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de invifible: à moins toutefois que quelqu'une de ces ames n'ait été Albigeoife fur la terre; car en ce cas-là au fortir du premier corps, heureusement delivrée des liens de la matiere & de l'union qu'elle avoit avec les parties de la fubftance du Dieu méchant , qui font la concupifcence, la corruption & les vices, elle entre dans un autre monde qu'on ne voit point d'ici bas, & elle fe réunit à la fubftance du Dieu bon..

Les Catholiques furent faifis d'horreur dès qu'ils foupçonnerent qu'au milieu de leurs Eglifes il y avoit des perfonnes infectées de ces abominables erreurs : ils n'étoient pas encore pleinement convaincus qu'il y en eut un grand nombre, à caufe du profond filence que les Albigeois recommandoient à leurs difciples: mais comme il eft bien difficile que le fecret fe garde long-tems parmi tant de gens, il y avoit des indifcrets qui laiffoient entrevoir quelque chofe, & l'on ne parla plus que de leur fecte.. Le foupçon tomba pour ainfi dire fur tout le monde, parce que l'on ne connoiffoit point ceux qui étoient effectivement heretiques.

1163.

Actes

cile.

De là vint que le faint Pape Alexandre III. qui avoit été obligé de fe

du Con- refugier en France, l'azyle affuré des Papes perfecutez, & tres-neceffaire alors, parce que Frederic ennemi perfonnel d'Alexandre étoit plus en état que jamais de foûtenir l'Antipape Victor; de là vint, dis-je qu'Alexandre convoqua un Concile dans l'Eglife de S. Gatien de Tours, où dix-fept Cardinaux, fix vingt Evelques & plus de quatre cens Abbez, après avoir excommunié d'un confentement unanime l'Antipape, avec. l'aplaudiffement des Rois de France & d'Angleterre, porterent un Decret qui feul fuffit pour nous faire connoître quelle idée les Prelats du Languedoc & de la Gascogne avoient donné des Albigeois.

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,, Il y a quelque tems, dit le Conciles qu'une herefie deteftable, qui a pris fon origine dans Touloufe gagne les Villes voifines, & infecte un grand nombre de Fideles : elle fe cache com-,, me un ferpent qui fe replie fur foimefme ; & plus il y a d'artifice dans la maniere dont elle fe répand, plus elle impofe aux fimples. Nous ordonnons aux Evefques & aux Preftres du

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Seigneur qui font dans ces Provin- « ces d'y veiller comme ils doivent, & " nous deffendons fous peine d'excom- " munication de donner retraite ni fe- "o cours à ceux qu'on fçaura foûtenir << cette hêrefie, afin que la privation " des avantages de la focieté civile les « force à quitter l'erreur. Si quelqu'un " ofe contrevenir à vos ordres, qu'on " l'excommunie; que les Princes Ca- " tholiques faffent emprifonner les he- " retiques, & confifquent leurs biens; "< qu'on faffe une recherche exacte des " lieux où ils tiennent leurs Affem- " blées, & qu'on les empesche de s'y attrouper.

Le Decret du Concile étoit le plus fort que les Peres puffent porter: mais il eft un tems où les remedes ordinaires n'ont plus d'effet. Les Here tiques fentirent leurs forces, & de jour à autre ils craignirent moins. Au contraire les Ecclefiaftiques voyoient à l'œil croître le nombre des Novateurs, & les redoutoient de plus en plus. La mauvaise intelligence qui continuoit entre le Comte de Toulouse & le Roy d'Angleterre occupa ces Princes de toute autre chofe que des interefts de la Religion,

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& les Evefques obligez de prendre parti dans les differens qui partageoient les Princes leurs Maîtres, ne purent concetter entr'eux ni chercher les moyens de combattre l'herefie. Il n'y eut nul changement dans cette fituation des chofes, jufqu'à ce que Catel. Raymond aimant mieux avoir un peur 1173. moins de gloire & un peu plus de repos, voulut fe delivrer de l'inquietude que les pretentions du Roy d'Angleterre fur la Comté de Toulouse lui caufoient. Il acheta les bonnes graces de Henry par l'hommage qu'il lui fit à Limoges de fes Etats: par là le Languedoc devint tranquile, & les Evefques furent un peu plus en état d'agir contre les ennemis de l'Eglife.

1174.

Hove

den, Actes

du Concile de

Lombez, petite Ville fur la Save, étoit l'endroit où les Albigeois s'ob fervoient le moins le foldat de la Garnifon admiroit les nouveaux dogLombez mes, fur tout quand on lui difoit que 1176. les richeffes font l'ouvrage du diable, & qu'on peut s'en faifir quelque part qu'on les trouve ; que le falut eft facile aux gens de guerre, & qu'ils ne font pas obligez de fe confeffer quand ils ont été bleffez à mort. Olivier, chef des Heretiques étoit refpecté

comme un homme extraordinaire. Il poffedoit les plus fecrets myfteres de fa fecte: il avoit medité la maniere de les deffendre: il fe flâtoit de les foûtenir contre les plus habiles Catholiques : il avoit un talent particulier pour déclamer contre le Clergé, & fur tout un rare fecret de diffimuler & de.ne dire que ce qu'il vouloit.

Ce fut à lui & à fes difciples que les Prelats orthodoxes crurent d'abord devoir s'attaquer. Le fleau des Albigeois de fon tems, Gerard Evef que d'Alby, qui avoit inutilement tenté les autres voyes d'accommodement, fit propofer au Docteur de Lombez une conference, où les deux partis, celui des Catholiques & celui des Albigeois raporteroient les raifons qui les divifoient, & foûmettroient tout à la decifion des Juges dont on conviendroit de part & d'autre. Olivier crut fes raifons invincibles, & il accepta le défi. Les Juges nommez furent Gerard Evefque d'Alby, Arnauld de Bé, l'Abbé de Caftres, l'Abbé d'Ardorel, & l'Abbé de Candeil. Olivier parla pour les nouvelles opinions, l'Archevefque de Narbonne, l'Evefque de Nifmes,

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