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pensée de S. Auguftin, comme douze flambeaux allumés qui allerent embrafer toute la forêt de ce monde, portant par-tout avec eux la lumiere de la vérité & le feu de la charité laquelle ceux qui crurent à leurs paroles, furent changés en des hommes tout nouveaux, devenant tout spirituels, s. Aug. de charnels qu'ils étoient: Quafi ligna enart.IV.in igne divino totam filvam mundi accenfam fervore Spiritús & lumine veritatis impleverunt.

Pf. XXX.

n°. 9.

Ces deux grands événemens, l'un de la réprobation des Juifs, & l'autre de la vocation des Gentils à la foi avoient été prédits par les Prophetes long-temps avant qu'ils arrivaffent, & plufieurs de ces prophéties qui font en grand nombre dans l'ancien Teftament font rappellées dans le nouveau par Jefus-Chrift & par fes Apôtres. Ce qui fait l'objet de cette fête & qui y occupe l'Eglife, nous montre un commencement de l'accompliffement de ces deux fortes de prophéties. Les Mages (qui étoient Gentils) font appellés à la crêche de J. C. par une étoile extraordinaire qui leur apparoît, & plus encore par une lumiere & une grace intérieure dont

Cette étoile n'étoit que la figure, & qui agissant sur leur efprit & fur leur cœur, les porta-à quitter leur pays pour venir adorer J. C. à Bethleem. Voilà le commencement de l'accompliffement des prophéties fur la vocation des Gentils à la foi; voilà comme le premier coup d'effai de la miféricorde générale que Dieu avoit réfolu de leur faire, & comme la premiere ébauche de ce grand ouvrage.

Les Mages étant arrivés à Jerufalem, demanderent où étoit le Roi des Juifs qui venoit de naître: car, ajouterent-ils, nous avons vu fon étoile en Orient, & nous fommes venus l'adorer. A cette nouvelle, le Roi Hérode fut troublé, & toute la Ville de Jerufalem avec lui; & ayant affemblé les Princes des Prêtres, c'eft-à-dire, le Grand Prêtre & les chefs des familles Sacerdotales, & les docteurs du peuple, il leur demanda où le Chrift devoit naître, & ils lui répondirent à Bethleem de Juda. Mais ces princes des Prêtres & ces docteurs du peuple en demeurerent là, & ils ne fe mirent point en peine de fuivre les Mages pour voir par eux-mêmes fi en effet cet

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oracle des Prophetes qu'ils venoient ́de citer n'étoit point accompli : ils demeurerent donc dans la plus étonnante & la plus criminelle indifférence fur cet événement fi intéreffant qui tenoit alors tous les efprits en fufpens; par ce qu'on fentoit que le temps de l'avénement du Meffie marqué par les Prophetes étoit arrivé, comme il paroît par ce que les deux difciples envoyés par S. Jean-Baptifte, alors en prifon, vinrent dire à J. C. de fa part: Etes-vous celui qui doit. venir, c'est-à-dire, êtes-vous le Meffie. que nous attendons, ou devons-nous en attendre un autre? N'eft-ce pas là vifiblement le commencement de l'accompliffement des prophéties fur la réprobation des Juifs.

En nous occupant de ces deux grands événemens que devons-nous y confidérer? S. Paul écrit aux Romains, Rom. XI. qu'il faut y confidérer la bonté & la févérité de Dieu. Sa févérité envers les Juifs réprouvés, & fa bonté envers les Gentils qui leur ont été fubftitués. Je me borne à confidérer aujourd'hui la bonté de Dieu envers les Gentils, qui n'étant point fon peuple ont été

faits fon peuple, & qui n'ayant point reçu miféricorde font devenus l'objet de fa miféricorde.

Mais à quoi doit nous conduire cette confidération de la bonté toute gratuite de Dieu, qui des Gentils qui ne le connoiffoient point, en a fait fon peuple? Comme nous fommes Gentils par notre origine, & qu'ainfi nous étions, pour ainfi dire, renfermés dans les Mages comme dans les prémices des Gentils, nous devons chacun prendre pour nous ce que S. Paul écrit aux Romains, pour leur marquer les différens fentimens de piété dans lefquels les Gentils doivent entrer à la vue de leur vocation à la foi. Lifons fur cela avec attention les verfets 10, 11 & 12 du Chapitre 15 de cette Epître aux Romains: nous y verrons nos principaux devoirs par rap port au don de la foi dont nous avons été favorifés. Les Gentils, dit ce faint Apôtre, doivent glorifier Dieu de la mifericorde qu'il leur a faite, felon qu'il eft écrit: C'est pour cette raison, Seigneur, que je publierai vos louanges parmi les Nations, & que je chanterai des cantiques à la gloire de votre nom. Il est encore écrit: Nations, rejouiffe

vous avec fon peuple; & ailleurs: Nations, louez toutes le Seigneur; peuples, glorifiez-le tous. Ifaïe dit auffi: De la tige de Jeffé, s'élèvera celui qui doit commander aux Nations, & les Nations efpéreront en lui. Jeffé a été le pere du Roi David, & le rejetton de Jeffé dont parle Ifaïe, eft J. C. qui a été, felon fa naiffance temporelle, un des defcendans de David?

En réfléchiffant tant-foit-peu fur ce que S. Paul dit ici aux Romains, & fur les endroits de l'ancien Teftament qu'il cite, il fera aifé d'appercevoir que la vocation des Gentils à la foi exige d'eux trois principaux fentimens ou par conféquent nous devons entrer, faifant partie de ces Gentils, & de ces nations à qui le don de la foi a été accordé.

La premiere de ces difpofitions, c'eft de nous réjouir en Dieu de ce don qui a été le principe & la racine de toutes les autres graces que nous avons reçues Réjouiffez-vous, nations. La feconde difpofition, c'eft d'en glorifier, d'en louer & d'en remercier Dieu. Les nations, dit S. Paul, doivent glorifier Dieu de la mifericorde qui leur a été faite, Nations, louez toutes le Sei

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