Imágenes de páginas
PDF
EPUB

le fiftème de Dodard, & fecoué le joug des vieilles erreurs. C'eft avoir fait un pas vers la Vérité, que de fçavoir qu'elle n'eft point où l'on avoit cru qu'elle étoit.

Si l'on fait une analife exacte des lévres de la glotte; fi on les dépouille des parties qui les environnent, & qu'après on porte un œil curieux fur elles, on remarquera qu'elles font une efpéce de rubans larges d'une ligne, arrêtés par les deux bouts, tendus horifontalement, fufceptibles de plufieurs dégrés de tenfion & de différentes vibrations, & féparés l'un de l'autre par l'intervalle de la glotte, de forte que l'air ne fçauroit fortir fans déployer contre eux fon action.

Si l'on prend un larinx détaché du corps d'un homme ou d'un animal; fi l'on rétrécit médiocrement l'ouverture de la glotte, fi on la conferve dans cet état fans en changer le calibre, & qu'on pouffe l'air avec affez de force dans la trachée-artère, on s'apperçoit que ces rubans font agités des mêmes tremblemens que les cordes d'un inftrument de mufique, & l'on entend le fon de la voix qui com

mence & finit avec les vibrations, & devient plus fort ou plus foible fuivant l'étendue de ces mêmes vibrations toujours fenfibles à la vie.

par

La nature vient de rendre fon dernier oracle. La voix ne vient donc pas de l'impétuofité de l'air lancé l'ouverture de la glotte: ce n'eft point auffi dans cette derniere qu'on doit en chercher le principal organe ; mais dans les lévres qui la terminent à droit & à gauche, & que nous appellerons déformais indifféremment rubans fonores ou cordes vocales.

Une découverte ne fe présente jamais feule tous les pas qu'on feroit dans un monde nouveau offriroient des nouveautés : c'eft pourquoi M. Ferrein a pouffé plus loin fes découvertes, & a donné un ingénieux développement à fon fyftême avec le fecours de l'analogie. Je parlerai d'après les remarques de ce profond obfervateur.

Il y a bien des rapports entre les rubans fonores & les cordes ifocrones du Clavecin ; la glotte en eft l'intervalle le vent qui vient frapper les lévres de la glotte tient lieu des plu

mes qui pincent les cordes du Clavecin: la colonne d'air qui pouffe celui qui précéde dans la glotte, peut être confidérée comme le Sautereau qui fait monter la languete : l'action de la poitrine & du poumon fupplée les doigts & les touches qui font monter le Sautereau.

Comme tous les êtres, foit créés, foit inventés, font liés entr'eux par des nœuds fecrets, qu'il eft réservé aux génies fublimes d'appercevoir, & qui échappent au Vulgaire,fi-tôt qu'on verra des rapports d'un objet à un autre, on en verra bien-tôt de ce premier à un troifieme, & puis à un quatrieme &c. La comparaifon de l'inAtrument de la voix avec le Clavecin, a vraisemblablement donné lieu à la comparaifon de ce premier avec la Viole ou le Violon.

Les lévres de la glotte font propres à être vibrées & à rendre des fons ainfi que les cordes du Violon : l'air eft comme l'archet, & les poumons font la fonction de la main qui le remue. Je vais pouffer plus loin une comparaifon que M. Ferrein femble n'avoir voulu qu'indiquer.

Comme les divers mouvemens des chevilles produifent différens dégrés de tenfion ou de relâchement dans les cordes du Violon, de même les divers mouvemens des muscles où font attachés les rubans fonores opérent des changemens dans leur tenfion & dans leur relâchement : comme la force ou la foibleffe de l'action de l'archet décide la force ou la foibleffe des fons du premier inftrument, de même la force ou la foibleffe de l'expiration décide l'énergie ou la foibleffe des fons du fecond : comme la durée de l'action de l'archet décide le caractère des fons du premier, ( je veux dire leur expreffion particuliere,) de même la durée de Pexpiration décide le caractère des fons du fecond. Il feroit à fouhaiter que MM. Mondonville, Cupis, ou Gavigné, à qui le talent a révélé tous les fecrets de la fimphonie du Violon donnaffent à ces idées tous les développemens poffibles. Pour moi je vais ofer le premier analifer la génération de tous les fons de la voix. Je me croirai trop récompenfé de mes veilles, fi je réuffis à répan

dre des jours fur une région enveloppée de ténébres, & où aucun guide ne m'a précédé. Quand même le fyftême que j'embraffe feroit faux, (ce qui n'est pas vraisemblable, vu qu'il faudroit pour cela que les Commiffaires nommés par l'Académie pour juger de la vérité des expériences de MFerrein, euffent manqué d'attention, de bonne foi,ou de lumieres,) quand, dis-je, ce fyftême feroit faux, la Théorie que je vais donner des fons de la voix ne feroit pas moins exacte il n'y auroit dans ce cas qu'à dire du rétréciffement ou de l'élargiffement de la glotte, ce que je dirai de la tenfion où du relâchement des cordes vocales.

:

[ocr errors]

CHAPITRE IV.

Génération des Sons primitifs, leur liaifon & la fource des différentes fortes de voix.

LES OBSERVATIONS apprennent que le larinx monte tout entier pour les

« AnteriorContinuar »