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ils demandent fans aucun doute: Où eft celui qui eft né le Roi des Juifs.

En fecond lieu, leur foi les éleve au - deffus de ce qui paroiffoit à leurs fens, qui étoit capable de l'affoiblir, & même de l'arrêter; ils adorent comme leur Dieu, & reconnoiffent pour leur maître & leur Roi, celui qu'ils voient dans un état fi pauvre & fi foible: de même la foi fincere & véritable éleve au-deffus de toutes les répugnances de la raison, & elle fait croire fans raifonner les Myfteres les plus incompréhenfibles.

3°. La foi des Mages eft une foi accompagnée des œuvres, puifqu'elle les porte à s'acquitter envers J. C. de tous les devoirs de la religion, à lui offrir ce qu'ils ont de meilleur, en s'offrant en même-temps eux-mêmes à lui: de même la foi qui fauve, eft une foi qui agit par la charité, en faifant obferver les commandemens de Dieu; & on ne croit comme on doit croire, que quand on vit felon la foi, menant une vie conforme aux regles de l'Evangile qu'on fait profeffion de croire.

40. Les faints Peres remarquent enfin qu'en même-temps que Dieu fit paroître aux yeux des Mages, une étoile qui avoit un éclat extraordinaire, pour

les attirer à la crêche de J. C., il répandit dans leur ame une lumiere fpirituelle, & parla à leur cœur, par la voix intérieure de fa grace. A quoi tend cette remarque des faints Peres? Elle tend à nous apprendre & à nous faire connoître que la foi est un don de la miféricorde de Dieu, qui n'eft pas fait à tous, felon cette parole de S. Paul: La foi n'eft pas commune à tous : Non omnium eft fides. En remerciant Dieu de nous avoir accordé ce don, faifons-nous auffi un devoir de lui demander qu'il nous le conferve, & qu'il faffe aux infideles & aux hérétiques la même miféricorde qu'il nous a faite : & qu'il les retire des ténebres de l'infidélité ou de l'héréfie.

J. C. eft pour nous dans l'Euchariftie unDieu caché fous les foibles apparences du pain & du vin, comme dans l'étable de Bethléem il étoit pour les Mages un Dieu caché fous les foibleffes de l'enfance. Que notre foi perce les voiles euchariftiques, pour voir dans l'augufte Sacrement de nos Autels, J. C. qu'ils couvrent, comme la foi des Mages perça les voiles de l'enfance fous lefquels il étoit caché. Animés & foutenus par cette foi, allons avec autant d'ardeur

II. Theff. III. 2.

dans nos Eglifes, pour y adorer J. C., que les Mages en eurent pour l'adorer dans l'étable de Bethléem. Ils entreprirent pour cela un voyage très-long & très-pénible; & nous n'avons que très-peu de chemin à faire pour nous transporter dans nos Eglifes. Quand nous y ferons, tenons-nous profternés aux pieds de nos Autels dans le même efprit d'adoration, d'amour & de reconnoiffance dont les Mages étoient remplis au pied de la Crêche: mais c'est fur-tout quand nous approchons des faints Autels pour y communier, que ces fentimens doivent être profondément imprimés dans notre ame, & y être plus agiffans. Prenez garde, dit Hom. VII. S. Jean Chryfoftôme, de ne pas refin Matth. fembler à Hérode, qui dit aux Mages tom. 7. P. de lui faire favoir quand ils auroient

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trouvé l'enfant, afin qu'il allât auffi l'adorer en parlant de la forte il ne cherchoit pas à l'adorer, mais à le faire mourir. Il en eft de même de ceux qui participent indignement aux faints Myfteres. Illi enim fimiles funt. qui indigne Myfteriorum participes funt. 1. Cor. II. C'eft ce qui fait dire à S. Paul: Qu'ils fe rendent coupables du corps & du fang du Seigneur; parce qu'en le recevant

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avec une confcience impure, ils le traitent indignement, & renouvellent, autant qu'il eft en eux, les outrages qui lui ont été faits dans fa paffion; en forte qu'ils le feroient mourir s'ils le pouvoient. Ces indignes Communians, continue S. Jean Chryfoftôme, ont au dedans d'eux-mêmes un tyran, ennemi du regne de J. C. & plus. méchant qu'Hérode : Qui hujufmodi funt, habent infe tyrannum invidentem", regno Chrifti Herode iniquiorem. Car il veut régner fur les ames, & il envoie à la fainte Table les mauvais Chrétiens, dont il s'eft rendu le maître par le péché, fous l'apparence de gens qui vont l'adorer; mais en effet pour l'outrager & l'égorger, s'ils le pouvoient: Hic quippe imperare vult mittitque cultores fuos, qui fimulatè qui dem adorent, fed adorando jugulent. Craignons donc qu'en paroiffant aller adorer J. C. lorfque nous allons communier, nous ne faifions tout le contraire par les mauvaises difpofitions que nous apportons à la Communion: Timeamus itaque, ne fpeciem fupplicum & adoratorum habeamus, opere autem contraria exhibeamus.

Comme les Mages nous ont donné

l'exemple de la foi la plus ferme; l'état de pauvreté & d'abandon où ils trouverent J. C. ne les ayant pas em-pêché de le reconnoître & de l'adorer comme leur Dieu, ils nous ont auffi donné l'exemple de la confiance la plus vive en lui comme en leur Sauveur. En effet, s'ils n'en avoient pas attendu les plus grands biens spirituels dont Dieu leur avoit inspiré l'amour & le défir, feroient-ils venus de fi loin le chercher? & auroientils été transportés d'une fi grande joie lorfque l'étoile qu'ils avoient vue en Orient, & qui avoit difparu pour un temps, reparut de nouveau & alla devant eux pour leur fervir de guide, jufqu'à ce qu'étant arrivée fur le lieu où étoit l'enfant elle s'y arrêta? Une fi grande joie peut-elle avoir un autre principe que la vive espérance que la grace avoit formée en eux, qu'allant à J. C. comme à la fource des graces, ils en reviendroient tout remplis de fes dons? Cette fource où les Mages ont été puifer avec tant d'empreffement & de confiance, n'eft-elle pas toujours ouverte pour nous ? J. C. nous Matt. 11. dit tous les jours dans fon Evangile : 28. Venez à moi, vous tous qui étes dans la

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