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gneur; peuples, glorifiez-le tous. Enfin, la troifieme difpofition, c'eft d'efpérer pleinement dans les mérites de J. C., & de le faire régner fur nos cœurs par un amour qui le préfere à tout, felon cette prédiction d'Ifaïe: Il s'élévera pour gouverner les nations & leur commander, & les nations efpéreront en lui.

La premiere difpofition dans laquelle nous devons entrer à la vue du don de la foi qui nous a été accordé, c'est en fentant combien ce don nous eft néceffaire & combien il eft excellent en lui-même, de nous en réjouir en Diev. Ceux qui aiment la terre ou les chofes terreftres, ne fe réjouiffent-ils pas de ce qu'ils croient pouvoir leur être avantageux pour ce monde, les mettant à portée de s'y avancer & de s'y bien établir? Mais qu'eft-ce que le frivole avantage de faire fortune en ce monde & de s'y bien établir,en comparaison des inestimables avantages fpirituels attachés au don de la foi ? C'eft par elle qu'on a entrée à toutes les graces, felon cette parole de S. Paul: Sans la Heb. II. 6, foi, il eft impoffible de plaire à Dieu; car pour s'approcher de Dieu, il faut croire premierement que Dieu est, &

qu'il récompenfe ceux qui le cherchent. Qu'est-ce pour ceux qui n'ont pas la foi, tout ce que la religion a de plus beau, de plus grand & de plus intéreffant? La lumiere de la foi ne le leur

découvrant pas, ils ne peuvent en être touchés ni en retirer aucun avantage; mais la foi eft comme la clef par laquelle on entre dans toutes les vérités & qui ouvre tous les tréfors de Dieu pour pouvoir s'y enrichir.

En effet, c'eft la foi qui, nous faifant connoître Dieu pour notre Créateur & notre fouverain Maître, nous porte à l'adorer & à nous foumettre à lui. C'eft la foi qui, nous faisant reconnoître J. C. pour notre Sauveur, nous porte à attendre de lui notre falut, & les graces qui nous font néceffaires pour y bien travailler; à recourir à lui par la priere, & à l'employer auprès de Dieu comme notre Médiateur: c'eft la foi qui, nous découvrant & nous montrant les biens invisibles & éternels que Dieu a préparés à ceux qui l'aiment, nous porte à les défirer, nous détache des biens préfens, nous confole & nous foutient dans les maux de cette vie la foi nous montre n'avoir aucune proportion avec les

que

biens du ciel où l'on ne peut entrer que par beaucoup de tribulations. Enfin la foi eft la lumiere qui, nous montrant ce que nous devons éviter & faire, conduit nos pas dans les ténebres de cette vie; afin que nous ne nous égarions pas en cherchant notre bonheur où il n'eft pas, & ailleurs qu'en Dieu, qui eft notre fouverain bien, feul capable de nous rendre heureux. Quel bien donc que celui de la foi, & par conféquent quel plus grand fujet de nous réjouir que d'avoir reçu ce grand don?

Mais j'ai dit que la joie que nous en devons reffentir, doit être une joie qui foit toute en Dieu, & par conféquent toute fpirituelle; & la joie à laquelle beaucoup de Chrétiens se livrent en cette fête de l'Epiphanie, appellée communément la fête des Rois, eft une joie toute charnelle & toute fenfuelle, prenant occafion de cette fête de fe livrer plus librement aux excès de la table qui entraînent toujours avec eux beaucoup d'autres défordres, tels que font les paroles libres, les mauvaifes chanfons, les danfes, les querelles. Eft-ce là fentir le prix du don de la foi que de fe conduire. ainfi en

Païen, plutôt qu'en Chrétien, au jour où nous faifons particuliérement la mémoire de notre vocation au Chriftianisme?

La fecond devoir que S. Paul prefcrit par rapport au don de la foi, c'est de glorifier Dieu de la miféricorde par laquelle ce don nous a été accordé. Le faint Apôtre appuie ce qu'il recommande ici de plufieurs paffages de l'ancien Teftament, où les nations font invitées à louer Dieu. Ce qu'il prescrit à cet égard, en deux mots, aux Romains, il le recommande avec plus d'étendue aux Coloffiens, leur propofant les principaux motifs qui doivent exciter en eux la reconnoiffance pour le don de la foi à laquelle il les exhorte. Voici ce qu'il leur dit à ce fujet, dans le Chapitre premier de la Lettre qu'il adreffe à ces Fideles : Col. I. v. Rendez graces à Dieu le Pere, qui, 12,13,14' nous éclairant de fa lumiere, nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des Saints; qui nous a arrachés à la puissance des tenebres, & nous a faits paffer dans le royaume de fon Fils bienaimé par le fang duquel nous avons été rachetés & nous avons reçu le pardon de nos péchés. Les motifs que le saint

en

Apôtre propofe ici aux Coloffiens, pour leur faire mieux fentir le prix de leur vocation à la foi & au Chriftianisme, & pour rendre par-là leur reconnoiffance plus vive, c'eft, 1o. la vue de l'affreux état d'où la grace de la foi les a retirés; 2°. la vue de l'état heu→ reux dans lequel la grace de la foi les a fait paffer & les a mis.

Et que leur dit S. Paul fur l'état affreux dont ils ont été tirés par la grace de la foi? En leur difant que Dieu les a éclairés de fa lumiere, il leur repréfente qu'avant le don de la foi, ils étoient dans des ténebres d'au→ tant plus funeftes que ce font des ténebres fpirituelles. Et que leur ca→ choient ces tenebres? Elles leur cachoient tout ce que nous avons le plus d'intérêt de favoir & de connoître ; elles faifoient qu'ils ne connoiffoient ni Dieu qui nous a créés, ni J. C. qui nous a rachetés, ni le Ciel pour lequel nous fommes faits, ni par conféquent le chemin qu'il faut prendre & les moyens qu'il faut employer pour y arriver. Et comme quand on marche fans voir clair & fans guide, dans un chemin, on ne peut que s'égarer; c'eft ainfi que les Coloffiens, privés de

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