la lumiere de la foi avant leur vocation au Chriftianisme, tomboient dans toutes fortes d'égaremens qui font auffi les égaremens de tous les infideles, égaremens d'efprit, égaremens de cœur ; égaremens d'efprit puifqu'ils étoient affez aveugles, affez infenfés pour adorer, comme leurs Dieux, les ouvrages des mains des hommes ; & à quel égarement de cœur ne les conduifoient pas ces égaremens de l'efprit? les égaremens du cœur, ce font les paffions auxquelles on fe livre : & comment la plupart des Païens ne fe livroientils pas aux paffions même les plus brutales & les plus honteuses, y étant d'une part violemment portés par les inclinations de la nature corrompue, & n'étant point retenus de l'autre par aucune loi qui les défende, puisqu'on n'en connoît point fans les lumieres de la foi; ni par la crainte des peines de l'autre vie, puifqu'on ne les croit pas ? Tels euffent été nos égaremens fi Dieu ne nous avoit pas éclairés de fa lumiere. Quelles actions de graces ne lui devons-nous donc pas pour nous en avoir préservés ? Paul continuant à représenter aux Colo. ens l'état affreux où ils étoient avant la grace de la foi, leur dit que par cette grace Dieu les a arrachés à la puiffance des ténebres; c'est-à-dire des démons. S. Jean Chryfoftôme remarque que le S. Apôtre ne s'eft pas contenté de dire aux Coloffiens que Dieu les a retirés ou délivrés de la puissance des ténebres; mais il dit qu'il les a arrachés; parce que ce mot arracher marquant plus que celui de tirer ou de délivrer la force de l'empire que le démon avoit fur eux, il étoit plus propre à leur faire fentir la grandeur de la miféricorde par laquelle ils avoient été enlevés à un ennemi fi cruel & fi puiffant, & par conféquent de quelle reconnoiffance ils devoient être pénétrés. N'avons-nous pas été auffi arrachés par la grace du baptême qui nous a faits Chrétiens, à la puiffance du démon, dont nous fommes nés esclaves par le péché originel que nous avons apporté en venant au monde? Nous devons donc à Dieu, pour cette grace, la même reconnoiffance que celle à laquelle faint Paul exhortoit les Coloffiens? De la confidération de l'état affreux, où ces nouveaux Fideles étoient avant que d'avoir reçu la grace de la foi, S. Paul paffe à la confidération de l'heureux état où cette grace les avoit mis; & que leur dit-il à ce fujet? Il dit que, par cette grace, Dieu les a fait paffer dans le Royaume de fon Fils bien-aimé. Quel eft ce Royaume? C'est l'Eglife que J. C. s'eft acquife par fon fang. Et quel avantage y a-t-il à être par la grace de la foi dans ce Royaume tout fpirituel? C'eft qu'y étant on a droit à tous les biens qui font ses richeffes, & on peut y avoir part pour s'enrichir. Quels font ces biens du Royaume de J. C. dont tous ceux qui, étant enfans de l'Eglife, appartiennent à ce Royaume, & peuvent s'enrichir? C'eft l'augufte Sacrifice qu'on y offre, les Sacremens qu'on y adminiftre, les faintes Ecritures qu'on y lit, & les Miniftres de J. C., & particuliérement les Pafteurs que J. C. à rendu les dépofitaires de fon autorité, & les difpenfateurs de fes myfteres. Ayant le bonheur d'être dans l'Eglife & d'en faire partie, tout cela eft pour nous & à nous. C'eft pour nous que s'offre l'augufte Sacrifice de l'Eglife, qui eft celui de la fainte Meffe, dont J. C. est tout-à-lafois le Prêtre & la victime, & que les fimples fideles doivent offrir en leur maniere avec les Prêtres; & par cet augufte Sacrifice, nous fommes en état de nous bien acquitter envers Dieu de tous les devoirs de la religion, ayant foin, en y affiftant, de nous unir à J. C. qui s'y offre à Dieu fon Pere, comme une victime d'adoration qui s'abaiffe devant fon infinie grandeur, comme une victime d'expiation pour nos péchés, pour la rémiffion defquels il offre à Dieu le fang qu'il a répandu fur la croix, & la mort qu'il y a foufferte; comme une victime d'impétration ou de demande, y présentant à Dieu fes mérites pour nous obtenir les graces qui nous font néceffaires; enfin comme une victime d'actions de graces. Remercions Dieu pour nous, de toutes les graces qu'il nous a accordées en fa confidéra→ tion. Si nous avons donc foin en affiftant à la fainte Meffe, d'adorer, de prier, de remercier & de demander pardon de nos péchés, avec J. C & par J. C., par-là tous ces actes de religion qui ne mériteroient que d'être rejettés de Dieu, s'il ne voyoit que nous, & s'ils n'étoient préfentés que par nous, lui feront agréables, & en feront bien reçus, lui étant présentés par J. C. & étant comme confondus avec les fiens, 3. Etant comme Chrétiens dans l'Eglife qui eft le royaume de J. C., nous fommes à portée d'y aller puifer à ce qui eft Maie XII. appellé dans les Ecritures, les fontaines du Sauveur, (ou du falut) en nous approchant avec piété des Sacremens que J. C. a inftitués pour nous fanctifier, & qui font comme autant de canaux par lefquels il fait couler fon fang jufqu'à notre ame, en nous donnant les graces qu'il nous a méritées en le répandant. Les faintes Ecritures dont J. C. a confié le facré dépôt à fon Eglife, de laquelle nous en devons recevoir la véritable explication, font à nous comme étant fes enfans, parce qu'elles font le pain qu'elle leur préfente & leur diftribue, pour les nourrir fpirituellement. C'eft dans ces livres facrés, comme infpirés par le Saint-Efprit, qu'en les lifant avec piété nous trouverons toutes les inftructions & toutes les confolations qui nous font néceffaires, felon ce que dit S. Paul, en écrivant aux Romains: Rom. XV. Tout ce qui eft écrit, eft écrit pour notre inftruction, afin que par la patience & par la confolation que les Ecritures nous donnent, nous concevions une espérance ferme. Dans les Pafteurs de l'Eglife, nous |