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avons des Anges vifibles, que Dieu a
chargés de nous conduire dans la voie
du falut, & qu'il veut bien rendre pour
nous les inftrumens de fa miféricorde
fi nous ne regardons en eux que J. C.
dont ils font les Miniftres, & fi nous
recevons la parole fainte lorfqu'ils nous
l'annoncent, non comme la parole des
hommes, mais comme la parole de
Dieu même.

Enfin ce qui met le comble aux avantages inestimables attachés au don de la foi; c'eft ce que dit S. Paul, que Dieu en nous éclairant de fa lumiere, nous a rendus dignes d'avoir part à l'hé ritage des Saints, dont S. Pierre dit: Que dans cet héritage qui nous eft réfervé 1. Pet. 1.. dans le Ciel, rien ne peut ni fe détruire, ni fe corrompre, ni je flétrir. En effet, les biens fpirituels que je viens de dire que nous procure en cette vie le don de la foi, nous font comme des gages que Dieu nous donne, qu'il nous mettra un jour en poffeffion des biens éternels du Ciel, dont tous les infideles feront exclus pour jamais, & qui feront la récompenfe du bon ufage que les fideles auront fait du don de la foi.

Ce grand don en renfermant tant d'autres, & nous donnant droit à l'hé

ritage du Ciel, S. Paul n'avoit-il pas donc bien raifon d'exhorter ceux à qui il adreffoit fes Lettres, & qui avoient reçu depuis peu ce don, d'en louer d'en glorifier, & d'en remercier Dieu ? & l'exhortation qu'il faifoit à ces premiers fideles, n'eft-elle pas pour nous comme pour eux, quoique nous foyons nés dans un pays & de parens catholiques, puifque Dieu ne nous a fait naître dans un tel pays & de tels parens, que parce qu'il avoit réfolu de toute éternité de nous favorifer de ce grand don?

Mais quel ufage en devons-nous faire? & fi la reconnoiffance que nous en de vons avoir, eft auffi fincere qu'elle le doit être, que produira-t-elle ? Je le Rom. XV. trouve marqué dans ce que S. Paul rap*. 12. porte d'un endroit d'Ifaïe, où le faint Prophete prédit la converfion des Gentils, & où il dit ce que J. C. fera par rapport aux Gentils convertis, & ce que les Gentils feront par rapport à lui: Il s'élévera, dit Ifaïe, pour commander aux nations & pour les gouverner, & les nations efpéreront en lui. Si nous fomdonc bien reconnoiffans du don de la for, regardant J. C. comme notre Roi, puifque par elle nous fommes entrés

dans fon royaume, nous nous laifferons gouverner par lui n'agiffant que par le mouvement de fon Efprit, nous lui ferons foumis comme fes fujets. Nous obferverons la loi de fon royaume qui eft l'Evangile; nous lui payerons exac→ tement le tribut de nos adorations & de nos louanges, & nous le ferons régner fur notre cœur, par un amour de préférence qui l'en rende le maître : le regardant comme notre Sauveur, auffi-bien que comme notre Roi, nous mettrons en lui toute l'efpérance de notre falut, nous n'attendrons la juftice qui fauve, que de fa grace, nous ne demanderons cette grace qu'en fon nom & par ses mérites, & nous ferons de notre falut pour lequel il eft defcendu du Ciel & il a accompli tous fes Myfteres, notre prin cipale affaire, y rapportant toutes nos entreprises & toutes nos actions, comme J. C, y a rapporté toutes les actions de fa vie mortelle, toutes fes démarches, toutes fes inftructions, toutes fes fouffrances, & tous fes travaux.

S. Paul fentoit tellement que ce n'eft que par le bon ufage du don de la foi qu'on peut véritablement en témoigner à Dieu fa reconnoiffance, qu'il revient fouvent dans fes Epîtres adreffées à des

1, 2 & 3.

Païens nouvellement convertis à la foi fur l'obligation de répondre par la fainteté de leur vie, à la fainteté de leur vocation. Ce qu'il écrit fur cela aux Ephéliens mérite une attention finguEphef. IV. liere: Je vous conjure, dit-il, moi qui fuis dans les chaînes pour le Seigneur, de vivre d'une maniere digne de l'etat auquel vous avez été appellés : pratiquez en toutes chofes l'humilité, la douceur, la patience, vous fupportant les uns les autres avec charité; & travaillez avec foin à conferver l'unité d'un méme efprit par le lien de la paix.

Confidérons d'abord comment S. Paul s'y prend pour porter plus puiffamment les Ephéfiens à ce qu'il demande d'eux pour leur falut. Il conjure plutôt que de commander, quoiqu'il en ait l'autorité; parce que cette maniere de parler eft plus tendre & plus touchante, & par-là plus capable d'attirer & d'engager; il repréfente enfuite ce qu'il lui en a coûté pour procurer aux nouveaux fideles le don de la foi par la prédication de l'Evangile : Je fuis, dit-il, dans les chaînes. Ainfi il eft privé de fa liberté pour avoir travaillé à délivrer de l'efclavage du démon ceux qui avoient été convertis

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par fon miniftere, & qui par-là avoient acquis l'heureuse liberté des enfans de Dieu. C'eft comme s'il leur difoit : Voudriez-vous rendre inutile un don qui m'a coûté tant de travaux, & qui eft pour vous le fruit des chaînes dont vous me voyez chargé ?

4, 7.

Mais qu'eft-ce que S. Paul demande des Ephéliens par des représentations fi touchantes? Il demande qu'ils vivent d'une maniere digne de l'état auquel ils ont été appellés; c'eft-à-dire, digne du chriftianifme dont ils faifoient profeffion. Et à quoi étoient-ils appellés comme Chrétiens? A quoi fommes-nous nous-mêmes appellés en cette qualité? Dieu, dit le faint Apô- 1.Theff. tre, ne nous a pas appellés pour étre impurs, mais pour étre Saints. Et que renferme la fainteté bien entendue ? Elle renferme non-feulement la fuite & l'exemption de tout péché mortel, mais encore la pratique exacte & conftante de toutes les vertus chrétiennes, C'est pourquoi S. Paul, après avoir exhorté en général les Ephéfiens à vivre d'une maniere digne de l'état auquel ils ont été appellés, ajoute, pour entrer fur cela dans quelque détail : Pratiquez en toutes chofes l'humilité, la

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