lui eft impoffible. Maître fouverain de la grace, qui peut lui contefter le droit de l'attacher à quoi il lui plaît, & le pouvoir de la donner par tel moyen &tel inftrument qu'il juge à propos de choisir? Au lieu donc de nous livrer à aucun doute fur ce point de notre foi, ne penfons plus qu'à admirer la bonté de J. C. qui pour réparer les maux qu'Adam nous a faits. en nous rendant par la communication de fon péché, enfans de colere, a inftitué le Baptême, afin de nous commu niquer fa juftice. Il a attaché cette grace à un peu d'eau, & à quelques paroles prononcées pendant qu'on la verfe pour exercer notre foi, & rendre le Baptême plus facile. Entrons dans fes vues; croyons & rendons graces.

S. Jean-Baptifte voyant J. C. venir à lui pour être baptifé comme les autres, en fut effrayé, dit S. Bernard, ille tremuit; & fe défendant de fe rendre fur

cela au défir de celui dont il ne fe jugeoit pas digne de dénouer les cordons des fouliers bien loin de fe juger

digne de le baptifer, il lui dit : C'est moi qui ai befoin d'être baptifé par vous, & vous venez à moi ! C'est, felon S. Bernard, comme s'il lui difoit: Vous voulez être baptifé, Seigneur Jefus! à quoi le Baptême peut-il vous être bon ? Celui qui fe porte bien a-t-il befoin de remede? & celui qui eft pur a-t-il besoin d'être purifié? D'où pourroit vous être venu le péché, qui vous rendroit le Baptême néceffaire? Eft-ce de votre Pere? Il eft vrai que vous avez un Pere mais un Pere qui eft Dieu, & vous lui êtes parfaitement égal, étant Dieu de Dieu & lumiere de lumiere. Et qui eftce qui ne fait pas que Dieu eft incapable de pécher? Le péché n'ayant pu vous venir de votre Pere, vous feroit-il venu de votre mere ? Vous avez en effet comme homme une mere; mais cette mere eft Vierge. Quel péché avez-vous donc pu tirer de cette mere qui vous a conçu fans péché, & qui vous a enfanté fans

que fa virginité en ait fouffert quelque tache ? Quelle tache peut avoir l'Agneau fans tache? Voilà ce que fentoit S. Jean-Baptifte, lorfqu'il difoit à J. C.

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