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Charte Normande, & Lettres à ce contraires; CAR TEL EST NÔTRE PLAISIR. DONNE à Versailles le vingt-huitiéme jour de May, l'an de Grace mil fept cens deux, & de nôtre Régne le foixantiéme. Par le Roy en fon Confeil, LE.COMTE. Et fcellé.

Registré fur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs, conformément aux Réglemens. A Paris de 28 fuillet 1703. Signé, P. TRABOUILLET Syndic.

Achevé d'imprimer pour la premiere fois Ce 10 de Novembre 1703.

·Les Exemplaires ont été fournis.

Ledit Pere LANGLOIS a cedé fon Privilége au Sr NICOLAS LE BOUCHER Marchand Libraire à Rouen, fuivant l'a cord fait entr'eux.

HISTOIRE

HISTOIRE

DES

CROISADES

CONTRE

LES ALBIGEOIS.

LIVRE PREMIER.

ER s le commencement du treiziéme Siecle de l'Eglife, fous le Pontificat d'Innocent III. & fous le Regne de Philippe- Augufte, l'herefie des Albigeois devint fi puiffante dans le Languedoc & dans les Provinces voifines, que les Catholiques ne virent plus d'autre remede efficace à lui opofer que celui d'une Croisade.

A

Pierre

de Vau

cernay,

IIO 6.

Les Religieux de Cifteaux formerent le projet de cette fainte Ligue ; Philippe-Augufte en follicita l'execution auprés du S. Siege; & le Pape, en qualité de Pere commun des Fidelles, leva le premier l'étendart de la Croix.

Les Albigeois étoient de vrais Manichéens. Ils admettoient deux Dieux; l'un bon, & l'autre méchant. Pierre de Bruys Provençal, efprit inquiet & vifionnaire, paffe pour Hift. des avoir été le premier qui porta une erAlb.c.2. reur fi monftrueufe dans le Languedoc. Il ne fembloit combattre que le Baptême des enfans, le Sacrement de l'Euchariftie, la Priere pour les Morts, & le culte des Images: On 1126. vid neanmoins dans la fuite que fes difciples reconnoiffoient deux Dieux. Le plus confiderable de seş Partisans fut le Moine Henry, herefiarque d'autant plus dangereux, que fes manieres étoient plus infinuantes que celles de fon Maître. Il étoit né avec les qualitez qui font un honnête homme: mais la folitude, qui fanctifie tant de perfonnes, lui gâta l'efprit; S. Bern. & les vices, par où les naturels les Lettres. plus heureux commencent à fe cor

rompre, acheverent de le dégoûter de fon état. En quittant l'habit de fon Ordre il conferva une modeftie charmante: fes defordres éclatoient rarement; il ne parloit de fes erreurs qu'avec des précautions qui lui laiffoient toujours quelque défaite. Ce qu'il y avoit de plus fingulier toutefois, c'eft que quoi qu'on fût prévenu contre lui, il falloit fe faire violence pour le croire méchant ou dangereux dés qu'on venoit à le pratiquer.

La legereté avec laquelle il étoit 113 3forti de fon Monaftere ne lui permit pas d'abord de dogmatifer dans fon païs. Il parcourut pendant neuf ou dix ans plufieurs Provinces differentes, & il y acquit la reputation de Prédicateur d'un merite extraordinaire. Il demeuroit plus ou moins dans chaque endroit felon les difpositions qu'il trouvoit pour établir fes 1136* nouveautez, ou pour couvrir fes débauches. Enfin le fuccez qu'il avoit eu prefque par tout lui perfuada qu'il pouvoit impunément retourner dans le Languedoc; ily revint pour reparer, difoit-il, le fcandale qu'il avoit eu le malheur d'y donner.

La vie nouvelle qu'il mena parut

1140

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