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fut paffé au fil de l'épée, ou affommez à coups de leviers, à la réserve de quelques femmes & de quelques. enfans, dont Foulques Evefque de Touloufe demanda la vie. C'eft pendant ce Siege que les Albigeois apelant le faint Evefque l'Evefque des diables, Foulques toûjours agréable dans fes reparties, leur répondit qu'ils avoient raifon, puis qu'il étoit leur Evefque.

La Campagne fuivante fut encore. plus glorieufe; car quoi que Beaujeu eût reçu plus d'une difgrace, & devant le Château Sarrazin, que Raymond prit à la vûë de l'Armée Françoife, & devant Varilles, où les Catholiques perdirent Guy de Montfort Comte de Caftres; cependant on réduifit enfin Touloufe.

Ce ne fut point en battant les murailles de cette Ville que Beaujeu s'en rendit maître, il fe fouvenoit trop que ceux qui avoient tenté de le faire de la forte, Henry II. Roy d'Angleterre, le Comte de Montfort, & Louis VIII. avoient échoué autant de fois qu'ils l'avoient entrepris Beaujeu vint aux environs de Touloufe vers la Saint Jean, & pendant

1228.

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F228.

Alb.

pes

trois mois entiers il y ocupa fes Trouà brûler les bleds, à ́arracher les vignes, à couper les hayes & les arbres, à abbatre les maifons, à ruiner les chemins, à faire un affreux defert d'un des plus beaux Païs du monde : Une defolation fi generale mit les rebelles hors d'état d'avoir des vivres, & Toulouse ouvrit fes Portes.

il

L'infortuné Raymond, pour fauG. de P. ver fes Etats & fa Tête, fut obligé de figner à Paris un Traité, dans lequel promettoit au jeune Roy de détruire de bonne foy l'herefie dans la Comté de Touloufe; d'établir des Magiftrats, dont la Religion n'auroit jamais été fufpecte; de rendre aux Eglifes tout ce qu'elles poffedoient avant le commencement de la Guerre ; de donner deux mille marcs d'argent pour réparer les édifices des Monafte res, fix mille pour fortifier le Château Narbonnois, où le Roy pouroit tenir Garnifon pendant l'efpace de dix années, & quatre mille pour fonder une Univerfité dans Toulouse: il s'obligea de plus à fervir cinq ans dans la Palestine, & à donner fa fille unique en Mariage à un des freres du Roy, avec cette claufe ; que la Comté

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de Toulouse pafferoit aux enfans qui fortiroient de ce Mariage; & que fi fa fille n'avoit point d'enfans, la Comté feroit réunie au Domaine. Il s'engageoit encore à rétablir les ferviteurs & les amis de la Maifon de Montfort dans tous leurs biens; à ceder les Villes de Provence qu'il avoit en deçà le Rhône à la France, & celles qu'il poffedoit au delà du Rhône au S. Siege; il promettoit d'abattre les murailles, & de combler les foffez de Toulouse & de trente autres Villes de la Comté; qu'il recevroit Garnifon Françoife dans Lavaur, Montegu, Pene d'Agenois, Villamur, Verdun ; enfin il confentoit que le Roy fit démanteler ces Places s'il le jugeoit à propos.

Le mefme jour, qui étoit le Jeudy Saint, Raymond donna dans Paris un fpectacle, que fon pere avoit autrefois donné à S. Gilles. Je veux dire, que pour recevoir l'abfolution des Cenfures qui le retranchoient de la communion des Fidelles, il parut nuds pieds & en chemile à la porte de la Cathedrale, d'où il fut conduit à coups de verges jufqu'à l'Autel, où le Legat lui donna l'abfolution à la

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vue d'une multitude incroyable de Peuple, qui admiroit la viciffitude des chofes humaines dans ce Seigneur réduit à un état fi humiliant, & qui quelques années auparavant avoir reconquis tant de Provinces fait échouer les deffeins du grand Montfort, donné de la crainte à Philipe Augufte, obligé Louis VIII. de lever le Siege de Toulouse chaffé Amaury de Montfort du Languedoc.

que

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&

Raymond en fortant de l'Eglife fut conduit dans, les Prifons du Louoù il refta jufqu'à ce qu'on eût reçu nouvelle que Jeanne fa fille uniavoit été remife entre les mains des Officiers du Roy, & que les murailles de Touloufe avoient été renverfées. Aprés quoi, comme il n'étoit plus à craindre, le Roy lui rendit la liberté, le fit Chevalier, le gra tifia de quelques Terres du Comte de Foix, & lui permit à la Pentecofte de 11229. retourner à Touloufe, Les Touloufains changerent à proportion comme avoit fait leur Comte, & fe reconcilierent fincerement avec l'Eglife: le Comte de Foix fut le dernier à implorer la clemence du Roy, mais en

fin

fin il l'implora comme les autres, & le Languedoc entier changea de face.

Le Legat, & les Archevefques d'Auch, de Narbonne & de Bordeaux, s'affemblerent avec leurs Suffragans à Toulouse, & ils furent les maîtres de faire tels Réglemens qu'ils voulurent. On rafa les Maisons où l'on avoit fait-l'exercice de la Religion Albigeoife; on priva de leurs Charges les Magiftrats négligens à découvrir les heretiques. Les nouveaux convertis furent obligez de demeurer dans les Villes où le nombre des Orthodoxes étoit fuperieur, on les obligea auffi de porter deux Croix de couleur differente de celle de leur habit; l'une à l'épaule gauche, & l'autre à la droite. Ceux dont la converfion paroiffoit fufpecte, étoient contraints à faire leur fejour dans des Places de Guerre, où la Garnison pût répondre de leurs perfonnes. On fit deux autres Decrets fort importans: Le premier, pour l'érection de la Charge d'un Maréchal de la Foy, qui auroit droit de prendre les Armes pour courir fus aux heretiques qui oferoient remuer; on fit cette Charge hereditaire en faveur de Levy, & ce T

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