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16.

à prétendre à la récompenfe du Cief, Matt. VI. dit d'eux: Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompenfe. Quel aveuglement & quel malheur de préférer une récompense fi légere, & une gloire fi courte à la gloire & à la récompense éternelle du Ciel!

Nous voyons dans notre Evangile que la fainte Vierge & S. Jofeph alloient exactement au Temple de Jerufalem pour y célébrer les fêtes ordonnées dans l'ancienne Loi, & qu'ils y menerent l'enfant Jefus lorfqu'ils eut atteint l'âge de douze ans. C'eft auffi le caractere d'une famille vraiment chrétienne qu'on y connoît & qu'on y pratique les devoirs de la religion, qu'on y refpecte fes Loix, qu'on eft fidele a les obferver, & que quels que puiffent être les foins & les embarras dont on eft chargé, on fait trouver du temps pour les exercices de piété, pour lire la parole de Dieu, pour fréquenter les Sacremens; en un mot, pour s'occuper de fon falut comme de fa plus importante affaire : & comme les Dimanches & les Fêtes font particuliérement destinés à s'occuper ainfi de l'affaire de fon falut, & aux exercices de piété; dans une famille chrétienne

J

on n'a garde de s'y permettre des travaux temporels qui ne foient pas abfolument & indispensablement néceffaires. On s'y permet encore moins des plaifirs, & une diffipation qui seroient un obftacle à la fanctification de ces faints jours. Hélas, qu'on la connoît peu aujourd'hui cette fanctification des jours particuliérement confacrés à Dieu! qu'on eft peu touché de l'obligation de nourrir en foi la piété par de faints exercices qui rappellent à Dieu, & portent dans l'ame l'onction du Saint-Efprit! On eft tout livré à fes affaires ou à fes plaifirs, & on ne trouve de temps que pour cela. Eft-il étonnant que l'affaire du falut, fi difficile en elle-même, qui eft traversée par tant d'ennemis & qui pour cela demande tant de vigilance, d'attention & d'efforts, aille fi mal pour une infinité de Chrétiens qui y penfent fi peu, & ne veulent rien ou prefque rien faire pour en affurer le fuccès? Et que peuvent devenir après la mort des Chrétiens qui pendant leur vie ne fe font rien amaffé pour l'autre, & vont paroître devant Dieu dépour vus de vertus & de bonnes œuvres, & chargés de péchés?

Mais ne nous bornons pas à confi dérer feulement la régularité extérieure de J. C., de la fainte Vierge & de S. Jofeph, aux devoirs & aux exercices de la Religion. Allons jufqu'à leur cœur, & confidérons - y les difpofitions intérieures avec lefquelles ils s'acquittoient de ces devoirs de Religion; › afin d'apprendre de leur exemple à ne nous pas contenter de rendre à Dieu un culte extérieur, mais d'être de ces adorateurs en efprit & en vérité qu'il demande, & qu'il avoit dans J. C. dans la fainte Vierge & dans S. Jofeph. En effet, quand ils étoient dans le Temple, quel refpect pour cette fainte maifon, quelle attention aux lectures qu'on

y faifoit des Livres faints? Notre Evangile nous repréfente J. C. affis au milieu des Docteurs, les écoutant & les interrogeant. Quelle ferveur dans leurs prieres! quel profond abaiffement devant la fuprême majefté de Dieu, & avec quelle plénitude de coeur s'offroient-ils à lui en offrant les facrifices ordonnés par la Loi? Quand nous rempliffons extérieurement les devoirs de la Religion, avons-nous quelque chofe de cette piété intérieure de J. C., de

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la fainte Vierge & de S. Jofeph? Eft-ce l'efprit de piété qui nous conduit dans nos faints Temples? N'eft-ce pas plutôt l'habitude de la routine, ou la bienféance? Nous y voit-on dans le recueillement que produit infailliblement le fentiment de la préfence & de la grandeur de Dieu? Ecoutonsnous avec attention fa parole, lorfqu'elle eft annoncée par fes Miniftres? Y prions-nous de cœur encore plus que de bouche, par les faints défirs dont notre cœur eft rempli? Si l'on venoit & fe conduifoit ainfi dans nos faints Temples, la plupart des Chrétiens en fortiroient ils auffi vuides & auffi dépourvus de graces qu'ils y font entrés, & même plus chargés de péchés que quand ils y font venus, à caufe des irrévérences qu'ils y ont commifes?

Enfin nia derniere réflexion fur la famille dont je viens de vous entretenir, c'est que n'y en ayant jamais eu qui ait été fi fainte & fi agréable à Dieu, cependant c'eft une famille que le monde a perfécutée, puifqu'au rapport de l'Evangile, J. C., la fainte Vierge & S. Jofeph ont été obligés 13. de fuir en Egypte, pour éviter la co

Matt. II.

II. Tim. lere d'Hérode. C'eft que,

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comme le dit S. Paul: Tous ceux qui veulent vivre avec piété en J. C. auront toujours quelque perfécution à fouffrir. En effet, ne le voit-on pas tous les jours, que s'il a dans une paroiffe quelques familles chrétiennes, elles y font plus que les autres expofées aux railleries, aux mépris, aux contradictions, au lieu qu'el les devroient y être les plus honorées & les plus refpectées, parce qu'elles font l'objet de la complaifance & de l'amour de Dieu; & que fouvent ce font ces perfonnes ainfi raillées, méprifées, contredites à caufe de leur piété qui détournent par la fainteté de leur vie qui les rend agréables à Dieu, & par leurs prieres, de deffus les paroiffes, les fléaux & les malheurs que les péchés qui s'y commettent, font capables d'attirer fur elles?

Pourquoi quand on a de la piété devient-on ordinairement un objet de mépris & de contradiction pour ceux qui n'en ont pas ? C'eft que ceux qui n'ont pas de piété, ne peuvent fouffrir patiemment de voir leur vie peu chrétienne, condamnée par ceux qui vivent plus chrétiennement qu'eux. C'est ce qui portoit J. C. à dire à fes

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